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    31/10/2011

    Le « Special Projects Editor » du Guardian répond à StreetPress

    Comment les émeutes de Londres ont un peu changé la presse british

    Par Robin D'Angelo

    Sur StreetPress Paul Lewis explique pourquoi ses «tweets étaient plus lus que BBC News et SKY News» pendant les émeutes de Londres. Le journaliste en hoodie n'était jamais seul à Hackney avec ses 45.000 followers contrairement à ceux de la télé.

    C’était quoi le dress code pour couvrir les émeutes à Londres ?

    Un jean, un hoodie, une écharpe … Mais je suis sérieux, il fallait vraiment s’habiller et se comporter comme eux. Beaucoup de journalistes se sont faits frappés et certains méchamment: J’en ai été le témoin … Fumer des cigarettes peut aussi être utile.

    Avoir un smartphone pour tweeter aussi

    Oui mais c’était immédiat, c’est presque devenu une seconde nature. Twitter n’a pas été pour autant ma première source d’information. Ça fonctionne de deux façons. Pour diffuser les articles mais aussi pour rassembler des informations: Faire de crowsourcing et permettre aux citoyens d’informer les journalistes. Mais ces deux choses forment un ensemble.

    Tu as des exemples de comment tes 45.000 followers ont pu t’aider ?

    Mes premiers tweets c’était des questions du genre: “Où dois-je aller ? Où est-ce que ça chauffe ?”. Et les gens m’envoyaient le code postal. Pour la rédaction des articles, assis à 7h du mat après une nuit à couvrir les émeutes, je devais commencer par reconstruire le fil des évènements. Et c’est là qu’on a vraiment besoin d’aide: je demandais “A quelle heure le bus rouge a-t-il été incendié ?” Et ce qui était incroyable c’est que les gens sourcaient leurs infos. Ils référençaient des PV de la police, des articles de presse ou envoyaient des photos avec le time code de la date et de l’heure.

    Il y avait un black-out chez les médias traditionnels. Et dans ce contexte, un système d’information bien plus démocratique peut se développer


    A la conférence YoungPress où StreetPress était invité

    Tu nous as aussi parlé d’analyses de données

    C’est quelque chose que nous faisons en ce moment. On analyse une base de données de 2,5 millions de tweets. On essaie de faire un étude sur la charge émotionnelle de ces tweets pour voir ce que ça nous dit sur l’opinion des gens. Et sur comment est utilisé le réseau. On travaille avec l’Université de Manchester qui encode tous ces tweets.

    Au Guardian tout le monde était convaincu du bon usage de Twitter ?

    Bien sur. Et ça nous a été bénéfique: on a explosé le trafic et mes tweets étaient plus lus que BBC News, SKYNews, et tous les comptes corporate. Mais il faut savoir une chose The Guardian est unique dans bien des façons. Il a une philosophie qui vient des rédacteurs, qui croient à l’ouverture, à l’innovation. Il n’y avait pas résistance contrairement aux autres journaux qui résistent au changement. Nous on essaie de savoir déjà comment on sera dans 4 ans.

    Quel a été l’impact de cette couverture sur la presse au Royaume-Uni ?

    Je crois que ça a été un grand moment, déterminant même. D’abord parce que c’était un événement très difficile à couvrir. Il se passait partout dans le pays et on ne peut pas avoir des journalistes partout. Mais aussi parce que c’était dangereux pour les journalistes. Ils avaient peur et ceux de la télé – facilement repérables avec leur caméras – ont été très peu à se déplacer. D’une certaine façon il y avait un black-out chez les médias traditionnels. Et dans ce contexte, un système d’information bien plus démocratique peut se développer.

    Paul Lewis sur Twitter


    Cameron s’en ait pris à Twitter et Blackberry. Tu penses que c’est aussi une attaque contre le journalisme ?

    Oui. Toutes les attaques contre n’importe quel moyen de communication sont aussi des attaques contre le journalisme. Ces déclarations ont été très perturbantes. Que l’État intervienne contre Twitter , ce serait comme intervenir directement sur les journaux. Mais je pense que le gouvernement a réalisé qu’il avait commis une grande erreur.

    bqhidden. On analyse une base de données de 2,5 millions de tweets

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