Soleil, board et potes : pas besoin de plus pour que la place de la République devienne un repaire de skateurs. Rouverte au public depuis le dimanche 16 juin après 1 an et demi de travaux, l’esplanade permet à la communauté d’exercer ses tricks et ses ollies dans une ambiance (encore) bienveillante.
« Très honnêtement, je ne me souviens plus de ce à quoi ressemblait la place avant. Mais là, on a un très bon flat pour s’entraîner, c’est cool ». Ce jargon d’initié coule de la bouche de Cyril, 24 ans, qui profite du beau temps pour faire une pause. « Ce qu’on appelle flat, c’est l’esplanade, une surface plane pour glisser. » Les skateurs sont habitués à composer avec les moyens du bord, mais il semble bien que ce nouveau spot comble leurs attentes. « On peut faire des figures sur les blocs de bétons, la mairie n’a pas encore mis de dispositif anti-skate, et c’est assez appréciable », poursuit-il. Juste le temps de souffler, il repart perfectionner ses nouvelles figures.
Repérages Canette de Kro à la main et Ray-Ban sur le nez, Max fait également une petite pause en scrutant les exploits de ses pairs. Si lui et ses potes étaient sur la nouvelle place dès la semaine de son inauguration, c’est parce qu’ils avaient pu faire des repérages :
« On avait déjà testé le lieu quand la place était en travaux. On s’est fait déloger une ou deux fois par la police, pas plus. »
Trocadero, Palais de Tokyo, Bercy… De l’avis général Paris est de plus en plus ouvert au skateboard. Est-ce ce que la place de République va entrer dans le circuit des meilleurs spots où taper un backflip dans la capitale ? Pour le moment, elle permet surtout « au petit milieu des skaters où on voit toujours les mêmes têtes » de rompre la routine. Joël, grand marcel bleu et tatouages intégrés, vient de Rochefort pour investir les meilleurs spots parisiens. « Il y avait le Palais de Tokyo, mais on a usé le sol après plusieurs années de skate intensif. »
Il y avait le Palais de Tokyo, mais on a usé le sol après plusieurs années de skate intensif
Nouveaux usages Bertrand Delanoë souhaitait rendre « la place aux piétons » en la rénovant, et les voitures n’y ont plus qu’un accès restreint. A l’heure actuelle, les skateurs ne semblent déranger personne, malgré la rapidité hallucinante avec laquelle ils ont investi l’espace urbain.
Sur ce point, les concepteurs de la place et la Mairie ont opté pour la bienveillance. Pour Océane Ragoucy, architecte et chef de projet en communication à l’agence TVK, cette évolution est naturelle :
« Cette place a été pensée en accord avec la mairie pour développer des nouveaux usages urbains, et indirectement, le skate en fait partie . Nous n’étions donc pas du tout opposés à cette pratique et nous l’avons même plutôt encouragé. »
Même son de cloche de la part de la mairie du 10e : «Les skateurs sont nombreux mais n’ont pas d’incidence sur la vie des riverains, pour l’instant», commente un attaché au cabinet du maire. Les dispositifs contre ce sport (sièges et barres métalliques) ne sont pas à l’ordre du jour.
Voisins En attendant, la procession des skatos continue sur la place et elle ne semble pas déranger les nombreux flâneurs. Émilie, une passante qui rentre du travail, s’est assise sur un bloc de béton et consulte sereinement son portable : « J’habite dans le coin et les skateurs ne m’ennuient pas vraiment. Les accidents sont rares, » conclut-elle, alors qu’une planche vient de frôler sa tête de trente centimètres.
Dans le quartier pourtant, la place Johan Strauss avait déjà été vidée de ses skateurs par des voisins mécontents. Et boulevard Lenoir, des barres anti-skate fixées sur le béton empêchent le slide, figure imposée de tout bon rider.
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER