Un ramadan chez les Mollahs – septembre 2009 – 3 semaines
Pour Jean-Baptiste, l’Iran « c’était presque un rêve de gosse ! ». Déjà ado il dévore tous les bouquins qu’il trouve sur l’histoire et la culture du pays. Alors, s’il part en septembre 2009 dans le pays préféré des Mollahs, ce n’était pas histoire de découvrir « la dictature pour la dictature ». Après c’est presque un petit kiff en plus. « Il y a un côté excitant à aller là où théoriquement on ne peut pas. » Histoire aussi « d’aller voir par moi-même. Bien sûr que tu ne vois pas tout, mais toujours plus que si tu n’y vas pas ! »
Histoire de corser un peu l’aventure – ou par maladresse, Jean-Baptiste et sa copine décident de partir pendant le mois du Ramadan. « Ce n’était pas forcément une très bonne idée ! » Il garde tout de même un super souvenir de ce voyage et compte bien y refaire un tour un de ces quatre.
« A l’approche de la frontière, on voit un étrange ballet : toutes les femmes, qui en Turquie ne portaient pas le voile, se couvraient la tête » / Crédits : CC
Visa Avant de partir on a fait une demande de visa auprès de l’ambassade à Paris. Finalement c’était assez simple et pas très cher : 50 euros. Pour entrer dans le pays on a pris le train depuis Istanbul jusqu’à Tabriz. Ça revenait moins cher que l’avion. Il n’y avait presque que des Iraniens qui rentraient au pays. A l’approche de la frontière, on voit un étrange ballet : toutes les femmes, qui en Turquie ne portaient pas le voile, se couvraient la tête. C’est obligatoire, même pour les touristes.
Trip Le premier jour, on se baladait dans les rues. On sentait vraiment tous les regards peser sur nous. Sans vraiment savoir pourquoi. On a fini par comprendre : mon amie portait un pantalon qui sans être moulant, épousait un peu la forme de ses fesses. A partir du lendemain, elle portait une tunique par-dessus et ça passait mieux. Mais ça a été vraiment une sensation étrange, un peu comme d’être à poil dans le métro parisien ! On était en plein ramadan. Ce n’est pas forcément une bonne idée dans une république islamique. Aucun commerce n’était ouvert entre le lever et le coucher du soleil. Le midi, on se planquait dans notre chambre d’hôtel pour grignoter ce qu’on avait acheté le matin très tôt. Ils tolèrent que les touristes boivent un peu d’eau dans la rue, mais même ça on évitait. On sentait bien que c’était mal vu.
On a pu parler de politique, mais il ne faut jamais aborder toi-même la question
Les gens Mais sinon en règle générale les gens étaient très contents de nous voir. Parfois des jeunes venaient nous parler dans la rue, juste pour exercer leur anglais où de très vieux messieurs qui avaient appris le français à l’époque du Chah. Étonnant de rencontrer des gens qui avaient une culture littéraire plus grande que la mienne. On a pu parler de politique, mais il ne faut jamais aborder toi-même la question. L’ambiance est tout de même un peu pesante. Derrière l’apparence de quasi-normalité, tu sens que tu ne peux pas parler de tout.
Big brother Et puis il y a des rencontres qui ne semblent pas tout à fait fortuites. Des mecs qui t’accostent dans la rue, qui parlent trop bien anglais. Qui te demandent où tu dors, où tu étais, ce que tu comptes faire… Après c’est peut-être de la paranoïa, on ne saura jamais.
Le tourisme On y était juste après les grandes manifestations donc il n’y avait presque pas de touristes. On a rencontré un car d’allemands, sinon aucun autre voyage organisé. Il y a de nombreuses infrastructures, complètement vides. C’est dommage, certains sites valent largement les temples égyptiens. Les touristes japonais en moins.
