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    06/06/2013

    « Je filmais les jolies filles, je voulais voir leur intimité »

    Le « pervers des toilettes » ressemble à monsieur tout le monde

    Par Emilie Tôn

    Celui que la presse surnomme «le pervers des toilettes » était jugé pour avoir filmé des femmes se rendant aux commodités. Au cours de l'audience on découvre un mec banal qui malgré un taff et quelques plans d'un soir raconte se sentir trop seul.

    Les médias en avaient fait leurs gros titres. Le « pervers des toilettes », alias Dom D, était jugé mercredi 5 juin à la 10e chambre correctionnelle de Paris pour avoir placé des mini-caméras dans les toilettes pour femmes de quelques bars parisiens. Puceau, tordu, scato, fétichiste ou juste un mec un peu trop seul ? Son audience révèle une personnalité tout ce qu’il y a de plus commune.

    Mercredi 5 juin, 13h30. Prévenus, proches et avocats sont invités à entrer dans la salle. Tour à tour, ils présentent leurs convocations. Une journée tristement banale au Palais de justice de Paris. Dom D. approche à son tour, à voix très basse, il s’annonce et s’excuse du retard de son avocat avant de prendre place aux côtés de sa famille.

    Voyeur Dom D. avait été convoqué pour la première fois le 21 avril dernier. Le proprio du café Napoléon (10e) avait prévenu les autorités qu’un voyeur, à qui il avait déjà interdit l’entrée dans le bar, était revenu dans son établissement. Son mode opératoire : emballer des stylo-caméras dans des emballages de chocolat avant de les scotcher sous les lavabos des toilettes pour filles, directement pointés sur leurs sexes. « Je filmais les jolies filles, je voulais voir leur intimité » avait-il expliqué penaud aux policiers.

    En attendant son tour, il scrute la salle. Stressé, il s’agite, regarde une fois, deux fois, dix fois son portable. Après trois jugements pour violences aggravées et un viol, il est appelé à la barre. L’homme de 35 ans parait concentré. On pourrait le croire calme si ce n’était ses mains qu’il triture nerveusement dans son dos.

    Psychiatres « Monsieur Dominique D, 36 ans, bagagiste à Roissy, célibataire sans enfant… Monsieur, vous êtes là pour un cas plus qu’affligeant. » Tête baissée, le « pervers des toilettes » acquiesce à l’énoncé des charges retenues contre lui. « Monsieur, vous avez un problème avec les femmes ? » lui demande le juge. Son ordinateur a été perquisitionné. Le contenu est dévoilé à la salle : un dossier « X » remplis de vidéos pornos (et quelques unes sur son téléphone), des conversations avec des plans d’un soir rencontrés sur Meetic et quelques quatre-vingt vidéos de sa propre production, « à usage strictement personnel » est-il précisé.

    L’expertise psychiatrique raconte un mec banal : « Une orientation sexuelle vers les femmes exclusivement. Timide et renfermé. » Signale simplement « un intérêt pour le voyeurisme et a connu quelques prostituées dans sa jeunesse. » Une personne « sans symptôme psychiatrique » qui manque un peu d’affection, d’après l’expert psy. Pas de perversité maladive d’un point de vue médical, donc.

    Famille Lui, plaide le malheur : « Il y a quelques années, j’étais pas très bien… et ça a joué sur mes relations. Et puis un jour, j’ai rencontré ce vendeur ambulant qui proposait des stylo-caméras, puis j’ai eu cette idée. » Méthodique, il prend soin de trouver des pipi-rooms bien éclairées et adaptées pour opérer.

    « Mais pour quoi faire ? » lui demande le tribunal. Moralisateur, ils attendent une description précise de la part de l’accusé. Sa famille est dans la salle, pas les victimes. Il finit par lâcher : « bah… me faire plaisir… ». La procureure demande finalement une peine de quatre mois assortie du sursis : « je voudrais lui suggérer de s’interroger sur ce que ses victimes ont pu subir. »

    Monsieur, vous êtes là pour un cas plus qu’affligeant

    Sursis Pour son avocat, Maître Yvon Veillet, seule son interpellation pouvait le faire réagir : « Dominique était entré dans une spirale, comme quelqu’un qui boit ou qui fume, il en avait besoin. » C’est, d’après lui, une affaire désagréable « du monde moderne » : « aujourd’hui, les gens tchatchent sur le net et ils ne se voient pas, ça apporte une misère affective. » La faute au monde… et Dom ? « Je reconnais tout ce qu’il s’est passé. Je peux pas rester comme ça, il faut que je refasse ma vie » explique-t-il tout penaud du haut de son mètre soixante-dix.

    Après son audition, il s’empresse de retrouver sa famille. Devant le tribunal il enchaîne clope sur clope en attendant le verdict. Il est condamné à six mois de prison avec sursis, confiscation de tous ses gadgets de voyeur, deux ans de mise à l’épreuve et autant d’années de suivi psychologique.

    bqhidden. Dominique était entré dans une spirale

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