En ce moment

    20/08/2010

    Il voue un culte à NoFX mais il y a aussi du Roland Magdane chez cet homme

    Boogers: « j'aimerais faire du canoë sur la Seine, alors je vais demander à Bertrand deux canoës »

    Par Robin D'Angelo

    Influencé par Eagles Of Death Metal et NoFX, Boogers prépare aussi un one-man-show sur Michel Sardou. Le rock, l'homme-orchestre le conjugue au second degré et pas de problèmes s'il prend des bides: Il adore ça.

    Boogers, qu’est-ce que ça veut dire en anglais ?

    J’ai lu ça dans un magazine de Krusty le Clown il y a une petite dizaine d’année. C’était dans le courrier des lecteurs et c’était en anglais – je ne le parlais pas vraiment à l’époque – et un gamin se plaignait de s’être fait voler sa collection de « Boogers ». J’ai bien aimé le mot: A l’époque il y avait les Boo Radleys et Sonic Youth qui avait sorti un album qui s’appelait Goo. J’aimais bien quand il y avait deux « o ». Donc j’ai pris le mot, et j’ai sorti mon premier disque et un copain anglais m’a dit: « Tu t’appelles crottes de nez … » « Mais non je ne m’appelle pas crottes de nez ! » « Mais si … » Et voilà ….

    Je pensais que ce pseudo, c’était pour te dévaluer, comme si tu avais un problème d’estime de soi …

    Ah non, pas du tout ! En plus j’ai récemment découvert que Boogers c’était le Dupont néerlandais. Il y’en a plein ! Il y a un très très mauvais joueur de foot d’ailleurs qui s’appelle Marco Boogers. Alors ça, ça me fait rire pendant 10 ans ! J’ai même acheté son maillot ! Mais ouais, j’ai une facilité à me déprécier … Mais c’est comme ça ….

    Ton album s’appelle As Clean As Possible. Tu as aussi un problème de propreté ?

    A la base le disque devait s’appeler As Dirty As Possible. C’est une référence à un vieux groupe français qui s’appelle les Thugs et leur album As Happy As Possible. C’est aussi pour moi un prétexte pour parler des Thugs en fait … Le maxi je l’ai fait avec mes propres moyens – donc bien crade. Et puis, j’ai rencontré le label At(h)ome, et ils m’ont donné des sous pour mixer dans un bon studio. Et plus on mixait et plus je me disais « C’est pas du tout dirty ! ». Ça devenait de plus en plus nickel. J’ai fait une séance photo avec un copain pour chercher des idées de pochettes et on s’est mis sur fond blanc. Donc voilà c’est du propre ! Mais c’est vrai qu’à la base j’ai des taches partout, je n’ai pas une fringue qui n’ait pas de trous. J’ai jamais fait le ménage de ma vie. Et je suis hyper bordélique. Les musiciens ils mettent tout dans des belles caisses, moi j’utilise des sacs Leclerc.

    Boogers – Ze Story

    Ses parents avaient promis de lui offrir un batterie s’il avait 12 de moyenne en 5ème. Boogers a eu 10. Qu’à cela ne tienne ! D’un laxisme qui subirait aujourd’hui les foudres d’Eric Ciotti, ils cèdent quand même au petit monstre en lui offrant ses premiers fûts. L’histoire entre Boogers – Stéphane Charasse de son vrai nom – et la musique peut commencer.

    Enfoncé dans son sweat jaune très La Poste, il se souvient: « A 16/17 ans, c’est mon premier groupe de hardcore mélodique. Puis après j’ai bossé dans une radio à Tours avec 10.000 disques autour de moi. Ensuite je suis devenu manager d’un groupe de Ska. Puis finalement, le management avec mon sens de l’organisation, ça ne l’a pas fait du tout. Alors je suis devenu leur ingé son ! »

    En parallèle à ce parcours sinueux, il affine son projet « Boogers ». Un rencontre sera décisive: celle avec Rubin Steiner dont il sera le batteur pendant 5 ans et avec qui il se professionnalisera. En 2010, il sort sont album solo mi-lo-fi mi-punk As Clean As Possible. Il fait aussi un prestation au Printemps de Bourges qui tape dans l’oeil des journalistes musicaux grâce son jeu de scène hyperactif.

    Son MySpace

    Tes chansons ont un coté très second degré. Quels artistes rock dans cette veine t’ont inspiré ?

    NoFX. J’étais très fan ado. Je les ai un peu lâchés. Et là je les ai vus il y a un mois en concert et laisse tombé … Moi c’est fini, je vais faire des conférences sur NoFX. Même si je ne suis pas d’accord avec tout: les logos roses fluos j’aime pas ça. Mais dans les textes ils racontent n’importe quoi ! Weezer aussi dans le côté « I love you », « I need you ». Si le You et le I n’existaient pas en anglais je serais incapable d’écrire un texte ! Mais au début j’avais tellement peur d’écrire par moi-même que je prenais un vieil album d’Elton John où il y avait toutes les paroles dans un cahier. Et ça devenait les paroles de mes chansons. J’avais besoin de mettre des mots en musique, je m’en foutais de ce qu’il disait ! J’ai pris Elton John parce que c’était le truc que j’ai trouvé. Ça aurait été Patrick Sebastien c’était pareil.

    C’est de là que vient ton goût de la reprise ?

    Non, les reprises c’est des blagues. Get Up Stand Up c’était pour un label de Tours qui s’appelle Travaux Publics et qui faisait un espèce de petit jeu. Ils ont sorti 11 disques et chaque disque était un exercice de style. Celui du milieu était celui des reprises. Puis le Creep de Radiohead, j’ai fait ce truc là parce qu’au début de YouTube je faisais un blocage sur ces petites vidéos d’une minute où les mecs se pétaient 100.000 vues en deux jours. Je me suis dit: « Hey je veux faire la mienne moi ! ». Ni une, ni deux ça a marché direct ! Je l’ai mise sur le net et j’ai dépassé les 100.000 vues ! J’ai même reçu un petit mail d’insulte d’un président de fan club de Radiohead qui me disait « tu n’as pas le droit ». Des fans de Bob Marley aussi. En concert j’ai souvent droit à des prises de gueule … du vieux rasta tout fatigué … « Hey t’as pas le drooiiiittt de faire ça » !


    (Michela Cuccagna ©)

    Sur certaines photos tu ressembles un peu au mec de Eagles of Death Metal. En vrai pas du tout mais je me demandais si c’était un groupe que tu aimais ?

    Ah ouais carrément. Un jour ça va se voir mais j’ai un morceau qui s’appelle Talk To Charly … En fait j’ai écouté le premier album de Eagles of Death Metal en boucle. Puis après j’ai pris ma guitare, composé un morceau … Je le fini, ma copine écoute et elle me dit « t’as tout pompé!». Je n’ai pas pompé ! J’ai régurgité ce que j’avais écouté avant … Puis j’adore cette petite voix. Et puis ce coté rock sexy me fait rêver. Après je suis incapable de faire ce qu’ils font – ils ont un coté très Texas, bien viril que je n’aime pas. J’aime toute la bande, QOTSA etc.

    « Les musiciens ils mettent tout dans des belles caisses, moi j’utilise des sacs Leclerc »

    Tu penses que l’humour c’est quelque chose d’essentiel dans le rock ?

    Ça dépend. Il y’a des trucs où s’il y a de l’humour dedans ça ne marche pas. C’est les trucs super indus, super froids … Même si je pense qu’il y a de l’humour là-dedans, mais on le voit pas vraiment ! Moi je ne peux juste pas m’en empêcher, je suis un gros consommateur d’humour. J’ai l’intégrale de Roland Magdane en vinyle et sur la route j’écoute beaucoup Rires et Chansons. J’ai déjà commencé un petit one-man-show de 30 minutes où j’explique que Michel Sardou n’est pas gentil, avec plein de samples à lui dedans. Après sur scène je sors toujours deux ou trois blagues. Un, ça me détend et deux, j’adore faire des blagues ratées et que les gens fassent: « Ohhh ». Et quand ils sont plus de 500 à faire « Ohhh », là ça commence à être super intéressant. C’est un vrai bide, j’aime les vrais bides !

    T’as une blague à nous raconter ?

    Ah j’en ai une pour ce soir .. Je ne sais pas si je vais la faire. C’est qu’en fait, j’aimerais bien aller faire du canoë sur la Seine, alors je vais demander à Bertrand deux canoës … Elle est vraiment nulle à chier. Et j’en ai plein des calembours pourris ! Je suis un peu bloqué humour français, ce ne sera pas bon pour l’export !

    I lost my lung entre Grandaddy et Weezer

    ;hl=fr_FR”>;hl=fr_FR” type=“application/x-shockwave-flash” allowscriptaccess=“always” allowfullscreen=“true” width=“320” height=“240”>

    L’export ?

    J’ai mis le doigt dans le rouage … Mon métier c’est de faire des disques qu’on me demande de faire ! Je ne vais pas m’arrêter demain ! Quand on a signé, j’avais pas compris que mon disque je pourrais le trouver dans un Leclerc en Haute-Savoie, et je trouve ça génial ! On m’a donné des sous pour aller mixer dans un studio où jamais je n’aurais penser aller de ma vie. Là, j’ai bien compris que je ne savais pas ce que c’était le mixage ! Ce qui sort de chez moi c’est riquiqui, ce qui sort de là-bas, c’est un bloc, des murs de guitares qui tombent ! C’est pas gratuit ces studios là, sans le label c’est impossible.

    « J’ai une passion pour Pyramide aussi. ‘Mironton ou Barjabule ?’ »

    Tu as des projets ?

    Un album en mars. J’ai aussi un petit local à Tours où on est 5-6 derrière l’ordi à faire des morceaux ensemble, on ne sait pas trop comment, ni pourquoi … On sample beaucoup de génériques des années 1980 – l’Académie des 9 par exemple – sauf qu’on fait des chansons pop assez sérieuses par dessus. L’idée c’est de prendre des bases hyper-rigolotes. Y’a un groupe qui s’appelle Gablé où ils ont samplé les bruits de Motus … tu sais quand les gens ils tirent les balles. Mais le morceau c’est pas une blague, c’est hyper-beau. J’aime cette idée là. J’ai une passion pour Pyramide aussi. « Mironton ou Barjabule ? »

    Le truc le plus fou que tu aies osé sur scène ?

    A Tours, dans ma ville pour le festival au quart de tour qui est organisé par Radio Béton. C’était le premier concert de ma vie, mes parents m’ont amené là-bas quand j’avais 8 ans et là j’y jouais en tête d’affiche. Alors je me suis dit « on va faire un gros truc » et j’ai commencé le concert pendu en haut du chapiteau avec mon baudrier. La totale ! Et j’ai commencé le concert là-haut. J’ai le vertige en plus, je tourne de l’œil facilement ! Vraiment j’étais pas fier… Et puis tu vois tes parents à 40 mètres de haut!

    Le truc que tu aimerais faire ?

    Jouer dans un avion ça me ferait bien marré. J’ai fait dans le train il n’y a pas longtemps mais ce n’était pas drôle. Il était à midi et il n’y avait que des retraités. Et ils s’en foutaient … Ce que je fais régulièrement c’est de jouer dans les toilettes des festivals. Le but de jeu c’est de jouer de l’heure d’ouverture à l’heure de fermeture, en boucle. Pour vider la salle et qu’ils viennent tous aux chiottes.

    I lost my lung entre Grandaddy et Weezer

    ;hl=fr_FR”>;hl=fr_FR” type=“application/x-shockwave-flash” allowscriptaccess=“always” allowfullscreen=“true” width=“320” height=“240”>

    Les photos du concert de Boogers au festival Fnac Indétendances

    BOOGERS – L’INTERVIEW SECOND DEGRÉ

    South Park ou Groland ?

    Groland ! South Park non … Mais Simpson oui. Avec mes belles filles à la maison, on se mange les 25 saisons depuis 6 mois, je ne sais pas quand on en verra le bout ! Tous les jours on se mange 10 épisodes. C’est le bonheur.

    Didier Super ou Jello Biaffra ?

    J’ai vu Jello Biaffra y’a trois semaines et j’étais très très déçu. Les aprioris que j’avais sur lui se sont avérés vrais. Didier Super me fait rire, je regrette juste qu’il ne fasse pas plus de musique !

    Raël ou Benoit XVI ?

    Raël évidemment ! Et je dirais même plus Gilbert Bourdin ! J’ai une passion pour ce gars là ! « J’ai tué 10.000 aéronefs ! » « Ouais c’est ça ! »

    Source: Robin D’Angelo | StreetPress
    Crédits photos: Michela Cuccagna | StreetPress

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER