Le Salon du livre de Paris a fêté sa trentième édition avec des drames: Hachette qui boude et ne participe pas, une fréquentations en baisse avec – 8% de ventes et le prix du stand qui augmente pour les exposants.
Le Salon du Livre, un sacrifice pour les petits éditeurs
Dans cette ambiance morose, pendant que des superstars de la dédicace comme Anna Gavalda ou Dominique De Villepin signent des heures durant, les petites maisons d’éditions essaient de se faire remarquer, à force de sacrifices.
Gilbert Trompas, directeur des Editions Corsaire spécialisées dans les ouvrages sur la mer, explique par exemple avoir dépensé « 3.000€ et des heures de préparation » pour son stand. « Puis il faut s’en occuper et du coup on n’est pas au bureau », fait-il remarquer.
Le stand de Menu Fretin , « a coûté 2.000€ », insiste le fondateur de la maison, Laurent Seminel. Il ajoute amer: « Avec l’augmentation, on a eu l’impression qu’on voulait plus de nous les petits éditeurs. Et maintenant que les gros ne viennent plus (Hachette, ndlr), on est formidables ! »
Miser sur un auteur qui cartonne
L’objectif pour les petites maisons d’éditions, c’est de rentrer dans leurs frais. « Si on y arrive c’est fantastique! » rit Valérie Millet des Éditions du Sonneur .
Les éditeurs misent beaucoup sur une ou deux œuvres indépendantes capables de faire un carton sur le marché grand public. Gilbert évoque l’exemple de l’auteur Béatrice Maillard-Chaulin lors du salon 1999, « Elle est venue nous donner le manuscrit de Journal d’un sein . Les autres maisons n’en voulaient pas à cause du sujet mais au final nous en avons vendu 100 000 exemplaires ! »
« Il faut s’en occuper et du coup on n’est pas au bureau » Gilbert Trompas, des éditions Corsaire |
« C’est crucial qu’il y ait ce salon. Il doit être maintenu » Valérie Millet, des éditions du Sonneur |
« C’est crucial qu’il y ait ce salon »
Malgré le sacrifice financier et de temps, ils ne crachent pas dans la soupe et voient le Salon du Livre globalement positif. « C’est important d’être là, pour une question de visibilité mais aussi parce que c’est motivant et agréable», s’enthousiasme Valérie Millet. Elle continue: «C’est un moment dans l’année où il y a une vraie concentration des gens du livre. C’est crucial qu’il y ait ce salon. Il doit être maintenu, »
Regrouper les petits éditeurs pour concurrencer les grands groupes
Une alternative existe néanmoins pour essayer de minimiser les dépenses, tout en profitant de l’exposition médiatique de la foire. Gerard Cherbonnier est le trésorier de l’association L’Autre Livre , et directeur des éditions du Petit Pavé . Il explique sa démarche: «En 2003, nous avons fait un double constat : que nous les petits éditeurs, nous étions dans un coin et que les grosses maisons se regroupaient dans des gros groupes qui ne font pas que du livre. Alors on s’est dit que nous aussi on pouvait se regrouper ».
L’objectif de l’association: « Être présent sur le plan revendicatif, notamment sur les prix des stands » pour « montrer que chaque livre a le même droit ». Gérard insiste sur « l’importance pour les éditeurs de province de monter à Paris, et rencontrer lecteurs et libraires ».
L’association compte aujourd’hui 150 éditeurs indépendants qui, s’ils participent au Salon du livre de Paris, ont aussi leur propre salon annuel à Paris, à l’espace des Blancs manteaux. Histoire de « râler sur le système en général! », explique en riant Gérard Cherbonnier.
« Les grosses maisons se regroupent dans des gros groupes qui ne font pas que du livre » Gérard Cherbonnier de l’association l’Autre Livre |
Le Salon du livre de Paris reviendra l’année prochaine du 18 au 23 mars 2011. Toujours au même lieu : Porte de Versailles, au bout de la ligne 12, direction mairie Issy. A l’honneur : Les pays Scandinaves (Danemark, Norvège, Suède).
Salon de l’Autre Livre, le salon de la liberté d’éditer : du 12 au 14 novembre 2010. Espace des Blancs Manteaux (48 rue Vieille du temple, Paris 4e), de 11h à 20h, entrée gratuite.
Source: Aurélie Achache et Noémie Toledano | StreetPress
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