L’an passé, 288.550 étudiants internationaux ont débarqué en France. À Paris, destination préférée de nos citoyens du monde, ils représentent 19,3 % de la population étudiante totale. Parmi eux, certains ont choisi de se réfugier à la Cité Universitaire Internationale, dans le 14ème arrondissement de la capitale. Sur ce campus, 40 maisons accueillent chaque année 12.000 étudiants de 130 nationalités différentes – à noter que 25 % de ces étudiants sont Français.
Des milliers d’étudiants étrangers qui ont débarqué ces derniers jours – ou qui vont arriver dans les jours qui viennent. Pour l’instant, peu de traces de ces étudiants, le campus verdoyant est encore calme. Mais ceux qui sont déjà arrivés nous racontent leurs premières impressions.
Nid d’oiseau Sofie a 20 ans, elle vient de Norvège. Il y a une semaine, elle s’est installée avec son copain dans le 11ème arrondissement de Paris. La principale différence culturelle entre Paris et Oslo ?
« Comparé à Oslo, Paris c’est bien plus grand. Et surtout il y a plein de gens différents. Chaque jour je vois quelque chose de bizarre, des personnes qui ont des conversations ou des vêtements étranges. Comme ce vieux Coréen qui parlait tout seul et avait un nid d’oiseaux sur la tête. Je ne crois pas que je pourrais voir ça à Oslo. Mais du coup tu ne t’ennuies jamais ! »
“Chaque jour je vois quelque chose de bizarre”
Un peu plus loin, sur la pelouse, Romain, Nicolas et Abraham parlent tous un français nickel, le bachotage des sciences cognitives aidant. C’est déjà leur 2ème année à Paris, mais aucun d’eux n’a oublié son arrivée. Pour Abraham, 24 ans et Mexicain, le plus déroutant, c’est sans hésitation le métro :
« Parce qu’il y a tellement d’escaliers. Quand t’es étranger et que tu arrives, tu essaies de prendre toute ta vie avec toi, tu as un sac énorme, alors tu galères beaucoup ! Sinon le RER B. C’est vraiment moche ! Quand tu viens de loin, t’as l’impression que tu vas arriver juste à côté de la Tour Eiffel. Mais non, tu prends le RER et c’est moche. Et puis, tu apprends à marcher à gauche et à aller vite, même si tu n’es pas pressé. Un écrivain que j’aime bien disait que dans le métro parisien, dans les profondeurs de la capitale, le temps passe différemment. Je crois que ce contraste n’existe dans aucune autre ville du monde. Pas à ce point-là en tout cas.»
Des RIB et de l’énervement Quid des formalités administratives qui, d’après Campus France, énerverait 53 % des étudiants ? Nicolas, franco-californien, sourit : « quand je suis arrivé, je n’ai rien compris. Pour louer un appartement, il faut un compte bancaire mais pour avoir un compte bancaire, il faut une adresse fixe. Le tout avec des RIB et des chèques ou ce genre de trucs un peu bizarres. »
Et sommes-nous aussi hautains qu’on nous décrit à travers le monde ? Romain, avec l’accent belge, est un brin fataliste :
« On n’a quasi aucun contact avec les Parisiens. C’est pas qu’on essaie pas, mais c’est pratiquement impossible. On ne sait pas pourquoi. On ne sait pas où les trouver déjà. Et puis les gens s’énervent très facilement pour rien du tout ici. Si tu te fais bousculer, c’est de ta faute. Si tu ne comprends pas quelque chose sur un site Internet mal fait, c’est de ta faute.»
“Les gens s’énervent très facilement pour rien du tout ici”
Abraham, le Mexicain, est un chouïa plus positif : « Ici, tu vas rencontrer des étrangers avec qui tu auras beaucoup de points communs. D’ailleurs, énormément d’étrangers font partie de l’essence de Paris, comme Picasso par exemple. Ils ont aussi participé à créer l’identité de la ville. »
Personne ne parle anglais Encore plus loin, toujours sur le campus verdoyant de la cité universiatire internationale, Adriano, un Belge de 22 ans, et Jacob, un Slovène de 21 ans, sirotent des Grimbergen allongés sur la pelouse. Ils sont arrivés il y a une semaine. Jacob n’a pas pris le RER, mais le taxi : « la fondation de mathématiques me finance. Je reçois une bourse chaque mois et ils ont payé pour mon voyage. Ça c’était cool. Par contre je ne parle pas un mot de français et ici personne ne parle anglais !»
Bon, et qu’est-ce qui a été difficile jusqu’à présent ? Adriano se marre : « on a essayé d’utiliser les vélib’, ce qui n’a pas été facile, mais ça c’est peut-être parce qu’on était bourrés. » Jacob enchaîne : « le jour suivant, j’ai été débité deux fois de 150 € et j’attends toujours de comprendre pourquoi. Mais pour ça il va falloir me mettre au français, et c’est bien ça le plus difficile ! »
“On a essayé d’utiliser les vélib’, ce qui n’a pas été facile”
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER