Porte de Versailles (Paris 15e) – Plus de 100.000 articles ont été consacrés cette année au salon de l’agriculture. Un spectacle pour 700.000 visiteurs mais aussi à travers les médias pour des dizaines de millions de Français… A qui on a oublié de rappeler que pour ramener sa vache ou son cochon, il fallait… payer. Et pas qu’un peu.
Subventionnés Même si certains ont de la chance, comme Jean-Pierre Cahorel qui élève des vaches et des moutons à Avranches (50). Pour lui le salon de l’agriculture ne représente pas un budget très conséquent puisque c’est la Chambre d’agriculture de son département qui prend en charge son séjour : « Je ne paie de ma poche que l’hôtel et la nourriture », précise-t-il. Pour trois jours, l’hôtel ne lui coûtera que 200 euros, une somme qu’il dépense pour la première fois : « Avant on dormait dans la paille pour être auprès des bêtes, mais avec le bruit et l’inconfort, c’était l’enfer. » C’est toujours le cas d’autres éleveurs, qui, sans l’aide de coopératives, ne pourraient pas payer le transport des bovins, l’entretien sur place ou même les enclos.
A l’Union Pour la Protection des Races, on a déboursé 20.000 euros pour payer les frais de ses éleveurs. La directrice Tania Klein explique qu’il faut compter environ 1000 euros par vache, entretien, nourriture, enclos et transports compris :
« Ce n’est pas aux éleveurs d’assumer ce budget exorbitant, sans compter qu’il y a un manque à gagner quand ils ne sont pas à la ferme. »
Pour « assurer le plus de visibilité possible aux petits producteurs », la région Champagne-Ardenne a carrément déboursé 360.000 euros pour 350 mètres carrés de stands. 32 heureux producteurs locaux en auront donc bénéficié pendant le salon, en se relayant tour à tour tous les 2 ou 3 jours.
Pour louer un stand de 9 mètres carrés comme celui-ci, comptez 10.000 euros.
10.000 EUROS LE STAND Mais un peu plus loin Vincent Bogaert, brasseur dans le Nord-Pas-de-Calais, a du se débrouiller tout seul. Pour s’assurer une bonne visibilité, il loue un stand de 18 mètres carrés. Il explique que le tarif de base pour 9 mètres carrés est de 10.000 euros pour 9 jours. « On est donc sur un coût de 1.000 euros le stand par jour ! Vous vous rendez compte ? » A cela, il faut aussi ajouter le prix de la structure du stand (120 euros), le prix du parking (250 euros) ou la restauration. Tiens, le brasseur se rappelle aussi que pour chaque produit qu’il a inscrit au concours général agricole, il a du débourser quelques 150 euros.
PAS LA FORTUNE L’investissement est-il rentable ? Le chiffre d’affaires effectué sur le salon permet d’amortir une partie des coûts. Mais une partie seulement, admet l’éleveur Jean-Pierre Cahorel :
« En terme financier, on est plus perdants que gagnants à venir ici. »
Sur le forum des producteurs de « poule soie » (une race de poules domestiques), on a vite fait le calcul :
« Un stand à 10.000€, combien faut-il vendre de poussins à 10€ pièce… Réponse : 1.000 poussins pour payer le stand. Ensuite, il faut vivre sur place, manger et dormir. Et bien moi, je pense que ce n’est pas là que l’on fait fortune. »
D’ailleurs, Michel vient au salon avant tout « pour se faire plaisir, ou pour la reconnaissance personnelle de voir un de ses produits médaillé au Concours Général Agricole ». Le brasseur Vincent est aussi de cet avis. L’exposant le plus médaillé (au CGA) se rend au salon pour «faire sa com‘». «Grâce au salon, j’ai eu droit à mon passage sur TF1, et à de bonnes retombées dans la presse locale». Une petite notoriété qu’il savoure, mais à laquelle tous les paysans n’ont pas les moyens de goûter.
bqhidden. 1.000 poussins pour payer le stand. Ensuite, il faut vivre sur place, manger et dormir.
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€ 💪Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER