Attention ! Ecartez femmes voilées et messieurs à kippa : Les néo-fascistes lyonnais débarquent à Paris. Samedi 29 septembre, le groupuscule « nationaliste » et « anti-judaïque », les Jeunesses Nationalistes, organise une manifestation en plein coeur de Paris avec pour mot d’ordre : « Rester maître chez nous. »
Joint par StreetPress, leur leader Alexandre Gabriac prévient qu’un des slogans du cortège sera « Islam hors d’Europe » – parmi les classiques « Français réveille-toi, tu es ici chez toi » ou encore « La rue, la France, nous appartient. » Il se dit même que l’écrivain antisémite Hervé Ryssen serait de la partie !
Alors que partout en France les manifestations organisées contre le film « anti-islam » Innocence of muslims ont été interdites, les islamophobes antisémites des Jeunesses Nationalistes auront-ils le droit de défiler à Paris ? La préfecture de police de Paris pourrait, elle, bien autoriser la manifestation du samedi 29 septembre.
[Vidéo] L’appel à manifester
Provoc’ Le rendez-vous est donné à 14h00 place de la République, pour une arrivée en fin d’après-midi à Saint-Michel. « Mais je ne peux pas vous donner l’itinéraire exact », explique Alexandre Gabriac , bientôt 22 ans. Avant de se justifier : « C’est pour des questions de sécurité et éviter qu’on ait des désagréments sur le parcours. »
En attendant, le boss des Jeunesses Nationalistes livre quelques indices : le cortège traversera « des quartiers symboliques pour réaffirmer qu’on est maîtres chez nous. » Comprendre des quartiers où vivent « des allogènes » (les immigrés, ndlr). De la provocation ? « Nous voulons montrer qu’il y a des Français non-reniés qui ne veulent plus être considérés comme étrangers sur leur propre sol. »
Autorisation Jointe par StreetPress, la préfecture de police de Paris confirme qu’une déclaration de demande de manifestation a bien été déposée par les Jeunesses Nationalistes au début du mois de septembre. Celle-ci est en cours d’examen et devrait être acceptée si le préfet estime qu’il n’y a pas de « risques de troubles à l’ordre public. » Une possibilité à envisager, d’autant plus qu’aucune contre-manifestation n’a été annoncée par les groupuscules antifascistes.
Alexandre Gabriac se dit d’ailleurs optimiste pour la tenue du défilé : « On a eu un appel de la préfecture qui nous a dit que pour le moment il n’y avait pas de problèmes. » L’ancien cadre du Front National de la Jeunesse rappelle aussi que deux manifestations de l’extrême droite radicale s’étaient tenues à Paris au printemps dernier, « en plein centre-ville, dans des zones touristiques, sans que cela pose problème. » « Logiquement, celle de samedi devrait pouvoir passer. »
Au centre Alexandre Gabriac, avec les gentlemen fascistes du Gud
Gabriac : « L’engouement est vraiment très important en ce moment. On sent que ça pousse ! »
Dynamique C’est la première fois que les Jeunesses Nationalistes organisent une manifestation à Paris. Créé en octobre 2011, le tout jeune groupuscule était jusqu’à présent actif dans son bastion de Lyon où deux manifestations et plusieurs actions « coups de poing » ont déjà été organisés.
Joint par StreetPress, le chercheur à l’Iris et spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus estime que les Jeunesses Nationalistes sont déjà « le courant largement le plus dynamique et inquiétant à la droite du FN. » « Et aujourd’hui ils ont la masse nécessaire pour s’agrandir, hors de leur base lyonnaise. »
La manifestation du samedi 29 septembre a donc pour objectif « de confirmer le développement national » du groupuscule et « de leur permettre de se compter à Paris », comme l’explique à StreetPress Yvan Benedetti , ancien bras droit de Bruno Gollnsich et mentor des Jeunesses Nationalistes. Alexandre Gabriac attend, lui, entre 400 et 1.000 manifestants à Paris, jugeant que « l’engouement est vraiment très important en ce moment. » « On sent que ça pousse ! » Dans la capitale, le groupuscule vient d’ailleurs de créer une section qui vivra son baptême du feu.
Alexandre Gabriac et son mentor Yvan Benedetti
Appel à tous les nationalistes Parmi les stars du cortège, il devrait y avoir Hervé Ryssen, écrivain antisémite que StreetPress vous avait présenté ici . Ryssen, qui se revendique « anti-juif, antisémite et anti-judaïque », est un proche de l’Oeuvre Française , mouvement pétainiste dirigé par Yvan Benedetti et matrice des Jeunesses Nationalistes – le même Benedetti qui confie à StreetPress que « la religion shoiste (de Shoah, ndlr) constitue le fondement du système occidental. »
Pour Jean-Yves Camus, les Jeunesses Nationalistes et l’Oeuvre Française veulent « réunir la famille de l’extrême droite radicale sur la base de l’antisémitisme et de l’obsession complotiste. » Le chercheur continue : « Depuis 2012 et la crise au Bloc Identitaire , un espace s’est libéré à la droite du FN et c’est cet espace qu’est en train de conquérir Yvan Benedetti via les Jeunesses Nationalistes. »
Benedetti et Gabriac lançent d’ailleurs pour samedi « un appel à l’union de tous les nationalistes » autour de leur manif pour fédérer la mouvance. Un appel qui pourrait aussi faire plouf puisque que la manifestation n’est que très peu relayée – rien chez les identitaires, ni chez les nationaux-révolutionnaires de Troisième Voie , les deux autres principaux groupuscules de la droite radicale.
Benedetti a d’ailleurs des mots durs à l’encontre de ses meilleurs concurrents :
« Le Bloc Identitaire ce ne sont pas nationalistes. C’est un clivage qui fait que ni eux, ni nous, ne pouvons travailler ensemble. Quant à Troisième Voie où est leur conscience raciale ? »
StreetPress : La conscience raciale, M. Benedetti ?
« Oui. La conscience de faire partie d’une civilisation développée sur un continent européen qui abrite depuis toujours une ethnie et un peuple : la race blanche »
« La religion shoiste constitue le fondement du système occidental. »
Les photos de vacances d’Alexandre Gabriac, exhumées par les Anonymous
Opération coup de poing La dernière fois que les Jeunesses Nationalistes avaient organisé une manifestation, c’était à Lyon le 23 juin et elle avait finalement été interdite par la préfecture devant la pression des Verts et d’autres mouvements de gauche . Quelques jours plus tard pour protester contre la décision, on retrouvait Alexandre Gabriac perché sur un toit de la gare Part-Dieu avec une banderole où était inscrite: « Interdictions, rafles, stop ! Maîtres chez nous ! » Le GIPN avait été mobilisé pour déloger le spiderman fasciste qui depuis peut fanfaronner à foison en montrant les super photos de son arrestation .
« Ils ont le goût des manifestations victimes de la répression d’état. C’est pour ça qu’il ne faut surtout pas interdire ce genre de manifestation », insiste Jean-Yves Camus. Pourtant, comment autoriser une manifestation ouvertement raciste et anti-républicaine dans les rues de Paris, après avoir interdit celle des islamistes ? Alexandre Gabriac estime lui avoir pris toutes les précautions pour que la manif soit autorisée. « La dernière fois à Lyon, ils avaient sorti l’argument de ma condamnation pour interdire la manif. Cette fois-ci ce n’est pas moi qui l’ai déposée en préfecture.»
Et dans le pire des cas, il assure avoir déjà un plan B :
« On a déjà réfléchi à des rassemblements sauvages, des actions coup de poing type occupation d’un toit ou d’un bâtiment symbolique si la manifestation est interdite. La Révolution on ne la déposera pas en préfecture. »
bqhidden. Camus : « Il ne faut surtout pas interdire ce genre de manifestation »
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