Comme ça tu as décidé de devenir le nouveau Ben Ali?
Oui c’est décidé, je vais me présenter à la constituante. Quant à devenir le nouveau Ben Ali, c’est plutôt le contraire… Je serai candidat comme « indépendant » avec une liste composée de personnes qui œuvrent dans l’ombre, des personnes neutres comme moi. Elle n’est pas encore finalisée donc pour l’instant je ne veux pas donner de noms, mais vous en saurez plus dans les prochains jours.
T’es allergique aux partis?
Ils n’ont aucune idée de ce qui se passe en Europe pour les expatriés. Je ne crois pas qu’ils peuvent porter la voix des Tunisiens de l’étranger. Nous nous sommes sur le terrain, aux côtés de ceux qui sont en difficulté. Les problèmes des sans papiers, comme ceux de Botzaris , je les connais. Quant à la vie d’un expatrié, avec toutes les complications économiques et administratives que ça comporte, je la vis. Ensuite, comme beaucoup de Tunisiens, je n’ai pas confiance en cette soi-disant nouvelle classe politique. Derrière les nouveaux visages, il y a trop souvent des caciques du régime de Ben Ali ou des Islamistes.
Age: 34 ans
Lieu de naissance: Sfax (Tunisie) « Je n’ai pas la double nationalité, mais je suis père d’un enfant français. »
Formation politique et engagement associatif: Indépendant, « j’ai juste été scout. »
Etudes: Baccalauréat éco-gestion / Ecole de commerce (2 ans) / Brevet informatique au collège Canadien LaSalle (Tunis)
Profession: entrepreneur dans le bâtiment
Comme Mitterrand, tu as 100 propositions?
100, pas encore, mais si je me présente c’est bien pour changer certaines choses. D’abord il faut en finir avec les mauvaises habitudes du régime précédent. Nous devons faire la lumière sur les relations qui existaient avec les différents pays européens. Arrêter de tout dissimuler, comme c’est toujours le cas en France à Botzaris (Ndlr: devenu soudainement « annexe d’ambassade », peut être en raison de la présence d’archives compromettantes) mais aussi dans tous les pays d’Europe. Tout reste opaque, il faut qu’à l’avenir il y ait une vraie transparence.
Ensuite les Tunisiens sont constamment confrontés à des difficultés administratives. Internet notamment, pourrait grandement simplifier les démarches. Il y a d’autres choses toutes simples à faire, comme élargir les horaires d’ouvertures des consulats. Il faut aussi faciliter les investissements dans un sens comme dans l’autre.
Troisième mesure, créer un organisme chargé d’accompagner chaque famille de tunisiens présente à l’étranger. Proposer des aides au retour pour ceux qui le désirent. Les accompagner dans leurs démarches et leur proposer des aides quand ils sont en difficulté. Les services sociaux ne doivent pas s’arrêter aux frontières de la Tunisie.
Une aide au retour, faciliter les investissements: t’es de gauche ou de droite?
La politique ne se définit pas forcément en ces termes… Je suis libéral, ce qui ne m’empêche pas de m’engager pour ceux qui sont en difficulté.
Suivez @ooouups sur Twitter
C’est plutôt chère une campagne, t’as gagné à l’Euromillion?
Non malheureusement, mais il existe quelques aides. Je vais surtout essayer de faire avec peu de moyens. Je vais utiliser au maximum les réseaux sociaux . Le net peut être un excellent outil pour la démocratie. Pour autant, je vais essayer d’aller aussi le plus possible à la rencontre des gens.
Tu proposes quoi pour tous tes électeurs twittos?
Arrêtons toute forme de censure en Tunisie. Que ce soit pour diffuser du porno, critiquer l’armée ou le régime, chacun doit être libre. Après, certaines choses peuvent être condamnables. Mais il ne faut surtout pas censurer en amont. Laissons dire et jugeons après si c’est illégal. Et d’ailleurs n’hésitez pas à me critiquer, ça fait avancer le débat.
Internet doit être intégré à nos institutions démocratiques. Pourquoi ne pas autoriser le vote en ligne? Le taux de participation serait plus élevé. De la même façon internet peut impliquer les gens plus directement dans la vie politique. Ne faisons pas les mêmes erreurs que la France: nos élus ne doivent pas être inaccessibles. Chaque élu devrait consacrer une part de son temps à échanger, sur des forums, avec ses administrés. En quelques sortes des cahiers de doléances permanents et interactifs. Les Tunisiens de l’étranger devraient ainsi pouvoir participer à la vie démocratique de leur ville d’origine.
Parfois quand tu t’endors le soir, tu ne te sens pas un peu seul?
J’espère ne pas le rester. Je veux rassembler les gens qui, comme moi, s’engagent au quotidien. J’espère aussi gagner le soutien d’autres indépendants comme Slim Amamou , avec qui je partage de nombreuses opinions (ndlr: alias @slim404 , hacktiviste et secrétaire d’état à la jeunesse et au sport dans le premier gouvernement post Ben Ali, il a depuis démissionné).
Je suis libéral, ce qui ne m’empêche pas de m’engager pour ceux qui sont en difficulté
bqhidden. Arrêtons toute forme de censure en Tunisie. Que ce soit pour diffuser du porno, critiquer l’armée ou le régime, chacun doit être libre
Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.
StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.
Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.
Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.
Je fais un don mensuel à StreetPress
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER