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    29/10/2012

    Chaque semaine, StreetPress te fait emménager dans un nouvel appart

    La coloc de la semaine : le ping-pong verbal d'Anna et Marion

    Par Elodie Font

    Même si elles ont « deux personnalités antagonistes », Marion et Anna entretiennent une relation fusionnelle. 4 ans qu'elles habitent ensemble ! Avec deux moments forts chaque semaine pour « débriefer » : « les courses » et la piscine.

    20h45. À cette heure-ci, très souvent, Anna et Marion ne sont pas encore rentrées chez elle, au pied de la Porte d’Orléans. Des boulots très prenants, des quotidiens ultra-chargés, des amis avec qui partager des bières. Mais pour StreetPress, elles ont trouvé un créneau – et avaient même pris le temps de nous préparer l’apéro.

    Ici, après quatre ans de vie commune, tous les meubles, toute la déco a une histoire. La table du salon, par exemple, repeinte et décorée avec des morceaux de papier dorés au vernis colle – et régulièrement moquée par les amis qui passent sur le canap’. « Le salon, c’est le fruit de nos deux personnalités antagonistes », sourit Anna. « Marion aime le blanc, le vide, le pur, le zen et moi j’aime le chargé, le coloré, le… » Marion éclate de rire : « le baroque ? » Le ton est donné : bienvenue dans cette coloc, la troisième de notre série, où les discussions dérivent le plus souvent vers un ping-pong verbal naturel et enjoué. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on s’est bien marrés.

    Vous êtes dans cet appart depuis 4 ans. Vous vous connaissiez avant ?

    Anna : oui, on avait fait nos études ensemble à Bordeaux, on était déjà très amies et un jour, un peu sur le ton de la blague, on s’est dit « tiens, si on habitait ensemble ? »

    Marion : faut dire aussi qu’à Bordeaux, alors qu’on habitait chacune chez soi, on faisait déjà nos courses ensemble. Genre on se donnait des rendez-vous pour aller au centre commercial, je me souviens, c’était soit le vendredi, soit le samedi, et on se racontait nos semaines en même temps qu’on achetait à manger.

    Anna : d’ailleurs, on continue à faire nos courses ensemble, ça reste un moment de partage, on fait le debrief de ce qui se passe au travail…

    Marion : on essaie de se caler une soirée dans la semaine, ou alors le week-end. Disons que c’est pas que faire les courses, c’est vraiment partager un truc toutes les deux.

    Anna, t’as une chambre en mezzanine qui donne sur le salon. Ça vous a jamais dérangées ?

    Anna : je sais pas, Marion, ça nous a dérangées ?

    Marion : ben c’est à toi de dire !

    Anna : franchement, ça m’a jamais trop dérangée, mais c’est aussi parce que Marion est super respectueuse… Ça, c’est vrai, c’est vraiment un point sur lequel je voudrais remercier Marion. (Marion rit) Mais c’est vrai, par exemple, tu te lèves beaucoup plus tard le dimanche pour pas me réveiller alors que t’étais une vraie lève-tôt.

    Marion : c’est vrai, j’ai appris à rester plus longtemps au lit et à flemmarder le week-end !

    Anna : en fait, c’était surtout un peu dur au début, y’avait pas mal de tensions, fallait qu’on apprenne à vivre ensemble.

    Marion : j’avoue, il a fallu qu’on se cale !

    Quand on habitait chacune chez soi, on faisait déjà nos courses ensemble

    Vous êtes du genre à vous engueuler souvent ?

    Marion : non, y’a des petites périodes de tensions, mais la dernière grosse engueulade, je sais même pas quand est-ce que c’était…

    Anna : alors là…

    Marion : ah si, c’était y’a bien un an et demi, tu te souviens, on courait dans un parc…

    Anna : ah oui, c’est vrai ! Haha, n’importe quoi !

    Marion : c’était vraiment super bête comme engueulade. En fait, Anna voulait faire des abdos à la fin de la course, pile au milieu du parc, je lui dis « attends on va se mettre dans un coin », elle me répond « non, je veux les faire ici » et…

    Anna : ça s’est pas passé comme ça !

    Marion : non mais Anna, de toute façon, elle n’a jamais tort ! Enfin bref, je lui ai répondu « non, on rentre à la maison si tu veux les faire au milieu du parc». C’était une engueulade titanesque, on était toutes les deux super en colère !

    Anna : et après, c’est toujours moi qui revient pour aplanir les choses, parce que Marion, quand elle est en colère, elle se replie sur elle, limite elle attise le feu de la haine… Vraiment, je sais pas comment t’expliquer, elle rayonne la colère.

    Marion : ça, c’est clair que c’est mon gros défaut… quand je suis énervée, je suis une boule de colère, j’arrive pas à me calmer et heureusement qu’Anna est beaucoup plus dans le dialogue que moi ! Et puis y’a aussi qu’au début de la coloc, on est allé jusqu’à plus se parler pendant 15 jours, et franchement, je crois que l’une et l’autre, on a assez testé nos limites pour savoir jusqu’où aller !

    Vous avez mis en places des règles ?

    Anna : non, en fait, on a pris les règles de chacune, ça s’est fait d’une manière tacite.

    Marion : par exemple, je faisais jamais le ménage, avant j’attendais que ça devienne indécent avant de m’y mettre, mais très vite, j’ai compris qu’il allait falloir que je me bouge. Anna m’a rien dit, mais juste, c’était logique que je fasse ma part. Et maintenant, limite, j’aime ça !

    Anna : ouais et moi, je me suis imposée de ne pas mettre la musique méga fort quand Marion révisait, parce qu’elle a beaucoup, beaucoup bossé depuis qu’on habite ensemble (Marion vient de devenir avocate, ndlr).

    Marion : c’est vrai… d’ailleurs, je te dédie mon barreau. Quand je suis devenue avocate, on était super heureuses, c’était vraiment une joie partagée, on était très émues.

    Vous avez l’air de vous connaître par cœur. Qu’est-ce qui vous amuse et vous énerve en même temps chez l’autre ?

    Marion : euh… si, j’ai un truc : quand Anna m’appelle, qu’elle trouve qu’il y a plus assez à manger dans le frigo et qu’elle me dit : « C’est le Soudan à la maison », alors que j’ai l’impression qu’il reste encore plein de trucs !

    Anna : faut dire que Marion a un rythme alimentaire trop bizarre ! Elle a des phases : pendant 3 mois, elle va manger que des gnocchis et du maïs, et après elle va plus supporter en manger ne serait-ce qu’une fois… comme on fait nos courses ensemble, je m’adapte, là-dessus, je suis assez conciliante… avoue, parce que là tu te présentes comme mère Teresa !

    Marion : j’avoue, là-dessus, t’es vraiment conciliante parce que je peux vraiment manger quasi que du surimi et du Benco pendant des mois… Par contre, un truc qui nous amuse et nous énerve, c’est d’aller au ciné ensemble parce qu’on n’est jamais d’accord…

    Anna: ouais mais c’est parce que, quand t’aimes pas un film, c’est comme si y’avait que les cons qui pouvaient aimer…

    Marion : c’est pas ça, c’est que dans ces moments-là, je psychote, je me dis qu’Anna aime les films intelligents et moi les films de beaufs !

    Anna: ah, et y’a un autre truc – y’a plein de trucs en fait, on pourrait t’en raconter toute la nuit – c’est que Marion supporte pas l’odeur du parfum, chaque matin, elle a l’impression que je la « bombe-lacrymogène-ise » !

    Je peux vraiment manger quasi que du surimi et du Benco pendant des mois

    Marion supporte pas l’odeur du parfum, chaque matin, elle a l’impression que je la « bombe-lacrymogène-ise »

    Vous fonctionnez un peu comme un couple, non ?

    Anna : une coloc à deux, ça induit de créer une dynamique. Mais je pense pas qu’on soit comme dans un couple. C’est vrai qu’on fait vraiment attention à l’autre, qu’on est tous les jours en contact, mais à côté de ça, on se voit pas tant que ça.

    Marion : en fait, dans la semaine, on n’a qu’un truc de vraiment calé ensemble, c’est la piscine le dimanche. On est très libres l’une par rapport à l’autre.

    Anna : on fonctionne plus comme des amis très proches qui débriefent beaucoup. C’est dur à décrire, on a un équilibre assez subtil.

    Marion : mais c’est vrai qu’on est assez fusionnelles, on sait toujours où est l’autre, et autour de moi, les gens ne comprennent pas toujours comment on fonctionne.

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