Mais qui est le musicien Cascadeur ?
Je dirais un inconnu, à l’univers cinématographique.
Le casque est-il une protection ?
Peut-être, mais c’est aussi une caisse de résonance.
Un homme casqué fait-il beaucoup fantasmer ?
Pour être franc, c’est difficile à dire. Sans doute un peu, vu que parfois j’ai des messages un peu étonnants. Mais un homme casqué sur scène, c’est un système de projection : on peut y voir qui on veut ! Donc je ne prends pas tout pour moi. Je suis aussi à l’abri de certains excès, vu que pour me capturer quelque part, il faut me connaitre sans casque. Et après les concerts, quand j’arrive dans ma loge, je me change tout de suite. En sortant, je suis donc un quidam.
Cascadeur est-il donc l’alter ego mystérieux et sensible d’Alexandre Longo, ton vrai nom ?
Je pense que ce n’est pas aussi cloisonné vu qu’il y a des échanges entre les deux. Je n’ai pas l’impression d’être un autre quand j’enfile l’habit de Cascadeur. J’ai même l’impression d’être un peu plus moi-même.
Le titre de ton album, « le poulpe humain » est une métaphore de toi-même ?
Disons que sur scène, j’ai l’impression de ressembler à un poulpe qui avance. Et puis j’aime les animaux, mais mon chat est mort lorsque l’album est sorti ! J’ai l’impression qu’il s’est éclipsé quelque part, Cascadeur prenait peut-être trop de place…
« I’m a walker, walker, walker, walker » est le refrain de “Walker”, le titre phare de l’album. Peut-on marcher longtemps en étant casqué ?
Dans l’imaginaire, tout le temps. Mais dans les faits, c’est vraiment très éprouvant. Et sur scène, c’est souvent une souffrance. Je crois que le meilleur régime, c’est d’être Cascadeur sur scène. Quand je fais du sport, je ne transpire pas moins que quand je suis Cascadeur !
Être un « walker », c’est un état d’esprit ?
C’est un état de fait aussi : marcher c’est nous tous, vu que c’est l’attribut de l’homme. C’est aussi un rapport à la méditation et à la réflexion. Beaucoup de penseurs ont besoin de marcher, c’est-à-dire avancer pour avoir du recul sur le monde.
Pour composer tes chansons, la nature et la méditation, ça compte pour toi ?
Curieusement, je suis un homme des villes. Avec mes parents, on est passés de Paris à Metz. J’étais souvent entouré d’arbres à Metz, mais vu que je n’ai jamais vécu à la campagne, je n’ai eu un rapport qu’avec la nature domestiquée. Pour moi, la nature est aussi intérieure, c’est le rapport que chacun entretient de l’espace.
Sur scène, tu es déjà apparu avec un chœur d’enfant. Chantais-tu déjà beaucoup étant enfant ?
Oui je crois. Je chantais déjà mal, mais je chantais sans doute beaucoup !
Et d’où vient ton amour pour le piano ?
Quand on est petit, on ne sait jamais si c’est un choix personnel ou parental. Je ne me souviens pas avoir dit à mes parents que je voulais faire du piano. Mais c’est après avoir fait 2 ans de piano que j’ai vraiment aimé en jouer.
Voudrais-tu faire des B.O. de films par la suite ?
Je suis en plein dedans ! Je compose la bande originale du prochain film d’Anne Le Ny. C’est une réalisatrice et actrice qui a déjà fait deux films : Ceux qui restent et Les invités de mon père. Le troisième s’appelle Cornouaille et sortira l’année prochaine. Il y aura notamment Vanessa Paradis, Samuel Le Bihan et Aurore Clément, qui jouent dedans.
« J’aime les animaux, mais mon chat est mort lorsque l’album est sorti »
Peut-on marcher longtemps en étant casqué ?
Que penses-tu de la french pop de Syd Matters ou de Cocoon, qui ont remportés comme toi le concours CQFD ?
J’aime beaucoup ce qu’ils font. Je suis très heureux de faire parti de ceux qui sont passés par le CQFD, il y a une filiation qui fait que l’on est un peu dans la même famille. J’ai beaucoup de respect pour tous ceux qui sont passés par ce concours.
Penses-tu que ton album peut bénéficier d’un bon export à l’étranger ?
C’est ma question, dès que je me retrouve face à des anglo-saxons. Mais je ne leur demande pas si ça va marcher : c’est plutôt du point de vue de l’accentuation, de la compréhension. J’en avais parlé avec les Midlake, et ils sont certains qu’aux Etats-Unis, il y a un public pour ce que je fais. Même si c’est touchant, pour le moment je n’ai pas encore joué à l’étranger.
Et pourquoi avoir choisi l’anglais pour chanter ?
Le fait d’être étranger, ça fait parti de mon projet aussi. On a un parcours d’immigrés dans ma famille, mais nous ne sommes pas issus du monde anglo-saxon. Ca me semblait bien d’amener mon histoire vers d’autres terres. L’anglais, c’est venu facilement vu que j’écoute beaucoup de musique anglo-saxonne. Mais c’est surtout une langue du secret vis-à-vis de ma famille, vu qu’elle parle peu anglais. C’est donc une forme de pudeur pour masquer mes émotions. Quand ils me demandent « mais qu’est-ce que tu dis là ? », je leur traduis grossièrement les paroles.
Et tu t’es déjà demandé comment le public anglo-saxon prononcera ton nom ?
Oui, et ce n’est pas évident pour eux ! Cascadeeerrrr !
Pour le live, plutôt concerts ou festivals ?
J’aimerais que mes concerts soient des festivals ! Mais comme ce soir, c’est un concert gratuit, je pense qu’au moins 85% ne connaissent pas Cascadeur. Les gens ne viennent pas forcément en sachant qui ils vont entendre. C’est un peu plus angoissant avant de monter sur scène.
A quoi ressemble l’univers scénique de Cascadeur ?
C’est curieusement assez sophistiqué, même si ça n’apparait pas comme ça. Il y a pas mal d’éléments : la vidéo, les lumières, la scénographie. Mais je ne voulais pas que ça se voie. Sur scène, je veux quelque chose d’assez fluide.
Du côté de tes favoris. Quel serait ton disque parfait pour une île déserte ?
Curieusement, je pense à un album instrumental. « You must believe in spring », disque jazz de la fin des années 70, du pianiste Bill Evans. C’est un disque très lyrique qui me bouleverse.
Un morceau qui a marqué ta vie ?
« A day in the life » des Beatles, un morceau très fort lié à mon enfance.
Et quel est ton dernier CD acheté à la Fnac ?
Le nouvel album de Bon Iver où le morceau d’ouverture est magnifique.
Hello my name is Cascadeeeeer
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