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    20/07/2010

    L'ex-leader de la Tribu Ka décortique son buzz médiatique

    Kémi Séba: « Visiblement je réponds à une demande»

    Par Samba Doucouré

    StreetPress voulait aller à Plaisir pour en savoir plus sur le centre de loisirs pour « petits noirs » de Kémi Séba. L'activiste himself nous appelle pour caler une interview: On ne verra pas le centre de loisir mais au moins Kémi régale les Coca.

    Pourquoi est-on passé en l’espace d’une nuit d’un centre de loisir pour enfants noirs à un simple rassemblement d’amis?

    On n’est pas passé d’un statut à un autre. Jusqu’à preuve du contraire lorsque des jeunes se réunissent on appelle ça un rassemblement. De même lorsque des parents se réunissent, on appelle ça un rassemblement. C’est la presse qui a eu une vision étriquée en qualifiant le Black Pempers Center de « centre de loisir » exclusivement réservé aux Noirs alors que cela n’a jamais été présenté de cette manière là.

    Pourtant dans votre communiqué de presse vous indiquez bien que c’est un centre de loisirs…

    Est-ce que « centre de loisirs » est une marque déposée?

    C’est une structure qui se met en place dans un certain cadre légal…

    Moi je n’ai pas besoin de l’autorisation du maître blanc si je veux ouvrir une école. Par manque de temps et de moyens pour l’instant, on reste dans la logique du centre de loisirs – ou du rassemblement si vous voulez. On a des locaux, on reste dans la sphère privée. En France vous avez encore le droit de promener vos enfants où vous voulez et de vous réunir avec vos amis.

    Kémi Séba en 5 dates


    • 2004: Kémi Séba fonde la Tribu Ka qui sera dissoute en 2006 pour « incitation à la haine raciale »
    • 2008: Création du Mouvement des Damnés de l’Impérialisme dont l’objectif est de « mettre un terme à l’hégémonie des impérialistes (axe americano-sioniste, illuminatis (sic) et autres groupes occultes impérialistes) »
    • Avril 2008: Condamnation à six mois de prison, dont 2 fermes, après avoir reconstitué entre 2006 et 2008 la Tribu Ka sous le nom de Génération Kémi Séba
    • 2010: Kémi Séba est nommé ministre francophone du New Black Panther Party
    • Juillet 2010: Création du Black Pempers Center un centre de loisir pour enseigner l’histoire du peuple noir aux enfants

    Pour s’occuper des enfants qui viennent de l’extérieur, il faut tout de même du personnel qualifié, répondre à des normes de sécurité…

    Quand je vois le nombre de mamas noires qui vont récupérer à la sortie de l’école des petits blancs… Cela me fait penser que finalement, beaucoup de Français trouvent que nos mamans sont très bien qualifiées sans avoir pour autant de formation pour s’occuper des enfants ! Ces mamans font partie de l’équipe encadrant le Black Pempers Center.

    Êtes-vous satisfait de la couverture médiatique concernant le Black Pempers Center?

    Vous me croyez ou pas, c’est pas trop mon souci. Les médias aiment raconter ce qu’ils veulent, les personnes qui me connaissent ne les croient plus. La médiatisation et la diabolisation ne m’ont pas blessé. En revanche les parents des enfants eux l’ont été. Il se sont sentis instrumentalisés par un système qui veut jeter en pâture les Noirs lorsqu’ils veulent s’organiser.

    Pourquoi toujours jouer la carte de la provocation ?

    C’est quoi de la provocation ? Qu’un Noir dise ce qu’il doit dire ? Qu’il ne lise pas le prompteur ?

    Lorsque sur le plateau de BFM TV vous appelez le journaliste Alain Marshall « missié » ou que insultez Patrick Lozès, c’est de la provocation…

    « Clichés contre clichés, certains pensent que ça ne fait rien avancer, moi je pense le contraire »

    On vit de manière perpétuelle une situation de provocation. Il y a des gens qui pensent qu’il est temps de durcir le ton et que ce n‘est pas être agressif que de répondre de manière virile. D’autres préfèrent répondre de manière émasculée, sourire toujours bêtement, être un bon nègre…. Lozès tu ne sais pas ce qu’il a dit sur moi. Tu n’es pas au courant de ce que je sais concernant un certains nombre de personnes qui le payent. Ce genre de personnes je préfère leur répondre par l’ironie ou le mépris.

    Quand vous dites toujours sur BFM TV que Roman Polanski « sodomise des petites filles » vous êtes dans la pure provocation

    Des petites filles de 13 ans .. C’est vrai ou pas ?

    Vous avez des preuves pour la sodomie ?

    Moi je ne fais que répéter ce qu’ont dit un certain nombre de médias et de personnes de la classe politique qui n’ont pas été interpellés par StreetPress.

    C’est surtout Marine Le Pen qui a parlé de ça en évoquant le livre de Frédéric Mitterrand…

    Ah bon ? Y’a Montebourg aussi [note de la rédaction: assertion non vérifiée]. C’est pas parce que le grand-méchant loup va dire une vérité que je ne vais pas la dire sous prétexte que c’est votre grand méchant loup.

    Sur BFM TV, c’était la première fois que vous étiez en direct sur une chaîne majeure. Est-ce que le regard des médias à évolué à votre égard?

    J’ai déjà fait un direct sur le plateau d’une chaîne afro. D’après quelques journalistes qui me sont proches, cela est dû à l’internationalisation de mon combat. Le fait d’être soutenu par le New Black Panther Party qui est une organisation afro-américaine joue, je pense.

    Ce New Black Panther party qui n’est pas soutenu par les anciens membres du Black Panther originel…


    Vidéo Clichés contre clichés

    Comme qui ? Ceux qui sont vivants ? Généralement ceux qui sont vivants après une guerre comme celle qu’ont reçu les Black Panthers originaux sont peut-être ceux qui dérangeaient moins le système. Quand j’entends Bobby Seale qui parle … Bobby Seale n’a jamais été mon ennemi mais n’a jamais été mon modèle. C’est Kwame Turé alias Stokely Carmichael qui est mon exemple. Il a soutenu le New Black Panther et a quitté le Black Panther car cette organisation se rapprochait beaucoup trop des pseudo-progressistes blancs. Le New Black Panther Party a été classé comme l’organisation noire la plus dangereuse aux États-Unis selon un classement de la CIA ce qui pour moi est une médaille.

    Est-ce qu’au fond ce n’est pas essentiellement votre image de grande gueule – pour ne pas dire provocateur – qui vous fait buzzer sur Internet ?

    Possible. L’analyse est très simple: il y a tous types de noirs, des McDoom, Magloire, Thuram, Pocrain ou Lozès. Chacun est libre de se reconnaître à travers qui il veut mais il y en a d’autres qui apparemment ont envie de voir des Noirs avec des dents plus acérées. Visiblement je réponds à une demande. Mon image est celle d’un noir qui ne veut pas être dans les clichés que l’on diffuse depuis des années. Je préfère être un provocateur plutôt qu’un lèche-bottes. D’autres ne partagent pas cet avis, il y a toujours eu des nègres de maison.

    Thuram que vous citez, il entre dans la catégorie des lèche-bottes ?


    BFM TV Kémi Séba invité en direct

    Je ne veux pas décerner des points. Thuram est au Haut Conseil de l’Intégration et je ne suis pas sûr que travailler là-bas soit une bonne chose. Puis à titre personnel je n’ai pas apprécié comment il a critiqué en public Evra. Cela aurait dû se faire en privé, les nègres qui hurlent avec les loups j’ai souvent envie de leur cracher au visage. C’est l’histoire qui dira si Thuram est un Oncle Tom.

    Qu’avez-vous pensé de ce qui a été dit concernant l’équipe de France?

    Au risque de surprendre, lorsque j’entends des Finkiel-crotte se gausser devant une équipe de France « Black Black Black », « d’une bande de racaille » cela me fait sourire. J’ai envie de dire « poussons le raisonnement jusqu’au bout ». Dans les médias beaucoup de personnes sont des juifs et ce n’est pas un gros mot de l’affirmer.

    Ca c’est encore un cliché…

    C’est tout autant cliché que de dire que les Bleus sont une équipe « Black Black Black ». Il y a beaucoup de juifs dans les médias et si je me trompe que je sois fouetté comme Kunta Kinté l’a été.

    En répondant à un cliché par un cliché vous ne mettez pas de l’huile sur le feu?

    Ce qui fait avancer la société c’est le débat. Dans cette société, lorsque l’on tient un discours lisse on n’est pas écouté. J’ai débuté mon activisme il y a onze ans avec les Nations of Islam. A l’époque j’étais très calme et discret et j’ai vu ce que ça a donné. Je me suis rendu compte que j’ai commencé à déranger les autorités quand je pointais du doigt des problèmes réels de fond dont personne n’osait parler. Clichés contre clichés, certains pensent que ça ne fait rien avancer, moi je pense le contraire.

    Vous pourriez être là sans Internet ?

    Avant qu’existe Internet je faisais ce que j’avais à faire. Moi je ne m’intéresse pas à Internet, c’est Internet qui vient à moi. On communique avec ce support-là parce qu’on a des génies informatiques. Ces derniers temps grâce à l’aide de nos frères afro-américains, on a la possibilité d’avoir des facilités.

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