Boulevard Carnot – Paris 12e. Ce n’est un secret pour personne, des séances de piscine naturiste existent à Paris depuis plus de soixante-ans. Dès vingt et une heures, c’est un groupe d’amateurs qui se presse aux portes du centre aquatique Roger Le Gall, pour barboter librement dans le plus simple appareil.
Et plus on est de fous, plus on rit. Nous avons donc emmené dans nos aventures Hélène, jeune étudiante ouverte d’esprit, histoire de tester les limites de sa pudeur. En nous faisant passer pour un couple de provinciaux, nous avons droit à beaucoup d’égard, ainsi qu’à un ticket gratuit pour l’univers de la piscine « gymnosophique », nom savant du naturisme. Plongée en eaux troubles…
Baywatch
Les hommes qui attendent à l’entrée semblent intrigués par la présence d’une jeune fille, élément très rare dans cet univers presque exclusivement masculin. Cependant, elle est très bien acceptée par le guichetier qui lui donne de nombreuses recommandations et même un bonnet gratuit.
Dans les vestiaires mixtes, pas de chichis. Tout le monde doit se déshabiller devant son voisin, et Hélène joue le jeu avec un enthousiasme qui me surprend. Moi-même, je n’ai aucun problème pour m’afficher en tenue d’Adam, au contraire. Dans la piscine, une cinquantaine d’hommes nus se partagent le bassin pendant que mon accompagnatrice enchaîne les longueurs.
Un bref coup d’œil nous renseigne sur la diversité des membres du club : des retraités ventripotents, de jeunes hommes maigres et efflanqués, une femme quinquagénaire et des étudiants. On compte quelques hommes à l’allure sportive mais attention, on est tout de même loin d’Alerte à Malibu. Thibault, un jeune habitué, regrette, lui, le « manque de diversité » :
« Je viens assez régulièrement depuis un an. Et j’aimerais voir plus de familles (NDLR : le club naturiste est également ouvert aux mineurs) mais également plus de membres du sexe opposé. »
Gay club
Quant à savoir si l’endroit est propice aux rencontres homosexuelles, c’est la salle de musculation du premier étage qui nous renseignera. Si le site internet de la piscine précise que « le naturisme n’est en aucun cas une forme de libertinage », on pourra trouver équivoques les quelques œillades à mon encontre, pendant qu’Hélène se meut, seule, sur son tapis de course comme un hamster dans une cage roulante.
C’est où ? Envie de tenter l’expérience ?
La piscine Roger Le Gall se situe pas loin du métro Porte de Vincennes, au 34 Boulevard Carnot. Pour votre première visite, remplissez un formulaire sur le site de l’Association des naturistes de Paris. C’est gratuit la 1ère fois, sinon c’est 9 euros. Venez tous les lundi soirs à partir de 21h15.
Les plus : le personnel est très sympa, et… on fait l’économie d’un maillot de bain.
La piscine Roger Le Gall, un repaire gay ? On touche un point sensible, les femmes sont sous-représentées dans ce milieu de gens évoluant nus et c’est un tort pour les gens qui, comme Thibault, seraient plus attirés par les courbes d’Hélène que par mes bijoux de famille. En attendant, on me glisse des compliments sur mes pectoraux et certains hommes me donnent des conseils pour le maniement des haltères :
« Quand c’est trop gros, faut pas forcer, tu comprends ? »
Oui, on saisit le message dans toute sa subtilité.
Tue l’amour
Pour finir de démythifier ce qui n’est qu’un secret de polichinelle, on demande son avis à Quentin, jeune homosexuel habitué des lieux :
« Bien sûr, c’est officieux, la communauté gay est effectivement représentée. Tout le monde n’est pas homo, mais si tu es mignon, tu seras peut être sollicité, même très discrètement. »
Pourtant, on reste très éloigné de quelconques backrooms. Mais on peut reconnaître des signes distinctifs : les messieurs qui aiment les messieurs ont souvent le sexe épilé. On le saura pour la prochaine fois. Quentin précise :
« Tout le monde n’est pas là pour la drague. Il y a des retraités hétéros, des sortes de vétérans du naturisme qui se foutent bien de l’homosexualité, mais les relations restent cordiales. »
D’autant que les amateurs du beau sexe ne manquent pas, comme en témoignent les regards qui convergent sur Hélène. Elle nous donnera ensuite ses impressions :
« C’est assez curieux pour une fille d’évoluer au milieu de ces mâles mais on se sent très vite à l’aise. Pas trop de regards pervers, j’en suis presque déçue. Par cinquante hommes nus d’un coup, ça enlève pas mal d’érotisme. »
Homo ou hétéro, les habitués de la piscine Roger Le Gall le savent bien : nous sommes tous fait pareil et rien ne vaut la caresse de l’eau sur nos parties intimes.
Notre journaliste, en pleine immersion…
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