En ce moment

    18/05/2010

    Karachi, l'affaire que Sarkozy voudrait oublier: Les auteurs du livre disculpés

    Par Marine Selles

    Patrice Lhomme et Patrice Arfi étaient accusés par l'homme d'affaire Ziad Takkedine de « faux témoignage » dans leur livre Le Contrat: Karachi, l'affaire que Sarkozy voudrait oublier. Le tribunal a débouté ce matin le plaignant.

    Le président de la 17ème Chambre de Grande Instance de Paris a débouté Ziad Takkedine ce matin. L’homme d’affaire proche de Nicolas Sarkozy, avait demandé le report de la parution du livre Le Contrat: Karachi, l’affaire que Sarkozy voudrait oublier de Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi. Il a également été condamné à verser 3.000 euros de frais de justice.

    Ziad Takeddin: l’intermédiaire entre Nicolas Sarkozy et le gouvernement pakistanais

    Ziad Takeddin avait porté plainte contre les auteurs du livre pour faux témoignage. Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi l’accusent d’avoir été l’intermédiaire entre Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget et qui a validé la vente de trois sous-marins Agosta pour 825 millions d’euro, et le gouvernement pakistanais.

    « Il nie avoir négocié le contrat et porte plainte aujourd’hui pour faux témoignage, mais beaucoup de gens et de documents parlent pour lui », expliquait Patrice Arfi, co-auteur de l’enquête dans une interview au Nouvel Obs en mai dernier .

    Des soupçons de corruption quant aux commissions versées

    Le 8 mai 2002, un attentat frappe Karachi et tue 14 personnes, dont 11 français employés de la Direction des Constructions Navales (DCN). Si les enquêteurs ont privilégié la piste islamiste pendant longtemps –et condamné deux personnes, relaxées en 2009- le gouvernement français de l’époque (1994) est aujourd’hui accusé.

    « Le contrôleur général Jean-Louis Porchier, chargé d’enquêter sur le contrat Agosta, nous a confié que selon (un haut gradé), des documents mettaient en évidence les lourds soupçons de corruption qui pesaient sur le contrat, continue Patrice Arfi dans son interview au Nouvel Obs. La vente des sous-marins aurait permis de blanchir de l’argent sale côté pakistanais. Et de financer des politiques côté français». L’attentat serait une représaille à la cessation des paiements des commissions par la France au Pakistan.

    Pour les journalistes, « le dossier a été totalement verrouillé par l’appareil judiciaire et militaire français. Les documents sont systématiquement classés secret défense. C’est une affaire interdite. » « Le juge Van Ruymbeke a été obligé de classer le dossier des frégates de Taïwan pour le même motif. Il ne faudrait pas que cela se reproduise », regrette Patrice Arfi.

    L’affaire des rétro-commissions des sous-marins de Karachi

    21 septembre 1994: 3 sous-marins Agosta sont vendus par la France au Pakistan pour un montant de 825 millions d’euros dont 83 millions de commissions.
    8 mai 2002: 14 personnes dont 11 français employés de la DCN sont assassinés dans un attentat à Karachi. Les enquêteurs privilégient la piste islamiste.
    Septembre 2002: Le rapport « Nautilius » fait état de rétrocommissions dans la vente de sous-marins qui auraient permis de financer la campagne d’Edouard Balladur en 1995
    30 juin 2003: 2 islamistes condamnés à mort au Pakistan pour l’attentat du 8 mai 2002.
    5 mai 2009: Les deux condamnés sont acquittés et relaxés. La piste islamiste est écartée.
    28 avril 2010: Edouard Balladur nie toute implication dans l’affaire des rétrocommissions lors de son audition par la mission parlementaire sur les attentats.
    10 mai 2010: Ziad Takieddine nie avoir servi d’intermédiaire dans la vente des sous-marins et, dans une assignation, demande le report de la publication du livre Le Contrat:Karachi, l’affaire que Sarkozy voudrait oublier d’au moins 3 mois.
    18 mai 2010: Ziad Takieddine est débouté et condamné à payer 3.000 euros.

    Source: Marine Selles | StreetPress et le Nouvel Obs

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER