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    04/05/2013

    5 questions à Samuel Raymond, médiateur du teknival de Cambrai

    « Sur les teknivals, Valls est pire que Sarkozy »

    Par Côme Bastin

    Des bombes héritées des guerres mondiales seraient présentes sur le spot du Teknival de ce week-end. Vieux de la vieille des raves, médiateur auprès des pouvoirs publics pour l'évènement, Samuel Raymond revient sur la polémique.

    « Fais Péter ! » La devise des teuffeurs n’a jamais autant été d’actualité: les autorités viennent d’annoncer que le terrain sur lequel va se dérouler le Teknival ce week-end, à Cambrai, était potentiellement parsemé d’obus divers datant des deux guerres mondiales. La préfecture du Nord a même carrément donné consigne aux festivaliers de ne pas « enfoncer trop profondément les piquets de leurs tentes dans le sol », afin d’éviter de titiller une bombe enfouie.

    Samuel Raymond a 40 ans et participe à l’organisation des raves depuis longtemps. Médiateur de l’évènement, il revient avec nous sur la polémique, et en profite pour dresser un bilan plutôt amer des relations récentes entre l’État et les raves.

    Salut ! Alors c’est quoi cette histoire d’obus ?

    On a déposé un dossier auprès du ministère de l’Intérieur il y a plusieurs mois mais le site ne nous a été attribué que jeudi dernier ! Lundi, la préfecture a constaté que le terrain n’avait pas été « dépollué » et qu’aucune étude pyrotechnique n’avait été faite sur son sol. C’était un important terrain de combat terrestre et aérien durant les deux guerres mondiales. Il est possible qu’il reste des obus sous terre. Les risques restent cependant très limités, et comme tout le monde est déjà sur place, il est trop tard pour annuler. La préfecture n’est pas à blâmer, elle a été prévenue in-extremis. C’est le ministère de l’Intérieur qui a géré ça n’importe comment alors que c’est la vingtième édition et qu’on s’y était pris bien à l’avance.

    J’ai entendu dire que c’était des obus au gaz moutarde datant de la première guerre mondiale, ça promet !

    Non ça c’est autre chose. Par une triste coïncidence, il y a eu un exercice de sécurité civile sur ce terrain en 2009 avec comme thème : un obus au gaz moutarde datant de la Première Guerre mondiale explose lors d’une rave-party, comment réagissent les secours ? Après, c’est sûr que ça n’arrange pas le climat ambiant.

    Comment se passe la relation avec les autorités en général ?

    Comme j’expliquais, il faut faire un distinguo. Avec les préfectures, on est dans l’opérationnel, on gère les trucs dans l’urgence. Ca se passe bien, même si c’est parfois compliqué pour eux : ils sont prévenus à la dernière minute et doivent trouver des centaines de pompiers et de bénévoles pour encadrer le tekos.

    Du coté des ministères, par contre, on déplore vraiment un manque de concertation. On n’arrive pas à avoir de réunions, on se retrouve toujours à connaître le lieu dans l’urgence une semaine avant le festival…

    En tant que médiateur entre l’État et les collectifs de sons, je peux dire que la politique de concertation est un échec. Il n’y a aucun dialogue avec les associations, et on se fait tout le temps taper sur la gueule à grand renfort de clichés sur notre communauté. Avec l’arrivée du nouveau gouvernement c’est pire : alors que Sarkozy, en tant que ministre de l’Intérieur, avait lancé des initiatives et ouvert la discussion, Valls considère que ce dossier doit être traité à la va-vite, et il est carrément idéologiquement opposé a ce genre de rassemblements festifs. Il est bien plus rigide que Sarkozy sur les Teknivals.

    Valls est bien plus rigide que Sarkozy sur les Teknivals

    Comment tu vois les Teknivals et la scène rave évoluer dans les temps à venir ?

    Après ce Teknival et sa gestion calamiteuse, il va vraiment falloir que les choses bougent et qu’on ait une discussion avec tous les ministères concernés par la scène techno : jeunesse, culture, santé, intérieur. Si elle n’a pas lieu, la communication sera définitivement rompue.

    Ok. Et sinon, ce week-end, tu le sens bien ?

    Ouais c’est mortel, tout le monde s’est donné du mal, on a gros mur de son avec 150 kilos de Funktion One et de Void Impulse (parmi les meilleures enceintes pour la musique électronique). On a même le Sound System du Boom festival en renfort ! Les collectifs Technocrates et Ph4 sont de la partie, et il n’est pas exclu que des ex-membres des Spiral-Tribes (sound-system londonien à l’origine de free-parties légendaires) fassent leur apparition…

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