Un printemps érable, version 2013 ? Mardi 5 mars dans la soirée, plusieurs milliers d’étudiants sont sortis dans les rues de Montréal en réaction à la hausse des frais de scolarité annoncée par la premier ministre Pauline Marois. C’est la deuxième fois en une semaine que les étudiants québécois manifestent dans les rues. Un mouvement de contestation qui intervient presque un an jour pour jour après le début de « printemps érable », qui avait paralysé les universités de la province pendant presque 6 mois.
Remember La manifestation de mardi soir arrive une semaine après le sommet sur l’éducation organisé par le gouvernement québécois et qui devait mettre fin au conflit du printemps 2012.
Souvenez-vous, le gouvernement libéral de Jean Charest avait fait voter une hausse de 1.625 $ des frais de scolarité. De février à septembre 2012, les associations étudiantes avaient fait campagne contre la mesure , menant à la défaite de Jean Charest et à l’élection de Pauline Marois, qui avait immédiatement annulé la hausse.
Sauf que beaucoup d’étudiants n’ont pas digéré la décision de la nouvelle PM Pauline Marois « d’indexer » pour chaque année la hausse des frais de scolarité sur le coût de la vie – une mesure annoncée pendant sa campagne. L’équivalent d’une hausse de 3 %, soit 70 $ par étudiant, pour 2013-2014.
Le 26 février déjà , ils avaient été 5.000 à manifester dans les rues de Montréal. Une manifestation où des violents heurts ont opposé les étudiants aux forces de l’ordre et qui s’est soldée par 13 arrestations.
Map -Tu étais nul en géographie ? Montréal c’est ici!
L’austérité, de Montréal à Athènes
Bis repetita Mardi soir la manifestation est de nouveau partie en sucette entre les manifestants et les forces de l’ordre lorsque le service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) a décidé de disperser la foule. Tout avait pourtant bien commencé au parc Emilie-Gamelin, lieu emblématique du « printemps érable », pour cette première « manif’ nocturne » de 2013. Mais vers 22 h des manifestants ont fait voler en éclats plusieurs vitrines – on dénombre un Starbucks et la devanture d’un hôtel Sheraton parmi les dommages collatéraux, et le SPVM a sonné la charge. Pendant plus de deux heures, policiers et manifestants ont joué au chat et à la souris dans les rues de Montréal, échangeant grenades assourdissantes pour les uns et feux d’artifices ou boules de neige pour les autres.
Au final le SPVM a procédé à plus d’une soixantaine d’arrestations, la plupart pour attroupement illégal en marge de la manifestation. On dénombre deux blessés : un policier touché par un feu d’artifice à l’œil, et un étudiant atteint par un éclat de grenade assourdissante.
C’est quelque chose qui a un impact lourd sur nos études. Ça demande beaucoup de courage
Strike !
Gratuité « Avoir une nouvelle hausse sur les bras ce n’est pas ce que l’on souhaitait », explique, jointe par StreetPress, Blandine Parchemal, porte-parole de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante, une des plus importantes associations étudiantes au Québec qui milite pour la gratuité scolaire. Son syndicat mène cette nouvelle fronde et a boycotté le Sommet sur l’enseignement supérieur de la semaine dernière, où il avait été invité :
« Dès le début on avait dénoncé la forme du sommet. C’était un bel exercice de relation publique, mais ce n’était pas un vrai sommet sur l’éducation », justifie Blandine Parchemal.
L’augmentation des droits d’inscription est moins brutale que celle qui a entraîné le « printemps érable ». Mais Guillaume Beauchamp, étudiant, est quand même retourné dans la rue : « Avec la réflexion qu’on a pu avoir pendant le printemps 2012, on a compris que ce serait un investissement souhaitable pour le gouvernement de payer les frais de scolarité de tous les citoyens. »
Dès le début on avait dénoncé la forme du sommet. C’était un bel exercice de relation publique
Bataille de boules de neige avec la police
Plouf ? Alors, y aura-t-il un nouveau printemps érable en 2013 ? Rien n’est moins sûr car contrairement au printemps dernier, une majorité d’étudiants ne semble pas prête à se mettre en grève. Pour la Fédération des étudiants universitaires du Québec (FEUQ) qui représente plus de 125.000 étudiants au Québec, la grève n’est pas à l’ordre du jour. Seuls les membres de l’ASSE envisagent cette solution.
« Il y a beaucoup d’assemblées générales à venir dans les associations membres de l’ASSE. Ce sont elles qui dans les prochaines semaines vont voter des plans d’action contre l’indexation », annonce Blandine Parchemal, toujours dans l’expectative. Au Québec, les votes de grève se font par département ou faculté : dans certaines le poids de l’ASSE y est important.
Sarah, une manifestante, insiste, elle, sur la difficulté pour les étudiants québécois de descendre dans la rue :
« Je pense que c’est quelque chose qui a un impact lourd sur nos études. Ça demande beaucoup de courage. On préférait être en classe, mais c’est quand même notre devoir de le faire. »
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