Que représente la réforme de la constitution pour le Maroc et les Marocains ?
Cela dépend pour quels marocains. Ceux qui représentent le mouvement du 20 février (à l’origine des manifestations) ne sont pas satisfaits de cette réforme car ils demandaient une nette séparation des pouvoirs. Pour les autres marocains, détachés du mouvement (citoyens, politiques…) c’est un moment historique. La dernière réforme avait en effet été rédigée en 96 sous Hassan II, il y a près de 25 ans. Ils n’ont peut être pas conscience qu’il faut par la suite voir le contenu de cette nouvelle constitution !
Pour vous cela représente-t-il une avancée dans le processus démocratique du pays ?
Selon moi, cette réforme est très décevante. Ce n’est pas un réel miracle cette constitution. Elle reste conservatrice sur le fait que l’indépendance des pouvoirs, comme la justice, n’est pas garantie. Car c’est toujours le roi, conseiller Suprême de la magistrature, qui nomme les magistrats. On pourrait appeler ça une transition vers la démocratie plutôt qu’une véritable réforme démocratique. Une démocratie sous tutelle.
La réforme a toutefois était saluée à l’étranger et par la classe politique marocaine… Expliquez cette contradiction
Au niveau international, la contradiction frappante est que la réforme à été saluée en tant que réponse pacifique et positive au mouvement de constations. Pourtant, le Maroc se défend d’avoir répondu à la pression populaire et argue qu’il a seulement continué le processus de transition qui avait débuté dès 1999…et certes pris un peu de retard. Toutefois je peux comprendre que vu de loin le discours du roi ai été perçu comme une avancée majeure comparée aux réponses des dirigeants des autres pays comme Khadafi ou Bachar al Assad…
Du côté de la classe politique marocaine, je pense qu’ils n’ont pas envie de se lancer dans une confrontation. Ils sont dans l’entourage du palais et l’utilisent comme un « parapluie » pour continuer à faire de la politique interne. Ils n’ont rien demandé eux. S’ils devaient avoir peur des électeurs, pas sûr qu’ils feraient de la politique.
Quel sont les scénario envisageables, si toutefois les manifestations continuent ?Le gouvernement laissera faire. Vu que l’adoption du référendum est dans 15 jours et que les débats ont commencé. Soit l’adoption de la réforme le 1er juillet va clore le débat, soit la revendication des mouvements contestataires se fera plus radicale. On est quand même sur une période où une génération teste ses rapports de forces. Si elle ne le fait pas maintenant, ce sera possible quand ? D’ici 25 ans ?
Selon moi, cette réforme est très décevante
bqhidden. Une génération teste ses rapports de forces. Si elle ne le fait pas maintenant, ce sera possible quand ? D’ici 25 ans ?
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