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    03/05/2013

    Autant le dire tout de suite : ça n'a pas marché

    J'ai testé l'hypnose pour guérir mon rhume des foins

    Par Antoine Massot

    « On va faire comprendre à ton inconscient que tu peux aussi bien respirer sans éternuer à mon cabinet qu'au parc des Buttes-Chaumont. » Voilà la formule qu'a tenté d'appliquer Antoine, allergique depuis ses 6 ans.

    Éternuements incessants, yeux irrités, nez pris… Le printemps a toujours été pour moi un enfer. La saison des graminées et autres saloperies polliniques constitue une période extrêmement désagréable pour nous, les allergiques. Et ces derniers jours, le taux de pollen de bouleau, de frêne et de platane a atteint « des records absolus » selon le dernier bulletin du RNSA.

    Désensibilisation Je suis allergique depuis l’âge de six ans et après avoir consulté des tas d’allergologues, on en a conclu que j’allais tout simplement en chier pendant le printemps. J’ai même subi un traitement sur cinq ans à base de piqûres régulières. Les médecins appelaient ça une « désensibilisation » mais ça n’a même pas fonctionné.

    Alors quand Elise, hypnothérapeute, m’a affirmé en marge d’une interview qu’elle pouvait « soigner l’allergie au pollen », c’est un peu par désespoir que je me suis dit pourquoi pas.

    Hypno-lecture La pratique suscite beaucoup de questionnements sur son usage et son efficacité. La référence que l’on a tous de l’hypnose se rapproche d’un spectacle du plus grand cabaret du monde ou de vidéos louches trouvées sur le net Mais il existe différents types d’hypnoses qui vont permettre d’agir sur différentes pathologies ou problèmes du quotidien.

    Des fumeurs, par exemple, consultent pour arrêter leur vice. Mais aussi des personnes qui souffrent de dépression, de stress, d’insomnie ou de phobie. Il existe même de « l’hypno-naissance » dédiée à une préparation de l’accouchement et des peurs qui l’entourent. « L’hypno-lecture » quant à elle permet de lire des livres en se focalisant uniquement sur les informations à retenir et ainsi réduire son temps de lecture. Guérir une allergie devrait donc être une partie de plaisir pour mon hypnotiseuse.

    Zen, soyons zen Jeudi, en pleine après-midi, je pousse les portes du cabinet d’Elise, hypnothérapeute à Paris depuis maintenant un an. Formée à l’IFHE (Institut Français d’Hypnose Ericksonienne, si si), elle m’accueille dans son cabinet flambant neuf où l’on peut encore sentir l’odeur de la peinture fraîche appliquée sur son mobilier. La musique imite l’écoulement d’une cascade tandis que les petits piaillements d’oiseaux apportent un côté « Nature et découverte » au lieu. Elise bascule sur un best-of de berceuses du Moyen-Orient avant de me faire assoir.

    Pour démarrer la séance, elle me pose quelques questions sur mon allergie au pollen. « A quel âge avez-vous commencé à être allergique ? », « Que représente cette période de votre vie ? » et « Avez-vous des problèmes familiaux ? » Puis, elle note soigneusement sur un papier mes réponses personnelles avant de déclarer :

    « Aujourd’hui, nous allons faire une hypnose humaniste, c’est celle que je préfère. »

    Cette technique consiste à plonger le sujet dans un « état de conscience augmentée », avec un échange entre le sujet et l’hypnothérapeute. En gros, contrairement à l’hypnose classique, le patient répond à des questions afin de « guider l’hypnose » et permettre à l’hypnothérapeute d’identifier les problèmes pour mieux y remédier.

    A quel âge avez-vous commencé à être allergique ?

    Voyage aux Buttes-Chaumont « Vous allez fermer les yeux calmement et ressentir votre corps qui se relâche et se détend ». Ça sonne comme le début de l’hypnose. L’intonation de la voix d’Elise change brusquement, elle devient douce et sereine. Elle prend soin de parler lentement et traine sur les mots en répétant des adjectifs comme « positif», « bon », « agréable » ou « bénéfique ». « Tout ce que vous respirez est bon et positif. Vous êtes plongé dans un espace sans pollen où l’air est pur ». Je respire profondément. Elise fait de même pour m’accompagner jusqu’à « la porte du voyage hypnotique ».

    « Vous sentez comment l’air est bon dans cette pièce ? Vos poumons se remplissent de choses positives. »

    J’inspire et expire au rythme de ses paroles. Ensemble, nous traversons Paris dans un voyage mental. « On va faire comprendre à ton inconscient que tu peux aussi bien respirer sans éternuer à mon cabinet qu’au parc des Buttes-Chaumont. » Je me sens de plus en plus relaxé, rassuré et transporté. Mon corps et mon esprit fonctionnent en pilote automatique. Un sentiment de contrôler un rêve tout en étant conscient d’être dans la pièce.

    « Vous allez imaginer un lieu dans lequel vous vous sentez bien, où vous pourrez respirer de façon saine et décontractée »

    Tout ce que vous respirez est bon et positif

    J’imagine alors un petit coin de verdure où je peux pêcher des truites dans une magnifique rivière. Je passe ma main dans les herbes hautes tout en longeant le cours d’eau en cherchant une bonne canne avant de taper mes lancers en toute tranquillité. D’habitude les poissons mordent rarement mais là c’est de la folie. Je ne veux plus quitter cet endroit. Plus la séance d’hypnose se déroule plus il devient compliqué de répondre à l’hypnothérapeute. Je prends parfois deux minutes avant de sortir un mot…

    Construction mentale Mais après une vingtaine de minutes, Elise me sort de ma rêverie et me demande de symboliser mon allergie au pollen sous la forme d’un objet. Et de l’exploser pour m’en débarrasser. J’aurais préféré rester pêcher mais je dois absolument détruire cette allergie.

    L’objet en question est un cercle en bois. Ne me demandez pas pourquoi mais mon allergie au pollen est symbolisée par ce truc. Je le brûle à petit feu pour mieux voir ses cendres emportées par le vent. L’image est belle. Elise me demande d’ouvrir doucement mes yeux. A ce moment précis, je ressens comme un état ultime de confort. Rien à voir avec une sieste ou le réveil du matin. Bien que la notion du temps soit complètement perdue, la séance aura duré environ quarante minutes. Je me tourne vers Elise tout en revenant « à la réalité » : « Alors ? On se sent comment ? »

    Atchoum Je me sens foutrement bien, je dois l’avouer. Mais cela a-t-il suffi pour soigner cette allergie ô combien gênante ? L’expérience en elle-même est assez fun en termes de gestion du stress et de relaxation. Mais les nombreux éternuements qui ont suivis la séance m’ont remis sur la voie des antihistaminiques. Certains pourront même dire que cette hypnose n’est que pure escroquerie et arnaque. Le road trip spirituel a été très agréable mais à 80 euros la séance, peut-être que faire un tour chez la masseuse thaï du coin aurait été tout aussi relaxant.

    bqhidden. Alors ? On se sent comment ?

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