Ça y est, c’est officiel : j’habite au 13 rue Mayet (Paris 6e), au dessus de l’appart’ ou Tristane et Dom auraient joué au docteur. Prémonition morbide du chiffre 13 ? Coïncidence hasardeuse ? En tous cas merci les gars d’avoir flingué mon sommeil. Vendredi matin, les gendarmes ont débarqué à 8 heures du mat’ pour m’interroger en pantoufles.
- Vous êtes propriétaires de l’appart.
- Oui.
- Vous n’avez rien vu de suspect.
- Non.
Trop endormie pour déballer mes secrets de concierge, j’ai abrégé. Mais maintenant que je suis réveillée, que j’ai lu les journaux et que j’ai bu un café, je suis bien décidée à tout vous raconter.
Mystères Car au 13 rue Mayet, il y a beaucoup de mystères encore inconnus des enquêteurs. Personne n’a résolu l’histoire des tablettes de chocolat noir retrouvées dans les boîtes aux lettres en 2006. Dans un tout autre genre, en 2008, la porte du « 3e milieu » a été défoncée et l’appart retourné comme si un voleur cherchait quelque chose de précis. Mais quoi? Des documents secrets du PS? Un programme pour 2012 avec des vraies mesures économiques?
1er étage Dans quel appart’ Tristane et Domi auraient joué au docteur ? Au 1er étage ? Pas possible, pas dans l’appart’ des retraités Anglais. 2e gauche ? Ah non, 2e gauche, c’est chez Pascal P., le célèbre journaliste sportif. Il a emménagé l’été dernier. Celui qui squatte souvent la terrasse du resto « chez Dumonet » avec des lunettes de soleil fumées n’est quand même pas un espion payé par l’UMP chargé de faire le ménage avant la présidentielle…
Ah non, 2e gauche, c’est chez Pascal P., le célèbre journaliste sportif !
2e étage 2e droite ? P’tain, le 2e droite, j’y suis déjà allée. C’est là que la seule jeune de l’immeuble habite, et organise des méga teufs alcoolisées le week-end avec ses potes de la jeunesse dorée du quartier. Pendant mes brefs passages dans les bringues du « 2e droite », je n’ai jamais remarqué de trucs louches. Quel détail crucial aurait pu m’échapper ? Des bouquins de Schumpeter planqués sous un lit ? Une serviette remplie de dossiers du FMI ?
Ce que je sais, c’est que la fille du 2e droite fait partie des habitants sympas de l’immeuble. Etudiante châtain épicurienne de 25 ans, elle-aussi a été interrogée en pantoufles de bon matin, mais beaucoup plus longtemps que moi. Je l’ai entendue en descendant les escaliers :
- Vous vivez là depuis combien de temps ?
- 3 ans.
- Qui est propriétaire de l’appartement ?
- Mon père.
Au 2e droite, j’aurais loupé les bouquins de Schumpeter planqués sous le lit ?
poutres apparentes Si mes souvenirs sous état d’ivresse sont bons, l’appart’ est un deux pièces sombre et sans vue de 40 mètres carrés. A droite en rentrant, la cuisine et tout droit le fameux « salon en poutres apparentes » composé d’un mobilier quasi inexistant. Deux canaps’ beiges et des sièges en rotin Ikéa. Au fond, dans la chambre, un lit 2 places. Merde, ça correspond exactement à la description de Banon.
Ce que je sais aussi, c’est que tous les week-end au « 2e droite », les grosses teufs finissent rarement avant 5 heures du mat. « Ils jettent des mégots dans la cour, c’est pas une poubelle », « ils font trop de bruit même avec des boules Quiès je n’arrive pas à dormir », à chaque réunion de copropriété, les voisins (qui n’ont plus l’âme de clubbers) râlent, envoient aussi des policiers dresser des procès verbaux pour tapage nocturne. Finalement, si c’est bien le lieu du crime, c’est pratique pour les flics, ils connaissent déjà l’adresse.
5e sans ascenseur Finissons l’inventaire : le 3e étage est très difficilement suspectable. A droite, une dame âgée qui répond pas quand je lui dis bonjour et qui sort jamais de chez elle ; et à gauche, le 3 pièces ne correspond pas à la déposition faite aux enquêteurs. Au 4e ? L’appart 100% féminin composé d’une quarantenaire et sa fille de 10 ans ne risque pas d’être complice. Et puis c’est haut. Sans ascenseur au 13 rue Mayet, si DSK veut jouer à l’aventurier, il doit prendre en compte son morpho-type de mangeur de pâtes. Enfin le 5e, c’est chez moi. Je préfère vous prévenir tout de suite : je suis innocente. Je n’ai aucune connexion de près ou de loin avec la victime ou le coupable dans cette histoire.
La cave… Mais le sous-sol, ils y ont pensé les flics ? L’année dernière, la cave a été vidée et nettoyée par une entreprise privée. On a découvert un espace immense de 300 mètres carrés ou bizarrement aucun propriétaire ou locataire n’a le droit d’entreposer des affaires. Le sol de cette cave est composé de terre fraîche et humide. Au fond de la cave, des pelles. Je laisse le soin à votre imagination d’étudier les pires scénarios possibles.
Cher Tristane et cher Domi, je voudrais juste vous dire qu’à cause de vous, maintenant, je ne dors plus. En 2003, au moment des faits, je venais d’emménager. Dans le stress de l’installation, mon instinct me dit que si j’avais sonné à une porte pour demander qu’on me prête un tournevis ou une perceuse, je ne serais plus là aujourd’hui.
Au fond, dans la chambre, un lit 2 places. Merde, ça correspond exactement à la description de Banon
bqhidden. Et le sous-sol, ils y ont pensé les flics?
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