Après Thomas et Carole , en couple depuis trois ans et ce malgré les nombreux kilomètres qui les séparent, au tour de Deborah et Julien ensemble depuis plus de deux ans. Lui a 25 ans, en alternance dans une PME, il s’occupe du réseau informatique. Tandis qu’elle, plus jeune d’un an, finit des études dans le tourisme. Banal me direz-vous. Sauf quand la politique s’en mêle – ou qu’ils se mêlent de politique… Deborah avait sa carte à l’UMP et Julien est communiste, de ceux qui trouvent que Robert Hue « a bien retourné sa veste » !
Assis côte à côte, ils marquent un temps d’arrêt avant de répondre à la première question. Par peur de se griller la politesse, sans doute. Au début chacun prend des pincettes. Au fil de l’échange la conversation se libère et les piques fusent, toujours avec le sourire.
On vit dans une société où tout est précaire, pourquoi l’amour échapperait à la règle ?
Deborah : Justement c’est grâce au couple qu’on trouve notre stabilité. Julien m’apaise beaucoup au quotidien et il m’accepte tel que je suis. C’est très important car avant j’avais vécu une relation qui m’avait beaucoup fait perdre confiance en moi.
Julien : Les coups d’un soir, ça n’a jamais été mon truc. Je suis hyper féministe en fait… ( Deborah acquiesce : « plus que moi ! » ) Je ne me suis jamais laissé aller à ces délires de mecs. J’ai toujours pensé qu’une relation était plus intéressante quand tu la vivais à fond.
Vous venez de milieux très différents ?
Deborah : Moi je suis enfant unique, issue d’un milieu catho, plutôt bourgeois et très à droite. A 18 ans, il m’a dit de prendre une carte dans un parti, celui que je voulais, pour découvrir un peu plus la politique. J’ai donc choisi l’UMP parce que c’est le parti qui représentait le plus mon milieu et sans doute les attentes de mon père. C’était un peu pour qu’il me foute la paix.
Julien : A l’origine, ma famille était plutôt modeste. Quand je suis né mon père était au chômage et ma mère avait un petit boulot donc on ne roulait pas sur l’or même si je n’ai manqué de rien. La situation a heureusement pas mal évolué. Aujourd’hui ils vivent plutôt correctement. J’ai toujours baigné dans un milieu très à gauche : grand père encarté au PC et mon père était aux jeunesses communistes. Même si j’ai des désaccords sur certains sujets avec mon père, je m’inscris clairement dans la même famille politique.
redaction@streetpress.com
J’ai toujours pensé qu’une relation était plus intéressante quand tu la vivais à fond
Vous avez flippé quand vous avez découvert les opinions politiques de l’autre ?
Deborah : Ce qui m’a fait peur, c’est quand j’ai commencé à me projeter sur le long terme. Aujourd’hui, pour moi, Julien est le futur père de mes enfants. Ma vision de la famille c’était : mariage à l’église, baptême et école privée… J’avoue que dans ce tableau mes enfants ne finissent pas communiste. On en a beaucoup parlé.
Julien : Et chacun a fait des concessions, en gros le mariage à l’église pourquoi pas. C’est plus important pour elle que pour moi donc je lui laisse le choix. Mais baptiser ses enfants, c’est tout de suite les mettre dans un truc qu’ils n’ont pas demandé, donc je suis contre.
Et si vos enfants prenaient leur carte au MoDem ou au FN ?
Julien : Le MoDem, je me dirais que ça lui passera ! Le FN… J’aurais une grosse discussion pour comprendre et je me demanderais ce que j’ai raté.
Deborah : C’est vrai que le FN ce serait dur. Moi j’ai surtout peur qu’ils prennent leur carte au PC ! Julien est plus militant que moi, j’ai peur qu’il ait plus d’influence.
Julien : De toute façon toi, dans 10 ans, tu voteras PS, donc ça passera mieux…
Deborah : Peut-être que ce sera toi qui seras devenu plus réaliste. Plus sérieusement je me dis que si son engagement est sincère alors je le soutiendrais. Aujourd’hui c’est moi qui pousse Julien à prendre sa carte au PCF. Il a des idées, un discours construit, autant qu’il les mette en action.
Et dans trois ans vous imaginez votre relation comment ?
Julien : Une vie professionnelle plus stable déjà et bien sûr toujours ensemble.
Deborah : Sans doute plus sur Paris et pas forcément mariés. Mais au moins des fiançailles !
Leurs premières fois
> 1ere rencontre : février 2011
> 1er baisé : 26 avril 2011, jour de l’anniversaire de Deborah
> 1er petit-déjeuner : 27 avril 2011
> 1er élection passée ensemble : 22 avril 2012
> 1ere nuit dans leur appart : novembre 2012
> 1ere fois d’accord sur une question politique : février 2013 et le débat sur le mariage gay
bqhidden. J’ai surtout peur que mes enfants prennent leur carte au PC !
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