« Votre partenaire est-elle une prostituée ? » « Vous vivez en France ? », « Vous avez eu une relation sexuelle avec une personne atteinte du VIH ? », « Vous vous droguez ? » Les questions fusent, enchaînées aussi froidement qu’une commande au MacDo. Au centre médico-social de Belleville, dans le 20e arrondissement de Paris, les professionnels de santé sont débordés. Ici, chaque jour, des dizaines de personnes viennent se faire dépister pour savoir si elles sont touchées par l’hépatite C. Et le temps d’attente pour voir un médecin, sans rendez-vous, peut s’étirer jusqu’à plus de deux heures.
Le pic de l’hépatite Ce petit centre médico-social de Belleville accueille les Parisiens « en difficulté sans couverture sociale, sans domicile fixe et les chômeurs pour un bilan santé et social afin de les accompagner et de les soutenir dans leurs démarches d’accès aux droits et aux dispositifs de la santé », ce qui explique en partie l’importante fréquentation. Pour se faire dépister, nul besoin de carte vitale, il suffit de « se présenter, de passer un entretien avec un médecin avant de faire une prise de sang. » Les résultats sont ensuite donnés dans les 8 jours.
Mais pourquoi tant de gens cherchent à savoir s’ils souffrent de cette maladie ? Eh bien parce qu’il semble qu’un pic de la maladie sera atteint en « 2020 » (lire ci-contre l’interview de Jean-Michel Pawlotsky). En fait, le pic de transmission du virus se situant vers la fin des années 1980 et ce dernier patientant tranquillement dans l’organisme entre vingt et trente ans avant de surgir, si vous faites le calcul, on arrive bien à 2020. Encore plus menaçant, le magazine Sciences et Vie de septembre rapporte que, d’ici à 3 ans, le nombre de cancers du foie et de cirrhoses du foie, conséquences d’une infection à l’hépatite C, vont exploser.
Pour être encore plus précis, sachez que Sylvie Deuffic-Burban, épidémiologiste à l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), parle de « 220.000 personnes porteuses du virus de l’hépatite C. » Et « 40 % d’entre-elles l’ignorent. » D’où les campagnes de pub pour dépister cette maladie, surnommée « la grande muette » pour sa lenteur et sa discrétion à progresser dans l’organisme. Dépistage qui peut être utile puisque, selon les médecins, l’avancée des recherches sur la maladie est telle qu’il est possible que, d’ici à quelques années, l’on puisse complètement en guérir.
Piqûre Dans la salle d’attente de Belleville, Catherine, qui accompagne son mari, irait même plus loin dans le dépistage : « Dans les écoles, les enfants doivent recevoir une formation globale autour de ces maladies et leurs conséquences de même que les façons de se protéger. » Juste à côté, Franck, lui, est moins informé. D’ailleurs, il n’est pas venu pour l’hépatite C : « Je ne savais pas que l’hépatite C allait bientôt exploser. Pour ma part, je suis venu me faire dépister pour le VIH mais, vu que c’est la même piqûre, je vais faire la totale. J’ai vu une pub sur Internet pour le dépistage. Puis avec ma copine on s’est dit qu’il fallait y aller. C’est un peu long mais bon je ne me plains pas, c’est pour la bonne cause. »
À quoi correspond ce pic de malades prévu en 2020 ? Le pic correspond non pas au pic d’infections nouvelles, loin derrière nous grâce aux mesures préventives, mais au pic de complications de la maladie, sur une population infectée il y a de nombreuses années et qui vieillit (cirrhose et cancers du foie). Ce pic de malades est prévu vers 2020, puis il y aura une descente. En ce moment, nous sommes sur une pente ascendante.
Quelle est l’efficacité des traitements contre l’hépatite C aujourd’hui ? Les nouveaux traitements, lorsqu’ils sont efficaces (car on guérit aujourd’hui 50 à 70 % des infections), permettent de ralentir la progression de la maladie et de retarder les complications. Mais une maladie du foie peut continuer à évoluer pour elle-même, même si l’infection est guérie.
Quelle peut être la solution pour enrayer ce pic de malades ? La clé est le dépistage pour une identification précoce des malades infectés avant la survenue des complications et leur accès au traitement. Les deux sont faciles en France car il y a beaucoup de campagnes de dépistage et de couverture sociale généralisée. Néanmoins, cela pose bien sur des problèmes dans d’autres régions du monde.
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