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    15/04/2010

    Le duo trip rock Betty Bonifassi / Jean-Phi Goncalves sur scène vendredi à la Maroquinerie

    Beast : « On rentre en France par la grande porte »

    Par Noémie Toledano

    Nul n'est prophète en son pays. Sur StreetPress, les deux têtes de la «Beast», Betty Bonifassi et Jean-Phi Goncalves, racontent leur exil au Canada. Et leur retour, en concert, le 16 avril à la Maroquinerie.

    Alors Beast, c’est quoi la bête?

    Betty: C’est un insecte, une abeille.

    Jean-Phi: Je trouve que l’abeille est assez symbolique du processus de l’album qui s’est fait dans un moment un peu creux de nos vies et qui est devenu l’album de la survie. On s’est jeté là-dedans corps et âme. On a fait beaucoup de sacrifices. On a lâché pas mal de trucs qu’on avait à côté pour faire cet album. On l’a fait avec un certain instinct, sans trop réfléchir, un peu comme une bête.

    Vous saviez que, dans la mythologie, l’abeille symbolise l’âme?

    On a bien choisi, alors. En fait, tout ça est venu du fait qu’on cherchait un nom pour le groupe. A un moment, on était en train de travailler, Jean-Phi sort : «Pourquoi on n’appellerait pas le groupe Beast?». Je lui ai répondu que ça allait évoquer beaucoup de choses qui ne nous ressemblaient pas. Puis je me suis dit beast versus un insecte, là oui, j’aime. Voir le petit comme quelque chose de super puissant. Si l’abeille ne fait pas son job, on ne bouffe pas, il n’y pas de légumes, il n’y a pas de fleurs, pas de pollinisation, il n’y a rien.

    Beast en live au Casino de Paris

    Leur MySpace ici

    « Demain on va faire Taratata, c’est carrément waouh! » Betty

    Il n’y donc pas de rapport avec le diable? Sur votre album il y a des titres comme Devil et Satan…

    Non, ça c’est le premier degré.

    On vous a tous bien eus.

    Et c’était le but de nous avoir ?

    Le but était un peu de provoquer. Mais toutes les symboliques sont là. C’est plus un travail sur l’humain. C’est justement décrocher du mysticisme pour revenir à nous, parce qu’on est dans la merde! Si on continue, on va tous finir comme l’île de Pâques. On ne pourra plus sortir de là puis on sera enfermés dans des conditions de vie pas funs.

    Comment vous vous êtes rencontrés?

    On s’est rencontré dans le petit village qu’est la scène musicale montréalaise. Je travaillais sur quelques trucs, une musique de film à ce moment-là. J’ai demandé à Betty de venir chanter sur une trame sonore qui est devenue une chanson en l’espace d’une heure. De là, j’avais l’impression d’avoir trouvé où je voulais m’en aller.

    Il m’a appelé deux jours plus tard et m’a demandé si je voulais qu’on fasse un album ensemble. J’ai dit oui! C’était trop rapide! En 45 minutes on avait sorti la première chanson de l’album. Évidemment on l’a peaufinée après mais elle était là. On était comme deux gamins ensemble. Après ça, c’était moins facile.

    Qu’est-ce que cet album représente pour vous ?

    On sortait de périodes où on ne savait pas trop ce qui se passait musicalement dans nos vies. J’avais envie de nouveauté. Ça faisait six ans que j’étais avec DJ Champion. Et Jean-Phi est arrivé pile poil. Ça a pris 2 secondes pour qu’on se dise OK go! Quand on a commencé l’album, je tournais encore avec Champion et lui, il tournait avec son groupe, Plaster. Quand on revenait à Montréal, on travaillait comme des fous. Puis on a été libéré de ces obligations et on a pu terminer l’album et commencer le show.

    Vous bossiez comment ?

    On passait des journées ensemble sans forcément se parler. Je bossais sur l’ordi, Betty s’inspirait de ça et écrivait des idées de textes ou de mélodies. Et puis on mettait nos idées ensemble. Le fait d’être à la même place et de ne pas ressentir les mêmes choses selon la même musique qu’on entendait, ça nous poussait plus loin.

    Vous êtes tous les deux Français, vous avez travaillé longtemps au Canada. Ça fait quoi de revenir en France avec un album qui cartonne?

    C’est malade. Je suis super fière. Demain on va faire Taratata, c’est carrément waouh!
    Je suis contente parce que j’ai prouvé mon poids. Il a fallu que je parte de France parce qu’on ne me laissait pas faire ce que je voulais ici. Je reviens en ayant fait ce que je voulais faire et ils aiment. Je leur ai prouvé par A+B qu’ils avaient tort.

    On entre par la grande porte! Je trouve que c’est la meilleure manière de rendre ma maman fière de moi.

    L’interview bête avec Beast:

    Vous êtes plutôt bête de sexe ou bête de scène?

    Betty: Ahaha. Moi je suis plutôt bête de scène en ce moment parce que le cul c’est pas ça.

    Jean-Phi: Moi, les deux.

    Betty: Il l’a dit, tu le marques! Ils vont se foutre de ta gueule!

    Est-ce que vous êtes du genre à chercher la petite bête?

    Betty:Moi oui.

    Qu’est-ce qui vous fait reprendre du poil de la bête ?

    Betty: Hoho… le sexe

    Jean-Phi: Moi aussi.

    Betty:Non sérieusement, je vais être sincère, mon fils.

    Jean-Phi: Le sexe! le sexe!

    Est-ce que vous travaillez comme des bêtes?

    Betty: On travaille comme des fourmis.

    Jean-Phi: Ou des abeilles!

    Betty: Voilà, on travaille comme des fourmis ou des abeilles. On travaille très fort.

    Quel est votre bête noire?

    Betty: Les cons, l’ignorance!

    Jean-Phi: J’ai l’impression que parfois je suis ma propre bête noire! Ça dépend combien de shooter j’ai pris.

    Est-ce que vous avez déjà été livré aux bêtes?

    Betty: Oh oui! La musique c’est un monde de bêtes. Et être une fille dans la musique, c’est pas mal un sentiment de bestialité.

    Jean-Phi: Moi je n’ai pas cette impression. Je pense que j’ai eu une vie assez ouatée.


    « Ne pas ressentir les mêmes choses selon la même musique qu’on entendait, ça nous poussait plus loin » Jean-Phi

    Source: Noémie Toledano | StreetPress
    Crédits photos: Michela Cuccagna | StreetPress

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