Faire des jeux d’alcool avec ses guides nord-coréens – été 2010 – 1 semaine
Taeko n’a pas vraiment la même conception des vacances que le commun des mortels. Johannesburg – Le Caire en stop. Soit huit ou neuf mois de voyage et huit pays africains traversé. « C’était super chouette ! » Ça pose un peu le personnage. Pendant l’été 2010, elle décide de faire un tour dans la dictature la plus fermée au monde : la Corée du Nord. Pour cette Japonaise de 23 ans à l’époque, le pays des Kim occupe une place particulière. « C’est notre voisine la plus lointaine. » Le pays vit à l’abri des regards du monde entier. Très peu de journalistes ont pu y entrer et aucun n’a pu sortir des voyages sous bonne escorte. Impossible de compter sur la télé pour en savoir plus. « Je voulais partir en Corée pour discuter avec les habitants, même si je savais dès le début que je n’aurais jamais l’occasion d’échanger avec les gens “de la classe normale”. Mais bon, c’est mieux que rien, tu sais ! Je voulais y aller avant la fin du régime qui va, à mon avis, surement arriver bientôt. » Une bonne chose de faite, donc…
"J’ai eu deux discussions plutôt inoubliables avec des Nord-Coréens" / Crédits : CC
Visa L’agence de voyage que j’ai utilisé a tout organisé. En gros, le tout m’a coûté un peu plus de 1000 euros, avion compris au départ de Pékin.
Trip Rien que le vol sur Koryo Airlines vaut le détour. Sur place j’ai vu tellement de choses incroyables. Le monument pour la victoire contre le Japon ! Le palais de la performance des enfants. Le Musée de la Guèrre de Corée, qui s’appelle Victorious Fatherland Liberation War Museum. L’expo se termine en septembre 1950. A ce moment, les communistes occupent la plus grande partie de la Corée sauf Pusan. Après ça, les Américains ont regagné du terrain. Je crois que le clou du voyage, ça a été le festival d’Arirang. Tu es dans un stade pour assister à un spectacle avec plus de 10.000 figurants. Il n’y a que la Corée du Nord qui peut organiser un tel truc aujourd’hui !
Sinon, on a pu passer quelques jours en dehors de Pyongyang. Personnellement, j’ai beaucoup été touché quand on a visité la province : la campagne, la montagne, les rizières, la couleur du ciel, même la température. L’ambiance me rappelait le village où j’ai grandi. Du bus ou du train, on peut apercevoir quelques scènes de la vie quotidienne. Des enfants allant à l’école avec leur maman, des filles en train de pique-niquer ou des hommes jouant au foot dans la rue…
Les gens On avait trois guides très sympa et très bien formés ! On a même fait des jeux d’alcool ensemble ! Mais même ivre mort, ils restent très « professionnels ». On a vraiment bien discuté et, à vrai dire, ils me manquent. Je serai ravie de les revoir un jour. J’ai eu deux discussions plutôt inoubliables avec des Nord-Coréens. La première avec une fille du même âge que moi. On a parlé copain, beauté, de la vie quotidienne…. La deuxième avec un guide sur l’Histoire, en particulier la colonisation japonaise, la guerre de Corée et l’indépendance.
Korea North and South make peace, basically you’re all Chinese !
Un jour, j’ai raconté à l’un de nos guides que j’avais vécu en Afrique quelques années. Il a été choqué et m’a répondu « Mais est-ce que tu avais assez de nourriture? » L’autre jour, un pote Tchadien a posté sur Facebook une photo d’enfants nord-coréens avec en commentaire : « Mon dieu, ils n’ont rien à manger ! Si seulement je pouvais les adopter… » !
A la campagne, j’ai pu un peu m’éloigner et me mélanger avec des fermiers. Je ne parle malheureusement pas coréen, mais je connais quelques chansons. On a chanté ensemble. Un beau moment. J’ai entendu dire qu’aujourd’hui, les touristes peuvent loger chez l’habitant. J’espère pouvoir faire ça lors de mon prochain voyage !
Big brother Il y a une surveillance de chaque instant bien sur et impossible de choisir où on va et ce qu’on fait. Mais les guides sont super pro et super sympa, au point de ne presque jamais se sentir vraiment surveillé.
Tourisme J’étais dans un groupe d’anglophones : Canadien, Américain, Anglais, Danois… Sinon dans l’avion il y avait pas mal d’Egyptiens qui bossent dans les télécommunications. En Corée du Nord il y a un réseau de téléphonie mobile géré par une compagnie égyptienne.
Walt Disney au Zimbabwe – avril 2012 – 5 jours
Si Margot, 24 ans, s’est fait un week-end prolongé au Zimbabwe, ce n’est pas par fascination pour Robert Mugabe, le plus ancien dictateur africain. Simplement histoire de passer voir une copine qui, comme elle, taff pour l’ONU. « Et puis je voulais vraiment découvrir les chutes Victoria. J’y serais de toute façon allée un jour ou l’autre ». Un petit coup d’avion depuis Nairobi au Kenya où elle vit et c’est parti ! Les dictatures, ce n’est pas spécifiquement son délire. Pas ça non plus qui l’arrêtera. « La preuve, ce week-end je vais au Rwanda ! »
« C’est Disneyland ! Tu peux faire du rafting, des tours en hélico au-dessus des chutes et même du saut à l’élastique » / Crédits : CC
Visa Pour le Visa, pas besoin de s’y prendre à l’avance. Je l’ai fait à l’aéroport. Et même si l’attente a été interminable – plusieurs heures – ça s’est fait sans encombres. Quelques documents à remplir et 50 dollars. Dans tout le pays ils utilisent le dollar US et pour te rendre la petite monnaie, ils te filent des rands sud-africains parce que leur monnaie ne vaut plus rien.
Trip Le premier soir j’ai squatté chez ma pote à Harare et dès le lendemain on est parties en voiture en direction des chutes Victoria. Un road trip d’une journée. Sur la route il y a des barrages un peu partout. Les flics sont assez tatillons. Ils vont vérifier en détail tes papiers, à un moment ils ont même contrôlé si nos pneus étaient bien gonflés ! Mais c’est surtout une façon de récupérer un peu de bakchich. Au final on est arrivées sans encombre, d’autant plus que la route était super bonne. C’était une quatre voies en super état. Je me souviens, je disais à ma pote « c’est trop bien, c’est hyper développé, surtout en comparaison du Kenya. » Et elle me disait « pas du tout c’est la catastrophe ! » Mais depuis la route tu ne vois rien. Tu ne croises que des bourgades assez développés, pas de petits villages pauvres, encore moins de bidonvilles. Après, est-ce qu’ils les cachent des touristes volontairement ? Je n’en sais rien…
Arrivées aux chutes Victorias, on a vraiment joué les touristes. On a fait du rafting. On est allées voir les chutes de jour puis de nuit, parce qu’il y a des arc-en-ciel nocturnes. On a pris un thé dans un hôtel type colonial.
Les gens J’étais avec mon amie et quelques potes à elle zimbabwéens. On a un peu parlé politique, mais en fait très peu. Ça reste tabou. Même si les touristes ne s’en aperçoivent pas forcément. Le pays est sous surveillance. Mon amie me racontait que dans presque toutes les organisations, les services, les bureaux, il y a une taupe qui rapporte tout.
Le tourisme Les chutes Victoria c’est Disneyland. C’est une petite ville avec de beaux hôtels, des petits cafés. La ville est totalement artificielle. Tu peux faire du rafting, des tours en hélico au-dessus des chutes et même du saut à l’élastique. Tu croises un peu partout des cohortes de touristes japonais ou américains qui voyagent la plupart avec des tour-operators. Il y a aussi un tourisme national. Je pense surtout des gens issus de la classe moyenne aisée. Pas forcément les très riches non plus. Le tourisme est bien organisé. Tous les hôtels ont un site internet.
« On n’appelle jamais à des boycotts, par contre on informe sur la situation dans le pays. Chacun fait son choix, on n’est pas la conscience des gens. Pour moi l’important c’est de voyager intelligemment. On ne peut jamais éviter totalement de donner de l’argent au régime, par contre on peut limiter ce qu’on donne. Par exemple quand je vais en Birmanie, je fais attention à ne pas aller dans un hôtel qui appartient aux militaires. Mais pour ça il faut se renseigner avant.
Sur place il y a une chose qu’il ne faut pas oublier : c’est que nous on repart, pas les gens qu’on rencontre. Il ne faut pas aborder directement les questions politiques. Dans certains régimes il y a des espions partout. Simplement il faut se montrer ouvert et laisser les gens venir à nous. Par exemple simplement se poser à la terrasse d’un café. Les gens viendront vous voir. Ils ont tellement peu l’occasion dans ces pays d’exercer leur anglais ou leur français. Et puis pour eux les touristes sont une véritable bulle d’air.
Moi je ne m’interdis aucun pays, à une exception près : la Corée du Nord. J’étais vraiment tentée, mais tout est tellement contrôlé que c’est impossible d’échanger, même deux mots. Alors vraiment je ne vois pas l’intérêt. »
Road Trip en Birmanie – Octobre 2012 – 3 semaines
Un road trip en Birmanie. Et pourquoi pas ? Au départ Thanh Xuan, 30 ans et son copain hésitent avec le Laos. « J’avais envie d’un pays avec peu d’ouverture, pas encore très touristique. » Finalement c’est la météo qui tranchera en faveur de la Birmanie : « à cette période c’est la fin de la mousson dans la région et elle se finit un peu plus tôt en Birmanie. Et puis c’est un pays qui tend à s’ouvrir, ou en tout cas il y a un balbutiement. J’avais envie d’y participer. » Le pays reste aux mains de la junte militaire. Pas cool, mais le couple essaye de voyager éthique. « Bien sûr une partie de l’argent va au gouvernement, on ne peut pas y échapper. Mais en prenant les transports locaux, en mangeant dans des boui-bouis on peut donner un peu d’argent aux populations. »
« Ils labourent les champs grâce à des charrues tirées par des bœufs » / Crédits : CC
Visa Pour le visa, ça a été vraiment facile. L’ambassade est juste à côté de mon boulot. Quand tu passes la porte, c’est assez étonnant. Tu entres dans un appartement haussmannien et pas un chat. J’étais absolument seule à être venue remplir les papiers. Ils te demandent de justifier de ta première nuit d’hôtel et de payer 25 euros. Une semaine après le visa était prêt.
Trip En général quand on voyage, on est plutôt sac-à-dos et nuit chez l’habitant, pour vraiment allez à la rencontre des gens. Mais là ce n’était pas possible, donc on a débarqué avec deux nuits réservées dans une chambre d’hôtel à Rangoun. De là, on est partis faire un trip dans le pays. On a beaucoup voyagé, surtout en bus. J’ai découvert un pays très peu développé. Ils labourent les champs grâce à des charrues tirées par des bœufs et dans les rues des villes on voit des chèvres, des cochons qui souvent se nourrissent d’ordures et bien sûr des rats.
Les gens A Mandalay, on a tapé la discute avec deux moines Bouddhistes, la trentaine, super sympas. Pour eux, rencontrer des touristes, c’est vraiment une ouverture sur le monde. Ils avaient un petit cours d’anglais, ils nous ont demandé de venir. Sinon dans la rue, les gens nous photographiaient, même dans les grandes villes. Même s’il y a de plus en plus de touristes, on reste pour eux une étrangeté. On a pu un peu discuter politique avec les gens. Ils parlent beaucoup d’Aung San Suu Kyi. Ils te la servent à toutes les sauces. Ils en sont très fiers et ils savent que les occidentaux veulent entendre ça. Mais difficile de savoir autre chose.
Big brother En Birmanie la police est partout et les gens vivent comme s’ils étaient en permanence sur écoute. Un jour on était en pleine conversation avec un chauffeur de taxi. Le véhicule roulait au pas et à un moment on passe à côté d’un groupe de personnes. Le chauffeur nous fait « chut ». Et après il nous explique « on ne sait jamais. Il y a des espions ».
Le tourisme Il y a un vrai boum. Il y a de plus en plus de tour-operators. Après on ne peut pas non plus parler de tourisme de masse. On a vu débarquer des Américaines en minis shorts alors que les femmes se baignent tout habillées. Ou ce couple de Français de soixante ans qui critiquait tout : c’est sale, ça pue… Ils n’ont qu’à aller au Club Med !
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