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    14/06/2011

    Roms versus bobos

    Au resto clandestin, c'est soupe transylvanienne, tofu et gâteau des morts dans un cirque d'ânes

    Par Edouard Dropsy

    StreetPress a été invité lundi dernier à participer à un resto clandestin. Ce mois-ci c'était dans un cirque d'ânes à Montreuil qu'a eu lieu un diner sur le thème de la confrontation entre Roms et bobos. Cliché, quand tu nous tiens.

    A la rencontre des cultures. Cette maxime énoncée de la bouche de bobos depuis des années se résume souvent à se rendre dans un bar à chichas de Belleville, ou à s’aventurer dans le 13ème arrondissement parisien pour goûter des plats de la lointaine Asie. Heureusement il y a les soirées de Pierre de la Comète.

    Pas de com La création des restaurants clandestins remonterait à 2008, à l’origine de la crise. Dans un élan de solidarité, des inconnus se rendraient chez des particuliers en payant leur repas à leur hôte. C’est du moins ce qu’essaye de nous faire croire Pierre de la Comète, l’organisateur de ces soirées.

    En réalité, ce concept recherche plutôt l’échange entre personnes opposées, afin de les mettre en contradiction face à leurs préjugés, plus qu’une vaine tentative d’empathie. « Ce qui différencie le resto clandestin d’une bouffe entre copains, c’est qu’on paye à la fin. On donne de la valeur à la soirée », explique Pierre de la Comète. Pour ces soirées, pas de communication, ou très peu via les réseaux sociaux et la petite poignée d’initiés, qui à leur tour, font passer le message.

    Soupe à la cerise A 20 heures donc, une vingtaine de personnes étaient présentes dans la cour du cirque. Une limousine devait arriver, le manque d’organisation et la précipitation de l’évènement ne le permettront pas. Pas grave, les convives parlent, entre eux, entre personne de son milieu. On entend les roulements de « r » des roms d’un côté, l’élocution distincte et sophistiquée des bobos de l’autre.

    Les Sibyllines, cuisinières en chef de la soirée, ont improvisé leur cuisine sous une tente de bâches, et préparent des plats d’inspiration roumaine. Soit disant. Ainsi, la soupe à la cerise, dite transylvanienne, était un mystère pour les Roms du camp d’à côté, malgré son succès.

    Pleines de bonne volonté, mais végétariennes, nos Sibyllines reconnaissent ne pas avoir trouvé de plats sans viande. Mais qu’importe, le tofu accompagné de brochettes végétariennes fera office de plat principal. Et pour le dessert, le gâteau des morts : Le Coliva. Ce qui n’a pas empêché les convives outre Carpates de se prêter au jeu.

    Arte ne sait pas rouler des « r » De leur propre chef, nos cuisinières reconnaissent s’être plantées, et acceptent la critique. La soirée, se déroule sans encombre. On serait tenté de dire malheureusement. Une journaliste d’Arte est présente pour l’émission Yourope. Pressée, elle tente d’activer l’organisation de la soirée. Vers 22h30, elle commence les interviews. Banalités et lieux communs :
    -Et vous, pourquoi vous venez dans les restaurants clandestins ?
    -Parce que c’est beaucoup plus amusant qu’un restaurant légal, répond l’une des convives.
    -Et vous recherchez quoi avant tout ? l’échange ? demande-t-elle, sourire figé.
    -Oh oui !
    Le seul problème, est que cette dame, sympathique au demeurant, n’a pas cherché une seconde à discuter avec ses voisins de tablé qui roulent le « r ».

    Dans les fourrés La soirée se finira sur des danses traditionnelles exécutée par Ema Dei, membre du Shukar Collective à Bucarest. Cette performeuse bien connue des milieux alternatifs le concède « C’est dommage, c’est tellement convenu ce soir. Ma clarinettiste n’est pas là, c’est le bordel ! » rit-elle.

    On l‘aura compris, cette soirée, où les gamins du camp d’à côté sont venus en renfort à la fin, avant de se faire récupérer par leur mère (« Demain, il y a école, allez vous coucher ! ») n’aura pas été une réussite complète. L’initiative était pourtant louable, et une lueur d’espoir a existé, lorsqu’une bobo, plus tendance bourgeoise que bohême, a été aperçue, sortant de l’arrière du chapiteau et pas gênée, pour utiliser les seules toilettes du cirque : les fourrés.

    C’est pas bon, il manque la viande

    bqhidden. C’est excellent, pour une fois y’a pas de viande

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