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    02/06/2010

    A la cérémonie des Y'a Bon Awards: 50% de moquerie, 50% de malaise

    Par Manuella Anckaert

    Jeudi 27 mai c'était la remise des Y'a Bon Awards par l'association les Indivsibles. Au programme: des prix récompensant les déclarations les plus racistes de l'année et la présentation d'un spot de lutte contre le racisme.

    L’association les Indivisibles organisait jeudi 27 mai la cérémonie des Y’a Bon awards, sorte de chronique d’une année de phrases racistes dans le paysage médiatique français dont les meilleures était récompensées. L’important de la soirée n’était pas de savoir qui était plus raciste que qui, mais bien de faire un constat du racisme ambiant et latent dans la société française.

    Tékitoi, le dessin-animé anti-raciste des Indivisibles

    Les Ya’Bon de cette année commençaient par une minute de silence devant une phrase de Claude Levi-Strauss exposée sur un écran noir : “Quand on cherche à caractériser les races biologiques par des propriétés psychologiques particulières, on s’écarte autant de la vérité scientifique en les définissant de façon positive que négative.”

    Rokhaya Diallo, la présidente des Indivisibles a ensuite présenté un nouveau dessin-animé baptisé “Tekitoi” destiné à sensibiliser le public au racisme. Un format court qu’on imagine bien passer deux minutes avant la météo. Le dessin animé a malheureusement un goût un peu trop policé à la France Television, où le raciste n’a pas l’air trop méchant voir presque sympa. Alors ok, Les Indivisibles utilisent l’humour et l’ironie, mais on émet un petit doute sur l’efficacité des vannes soft (voir très soft) et le caractère un peu ennuyeux des personnages du dessin-animé.

    « Tous les faits de roumains doivent être signalés »

    Tout au long de la soirée, le public mi-amusé mi-consterné est allé de “surprise en surprise” en lisant ou en écoutant les phrases sélectionnées par le jury des Y’a Bon. La phrase “Y’a pas plus raciste qu’un polonais” de Pierre Benichou, nous fait sourire, mais on ne peut pas en dire autant des autres phrases comme l’explique Arnaud Demanche, co-présentateur des Gérard de la télévision et du cinéma.

    Pendant les deux “spots racistes” de Bruno Megret à la machiavélique rhétorique, la salle consternée ne riait pas, et le rappel de l’autocollant de la SNCF photographié dans une rame de TER appelant les voyageurs à la délation des passagers roms (“tous les faits de roumains doivent être signalés”) mît l’assistance mal à l’aise.

    “Les Indivisibles”:http://www.lesindivisibles.fr/ est une association qui combat les préjugés racistes au travers d’actions telles que les Y’a Bon Awards, et utilise l’ironie et l’humour comme armes principales. L’initiative de ces césars du racisme est singulière en ce qu’elle n’a pas d’équivalent ailleurs. Selon Rokhaya Diallo la présidente de l’association, un projet d’adaptation par Noah Sow en Allemagne serait en cours.

    Le palmarès des Y’a Bon Awards 2010

    Le prix “Le bruit et l’odeur”: Jacques Seguela et son “Africain (qui) est heureux malgré les drames qu’il côtoie.”
    Le prix “Origines Contrôlées”: Nicolas Sarkozy pour la critique du vrai nom de Danny Boon, lors de la remise de la légion d“honneur.
    Le prix “Kouyonnad sur les Antilles”: Barbier et son édito sur la “Créolitude” de février 2009.
    Le prix “Les Zérics” qui opposait Eric Zemmour à Eric Raoult: Eric Zemmour, qui remporte la banane d’or de cette année, soit le prix suprême.
    Le prix “Les Zenvahisseurs”: Claude Bodin et Eric Paternotte.
    Le prix d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre: Brice Hortefeux.
    Le prix “Touche pas à mon pote raciste”: Fadela Amara pour avoir “excusé” Brice Hortefeux assurant “qu’il avait beaucoup d’humour.”
    Le prix du “Meilleur espoir 2010”: André Valentin, maire UMP de Guissainville grâce à cette déclaration sur France 2 : “Il y en a déjà 10 millions, alors il faut bien réfléchir. 10 millions que l’on paye à rien foutre !”

    Un des dessins-animés des Indivisibles

    L’album photo de la soirée par Anaïs Plancoulaine

    Source: Archippe Yepmou et Manuella Anckaert | StreetPress
    Crédits Photos: Anaïs Plancoulaine

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