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    17/10/2012

    Derrière ce mouvement "laitier", des jeunes de droite qui veulent manifester le 25 novembre prochain contre les hausses d'impôts

    Après les pigeons et les moutons, les « vaches à lait » veulent descendre dans la rue

    Par Elodie Font

    La métaphore animalière poursuit le PS. Cette fois, les vaches à lait éructent contre les hausses d'impôts. Mike Borowski (UMP), habitué des coups fumants, explique: «Les gens, ils se mobilisent sur les décisions qu'ils voient à la télé.»

    Après le mouvement des pigeons, les moutons, voici celui des… vaches à lait : décidément, l’opposition à François Hollande fait dans la métaphore animalière. Créée hier mardi, la page Facebook des Vaches à lait a déjà été « likée » plus de 2100 fois. L’esprit ? « LES VACHES A LAIT SONT MÉCONTENTES (en majuscules dans le texte, ndlr), elles disent OUI aux impôts de solidarité, NON aux impôts qui frappent toujours les mêmes. » Pour manifester leurs beuglements, les vaches à lait se donnent rendez-vous fin novembre, au Trocadéro, à Paris.

    Vache qui grogne Derrière cette révolte, une vache qui ressemble fortement à la Vache qui rit, sauf qu’elle fait la gueule. Et derrière le symbole, Mike Borowski, candidat malheureux à la présidence des jeunes UMP en 2010 face à Benjamin Lancar et habitué des coups fumants dans la droitosphère, et ses potes de droite. « On en avait marre que l’opposition, ce soit Jean-Luc Mélenchon. Alors on a rassemblé toutes les pages Facebook de droite les plus importantes. Y’a, entre autres, La gauche ma tuer (site qu’il a lui-même créé, ndlr), Non au PS, Nous sommes fiers d’être Français etc… A nous tous, on rassemble 100.000 fans Facebook. » Une fois réunis, il fallait trouver un sujet pour mobiliser leurs fans. Pourquoi les impôts ? Réponse de Mike Borowski :

    « Les gens, ils se mobilisent sur les décisions qu’ils voient à la télé. Et la hausse des impôts, ça leur parle. »

    Et ça marche : Christine LeMazurier, 60 ans et fan des Vaches à lait, s’énerve : « Les vaches à lait, c’est tout le peuple français qui se fait plumer ! » Mike Borowski, lui, préfère poursuivre (assez loin) la métaphore de la vache :

    « Même si une vache c’est gentil, c’est sympa, à force de la presser, le lait ne coule plus. Et là, nos pies (écrit comme tel dans le communiqué de presse, ndlr) sont déjà rouge vif. »

    Une vache « gentille », mais qui tacle les pigeons au passage : « On a imaginé les vaches à lait avant les pigeons. Et puis nous, nous sommes dans l’action. »

    Manif au Trocadéro Mais au-delà des références zoologiques, certes assurées de faire le buzz, le but de ce groupe Facebook, c’est de mobiliser des « milliers de personnes » au Trocadéro, le 25 novembre prochain. Christine LeMazurier approuve :

    « Il faut que le mouvement sorte d’Internet. Facebook, Twitter, c’est bien, mais au final ça ne sert à rien, on tourne en rond. Ça gronde, mais personne n’est dans la rue. »

    En attendant le grand soir, elle passe « au minimum » 4h par jour à militer sur Internet. « Vous savez, le sentiment anti-Hollande est aussi fort que le sentiment anti-Sarkozy, je peux vous dire que le peuple de droite est très mécontent », enchaîne Mike Borowski. Peuple de droite appelé à se mo-bi-li-ser fin novembre – sachant que ce sera une manif « statique », au Trocadéro. La préfecture de Paris a-t-elle donné son accord ? « Oui, enfin non, mais on va le faire, de toute façon, on a jusqu’à 72 heures avant une manif pour leur dire, je crois. On est dans le légal, de toute façon. » Mike Borowski d’ajouter : « On est plus civilisés qu’à gauche, on n’est pas des casseurs. » La preuve ? Il a lui-même été, dans sa jeunesse (encore proche) un des co-fondateurs de Stop la grève, un mouvement contre le blocage des facs au moment du CPE.

    Mec sérieux Crier au loup sur les augmentations d’impôts ameute la droite, mais aussi l’extrême-droite. « On ne cherche pas à les avoir, je ne trouve pas qu’on soit populistes. Être populiste ce serait dire, comme j’entends parfois, que pour faire des économies, il faudrait supprimer le Sénat ou alors qu’il faudrait que les parlementaires suppriment les enveloppes plaisir – je sais même pas ce que ça veut dire d’ailleurs – en tout ça pour moi c’est du populisme. Je veux dire, je travaille au parlement, je suis un mec sérieux, je veux pas que les vaches à lait, ce soit le café du commerce. » Reste qu’attirer l’extrême-droite fait flipper Florent, 40 ans, créateur de la page Facebook « Stop aux mensonges de la gauche » et fan des Vaches à lait : « Quand je vois certains propos des jeunes d’extrême-droite, j’ai peur. » Florent qui précise que pour lui, « les pages Facebook, c’est un exutoire. Les gens ont besoin de crier leur haine. »

    Et l’UMP, est-elle derrière les Vaches à lait ? « Moi, je suis encarté, explique Borowski. Mais l’UMP ne nous aide en rien. Je préfère d’ailleurs que les gens de droite viennent spontanément, pas parce qu’ils sont encartés. » En tout cas, pour Florent, que la manif ramène du monde, ce n’est pas ça le plus important : « Je pense que la révolte des vaches à lait, c’est une page Facebook éphémère pour récupérer un maximum de « j’aime » et faire passer le message au gouvernement : « attention, ça va péter ! »

    On en avait marre que l’opposition, ce soit Jean-Luc Mélenchon

    A force de presser les vaches, le lait ne coule plus. Et là, nos pi(e)s sont déjà rouge vif.


    Mike Borowski, candidat dissident de l’UMP aux dernières législatives

    bqhidden. Je suis un mec sérieux, je veux pas que ce soit le café du commerce

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