En ce moment

    14/06/2013

    Pour la 1ere fois, une complétion d'ampleur de « làmb » était organisée à Paris

    A Bercy, la lutte sénégalaise fait son show

    Par Emilie Tôn

    C'est le sport national au Sénégal: le làmb, quelque part entre la lutte gréco-romaine et le sumo. Les week-ends, ils sont des centaines à parier sur les combats dans les bars africains de Paris. Cette fois, ils ont pu se rendre à Bercy.

    POPB – Paris 12e. Ils se heurtent, se frappent en plein visage. Les corps sont lourds et puissants. Ils combattent depuis quelques dizaines de secondes seulement lorsqu’un des lutteurs trébuche sous le poids de son adversaire. Combat terminé. Baboye, la star de la soirée, gît au sol. Son adversaire, Bombardier, est porté aux épaules de ses accompagnateurs. Il a enfin sa revanche: 7 ans après sa défaite contre ce même adversaire, il parvient à le terrasser en 35 secondes. Les spectateurs n’en reviennent pas. C’est le clou de la soirée pour le millier de Sénégalais de France qui s’était réuni au Palais Omnisports de Bercy pour ce premier World African Wrestling. Le clou de la soirée… qui n’a duré que quelques secondes.

    Marabouts C’était le premier championnat de lutte sénégalaise organisé en France. Pour l’occasion, les promoteurs avaient parié gros en choisissant Bercy pour accueillir l’événement. Leur but ? Rassembler la diaspora sénégalaise autour d’une soirée entièrement dédiée au làmb, le sport national. Ils sont quelques milliers à s’être déplacés ce soir-là pour assister au grand show.


    Démonstration de force pendant le « touss », rituel mystique de rigueur

    Sport de contact, le làmb allie lutte et boxe. Les combats peuvent durer vingt minutes, comme quelques secondes. Seul la chute d’un des lutteurs met fin au combat. Avant quoi, un long rituel mystique est nécessaire. C’est le « touss », obligatoire avant tous les combats, même pour les non-Sénégalais, comme l’Espagnol Juan Espino, seul lutteur blanc ce soir-là. Conjurer le mauvais sort et donner de la force aux lutteurs, voilà la mission du cortège de marabouts présents dans l’arène. Ainsi, les athlètes couverts de gris-gris et « d’eau bénite » chantent leurs prouesses pour intimider leurs adversaires et dansent pour séduire leur public. Du folklore, du sport et de la musique, de quoi attirer du monde à cette soirée retransmise par Canal Plus Afrique dans une vingtaine de pays.

    3e génération « Quand est-ce que ça se termine ?! » râle un non-initié. Le « touss » durera plus d’une heure et demie ce jour-là pour au total… trois heures de show. Pour un tel événement, chaque lutteur défile pendant une vingtaine de minutes pour ne se battre que quelques dizaines de secondes. C’est long, très long. Et certains spectateurs s’impatientent.

    Quand est-ce que ça se termine ?!


    Un peu « d’eau bénite » avant une épreuve, sait-on jamais…

    Ce samedi 8 juin, grands-parents et petits-enfants partageaient les tribunes. Les mamas, couvertes d’or, sourient quand leurs fils brandissent fièrement le drapeau du Sénégal. Ils posent aussi la main sur le cœur quand vient le temps de chanter la Marseillaise, qu’ils semblent tous connaître par cœur. Ambiance solennelle sous les tropiques de Bercy.

    Mais les jeunes sont un peu paumés… « Je connais pas trop les noms des sportifs. Mes parents regardent la lutte tous les week-ends mais y’a qu’en vacances, au Sénégal, qu’on voit ça en vrai. C’est plus une occasion de se retrouver que pour le sport en soi », explique Cumba, venue avec sa sœur. Pendant les combats, deux jeunes en peau-de-pêche blancs essaient de suivre : «Attends, mais c’est qui lui encore ? Je crois que mon père a lâché un max de cash sur sa gueule.»

    Y’a qu’en vacances, au Sénégal, qu’on voit ça en vrai


    Bombardier, triomphal vainqueur de la soirée

    Betclic Les paris ont été lancés plus tôt dans la soirée. Casquette vissée sur tête rabaissée, Aliou, trentenaire amateur de làmb, est déçu. «J’étais pour Baboye ! On vient du même quartier au Sénégal alors je voulais vraiment le voir à Bercy. Mais il manquait de concentration et moi j’ai perdu 50 euros…» D’habitude, c’est derrière les écrans de télé que les spectateurs font leurs jeux et ce, tous les week-ends dans les bars sénégalais d’Ile-de-France. Retransmis en direct de Dakar, les combats sont aussi une excuse pour se faire un peu d’oseille. Et de l’argent, il y en a ce soir puisque le « roi de l’arène », vainqueur du grand combat, touchera 150 millions de francs CFA (soit près de 230.000 euros). De quoi faire monter les paris.

    Malgré la salle à demie-remplie, pas de déception du côté des organisateurs. Au contraire, ils se réjouissent d’une telle mobilisation. «C’est une réussite pour la diaspora sénégalaise, une soirée très réussie. Ça fait chaud au cœur de voir la communauté réunie», jubile Omar, un des organisateurs. « On espère pouvoir réorganiser un tel événement, d’ailleurs c’est prévu. »

    bqhidden. Ça fait chaud au cœur de voir la communauté réunie

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER