Place des fêtes, 11h30, les gamins jouent dans le parc tout proche, à l’ombre des arbres en fleur. À quelques pas de là, des personnes installent une sono sur une camionnette. Des drapeaux noir et rouge d’Alternative Libertaire flottent au vent. Un peu plus loin, les syndicalistes de la Confédération nationale du travail (CNT) installent un stand de livres tandis que le camion de la Fédération anarchiste arrive.
En France, syndicats et organisations politiques de gauche se partagent l’héritage de du premier mai. Avec, pour les anars, une sympathie certaine pour cette journée puisque la mobilisation tire ses origines des luttes syndicales menées par les anarchistes à la fin du XIXe siècle.
Autogestion – Mehdi et Cyril, la trentaine et la barbe tous les deux, sont sympathisants anarchistes, membres d’aucune organisation. Eux sont venus par « sensibilité libertaire » à ce défilé. Et puis pour distribuer des tracts pour la Foire de l’autogestion qu’ils organisent le 8 et 9 juin prochain à Montreuil. Pour Mehdi, plus qu’un symbole, ce rassemblement « permet de diffuser les idées anarchistes, comme la démocratie directe ou l’autogestion ».
«Et puis ça met un peu de baume au cœur de se retrouver tous ensemble.»
Mehdi s’attend cette année à moins de monde que les années passées. «Il n’y a pas d’élection et puis Sarko n’est plus là» explique-t-il. Il regrette par exemple le peu de médiatisation autour de l’Accord national interprofessionnel, dont est issue la loi dite de sécurisation de l’emploi. Un peu plus loin, les airs de musique commencent à résonner. Deux joueurs d’orgue de barbarie, casquette vissée sur la tête, égrènent des chansons révolutionnaires tombées en désuétude et créent un attroupement autour d’eux.
Mobilisation Aux alentours de 13h, le cortège se met en branle, direction Belleville, aux cris de « Partage des richesses » et « Révolution sociale et libertaire ». Les slogans traditionnels, comme « À bas l’État, les flics et les patrons » côtoient des « Pendons les millionnaires » beaucoup plus explicites. Le cortège est calme, hérissé de drapeaux noirs, rouges et de la seconde république espagnole.
Beaucoup de personnes, surtout à l’arrière du défilé, ne font pas partie d’une organisation anarchiste. Les discussions vont bon train. Pour Violaine, il est logique que les anarchistes organisent un défilé séparément des syndicats pour le 1er mai. « Les forces politiques n’ont pas à se substituer aux organisations syndicales » avance-t-elle. Avant de reprendre: « C’est un souci d’indépendance. Et puis ça permet aux militants de défiler avec les organisations politiques le matin et avec les syndicats l’après-midi. »
Il n’y a pas d’élection et puis Sarko n’est plus là…
Ca permet de défiler avec les organisations politiques le matin et avec les syndicats l’après-midi
Parti Communiste Ils étaient plus d’un millier de personnes dans le cortège, rue de Belleville. Alors que le cortège passe devant un stand tenu par trois militants du Front de gauche, un cri sort de la manif : « Attention, attention ! Des membres du PCF vont tenter de vous vendre du muguet ! » Rires jaunes du côté des mélenchonistes, un peu perdus au milieu de cette marée noire. Renseignements pris, ils vivent dans le quartier. «Tous les ans on se met ici. C’est eux qui défilent à chaque fois devant notre stand!» La manif poursuit son chemin. Les colleurs d’affiches en tous genres s’activent. La très ironique « C’est la crise, travaillez plus, mangez moins et fermez-la » rencontre beaucoup de succès.
Jonction Deux jeunes femmes, qui tiennent à rester anonymes, défilent elles aussi par sympathie libertaire. « Je ne me reconnais pas dans les défilés syndicaux » admet la plus âgée des deux qui ne répond pas quand on lui demande si elle manifestera l’après-midi. Sa camarade, elle, enchaînera, le cortège qui part de la place de la Bastille. « Plus pour la balade du dimanche que par conviction. Les manifs-ballon, c’est pas trop mon truc. »
Vers 15h, la manif anarchiste arrive place de la Bastille. Les grosses centrales syndicales s’apprêtent à partir. Les petites sonos anar ont bien du mal à se faire entendre. Certains manifestants rejoignent le nouveau cortège, les autres rangent les drapeaux.
« Les manifs-ballon, c’est pas trop mon truc. »
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