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    23/04/2010

    Du militantisme à la boxe thaïe avec El Diablo

    Boris Dolivet, créateur des Lascars: «Les années 70 étaient moins cloisonnées qu'aujourd'hui»

    Par Noémie Toledano

    Sur StreetPress, Boris Dolivet AKA El Diablo des Lascars et Tarik Seddak, auteur pour le Jamel Comedy Club, reviennent sur leur engagement aux Assises Nationales contre les préjugés. Parce que maintenant qu' «il a fait un film: on l'écoute!»

    Boris, tu es l’un des créateurs de Lascars et toi Tarik, tu es auteur pour le Jamel Comedy Club. Qu’est ce que vous faites à travailler ensemble ? Vous nous préparez une surprise ?

    Boris: En fait, on bosse ensemble sur un spot de prévention contre le racisme et la peur de l’étranger dans le cadre des Assises Nationales contre les préjugés. Ça risque d’être drôle, parce que nous, on fait des trucs drôles!

    Tarik: Cette année, les assises seront basées sur la xénophobie, la peur de l’autre. Nous avons essayé de faire un scénario qui ait une touche drôle et qui parle aux autres. Mais on ne veut pas non plus faire rire pour faire rire. On essaye de faire passer un message sérieux sur la xénophobie. Avec le débat sur l’identité nationale, c’est le moment plus que jamais de faire quelque chose de fort!

    Boris: Il parle bien, hein?

    Vous êtes donc tous les deux très militants ?

    Boris: J’ai bossé il y très longtemps et très peu de temps pour Charlie Hebdo. Je suis plutôt militant de gauche de base. Mais je suis aussi militant dans la vie de tous les jours, notamment dans la série Lascars qui, comme elle s’inspire vachement de nos quotidiens, de ce qu’on a vécu, reflète aussi nos opinions sur tel ou tel aspect de la vie sociale.

    Et du côté de la lutte anti-raciste, vous vous êtes souvent engagés?

    Boris: J’ai déjà bossé l’année dernière avec Ismael Sy Savane et Alexis Dolivet (frère de Boris et co-auteur de la série Lascars) sur un projet de spot contre le racisme qui mettait en scène des cafards dans une cuisine qui se prenaient la tête parce que l’un venait du cagibi, l’autre de la salle de bain et l’autre du salon. Ils n’arrivaient pas à s’entendre entre eux alors que finalement ce n’était que des cons de cafards. En fin de compte on est tous frères, on se ressemble tous !

    Et toi, Tarik, tu bossais avec Ni Putes Ni Soumises. C’est pas étrange pour un mec de militer dans une association féministe?

    Tarik : Je me suis longtemps posé la question! Non, sérieusement, le féminisme concerne tout le monde, les hommes autant que les femmes. J’étais responsable de la communication pendant une courte période pour Ni Putes Ni Soumises. Après c’est sur que je ne suis pas d’accord sur tout, mais on s’entendait sur l’essentiel.

    Les assises de la lutte contre les préjugés sont une journée de prévention contre le racisme. L’objectif est d’alerter l’opinion publique, de faire de la lutte contre les préjugés un domaine central de l’action politique et de créer une dynamique intellectuelle, associative et politique en fédérant un maximum d’énergies, à la manière d’un lobby. La première édition a eu lieu à l’initiative de l’UEJF et de SOS-Racisme le 15 mars 2009 à Paris.

    Boris Dolivet AKA El Diablo,

    Un 15 aout: Premier cri dans la nuit dans un hôpital parisien 
    Fin des années 1990: Débute dans la BD en collaborant avec Psikopat, Charlie Hebdo, Chien Méchant
    2000: La série animée Lascars est diffusée en prime-time sur Canal+
    Années 2000: Graphiste pour MTV, Ubisoft et divers sites internet
    2003: Réalisation du court-métrage Une Bonne Carotte
    2009: Le long-métrage « Lascars, pas de vacances pour les vrais gars » sort sur grands écrans

    Tarik Seddak

    Ancien assistant de Omar et Fed
    Auteur pour le 6/9 de NRJ et pour le Jamel Comedy Club
    A milité un temps à Ni Putes Ni Soumise

    Pour revenir sur Lascars, quelle est la part de vécu dans la série ?

    Boris: 73,35 % ! Non blague à part, il y a énormément de vécu dans Lascars. Même dans les épisodes science-fictionnesques ou qui partent en cacahuète, il y a toujours une accroche à quelque chose de réel ou à quelque chose qu’on nous a raconté, qu’on a vécu personnellement ou même qu’on a pu penser. C’est directement lié à notre mode de vie ou notre vécu.

    Tu as des exemples?

    Boris: Ben y en a pleins. Déjà des bastons de regards, ça a du m’arriver énormément de fois dans ma jeunesse. Ça ne s’est pas toujours terminé comme ça, évidemment. Des fois, j’en gagnais. Sinon l’épisode « J’fais de la thaï » (voir ci dessous). En fait, c’est un pote de mon frère qui pour me prouver qu’il savait mettre des coups de boule en avait mis un dans une porte blindée. J’étais d’ailleurs vachement impressionné mais en fin de compte, il s’était fait une migraine de dingue.

    Le redac’ chef de StreetPress dit toujours le mot chamné en 2010: est-il un ringard? Réponse de El Diablo

    Vous luttez beaucoup contre le racisme. Question minorités visibles, ils sont où les blancs dans Lascars ?

    Boris: Si vous regardez bien, on l’a même pas fait exprès: il n’y pas de blancs, ni de noirs ou de jaunes non plus! Les personnages sont bleus, oranges, verts. Ils ont des couleurs d’extraterrestres! Mais en même temps c’est aussi parce qu’on a grandi dans les années 70 qui étaient moins cloisonnées qu’aujourd’hui. Je ne ressens pas tellement d’identité communautaire. Lascars ne représente pas forcément la réalité de tout le monde mais notre réalité, notre vécu. On ne prétend pas être les porte-parole de qui que ce soit.

    Et l’ascension sociale des lascars, elle en est où?

    Boris: Tu veux savoir si je vis dans une belle maison et tout? Non, je vis toujours porte de Pantin. Lascars c’est resté populaire mais dans le bon sens du terme. C’est resté une petite série sympa qui fait rigoler les gens. Après nous professionnellement ça nous permet de rebondir sur pleins de trucs, parce que quand tu as fait une série et un film et que tu proposes quelque chose: on t’écoute quand même!

    Un grand classique des Lascars – J’fais d’la Thaïe

    Source: Noémie Toledano et François Nazon | StreetPress

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