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    09/06/2011

    Thérapie collective jeudi soir à la Cantine (Paris)

    Les trolls, apprenons à les aimer

    Par Maya-Anaïs Yataghène

    Ils sont partout et nous taquinent de leurs plus beaux hors sujets et de leurs plus belles injures. Ces êtres chafouins, ce sont les trolls. Mais a-t-on essayé de vivre avec eux? Réponse ici et jeudi soir avec une conférence à la Cantine (Paris).

    Cher Troll . Ton identité reste mystérieuse et multiforme. Autrefois tu errais dans les montagnes et les buttes nordiques. Mais plus personne ne parle les langages du Nord. Surtout pas sur Internet où tu erres, à la recherche d’un habitat propice à tes interventions. Alors forcément, tu inondes les sites français, américains, espagnols … À la recherche de preuves d’amour, on le sait. Ce soir, à la Cantine (Paris 2e), le Social Media Club organise une conférence. Et elle ne s’appelle pas « Comment se débarrasser des trolls ? » . Non. Elle s’intitule « Vivre avec les trolls en ligne ». Un véritable appel à l’amour entre les peuples.
     
    Anthropologie du troll « Un troll, c’est un internaute qui vient parasiter une discussion avec pour seul objectif de la faire capoter, ou dévier de son sujet d’origine » explique Nicolas Marronnier, délégué général du Social Media Club. La recette est simple. Pour appâter un troll sur un forum ou un site d’actu, parlez politique, ou people. Le Proche-Orient, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy … Les rédactions web connaissent les risques . Alors ils changent leurs politiques de modération, comme Marianne2.fr. Ils réservent la capacité à commenter à leurs membres, comme lemonde.fr. Certains blogueurs excédés jettent l’éponge devant la virulence de leurs trolls. D’autres comme Rue89 , qui reçoit plus de 2000 commentaires par jour, s’en accommodent, tant ils ont bâti leur image sur une « info à trois voix ». Où que l’info aille, le troll va. Et il faut avouer qu’il va beaucoup sur le site de Jean-Marc Morandini. « C’est peut être que l’info qu’il fait n’est pas de qualité … » admet Nicolas Marronnier. « Il les attire de fait en ouvrant des sujets de discussion qui ne sont pas forcément “haut de gamme”. Ragots, rumeurs, forcément … ».
     
    Un « élément constitutif du web » « Don’t feed the troll » dit l’adage du web. Ne pas rentrer dans son jeu, ne pas répondre  à ses messages. Pourtant, le troll s’est vu consacrer des articles, et maintenant des conférences. Serait-ce le début d’une organisation des rédactions web, la mise en place d’une extermination généralisée ? Y aura-t-il un holocauste du troll (point Godwin) ? « Je ne pense pas » répond Nicolas Marronnier. « On est là pour prendre un peu de recul. On ne va pas donner des solutions pour les éradiquer mais pour vivre avec ». Les rédactions savent que le commentaire est un « élément indissociable du web et de l’info en ligne. », même si certains journalistes demeurent insensibles à l’avis des internautes selon l’organisateur de la conférence… Désormais, les rédacs apprennent à découvrir que le troll aussi est « un élément constitutif du web. On ne peut pas s’en défaire ».
     
    Amicale des trolls, bonjour ? Il y a les trolls volontaires, les trolls malgré eux et … ceux qui cherchent carrément le troll. Non pas pour en faire du ragoût, mais par pur amour de l’espèce. « Il y a des forums où ça fait rire les g;ens. Ils viennent aussi rechercher ce genre d’interactions. » explique Nicolas Marronnier. D’autant plus que l’on devrait faire preuve d’humilité, car oui, selon lui, « on est tous des trolls en puissance ». Si sur certains sujets précis le lecteur peut aider le journaliste avec un commentaire basé sur son domaine d’expertise. Mais il peut à l’inverse faire une poussée de trollisme aigüe. Et dans la vraie vie aussi, avec une question déjà posée ou un peu bête, note Nicolas Marronnier. Et vu qu’il n’existe pas (encore) de société spécialisée dans la modération in real life… le troll est victime du fait qu’il est plus simple de se lâcher sur le web … Pauvre chose.
     
    Mon voisin le troll Alors en attendant la conférence de ce soir, quelles sont les pistes pour mieux cohabiter avec le troll ? Les auteurs du trollmètre , véritable test de dépistage de trollisme, répondraient probablement : la prévention. « Le dialogue », clame le délégué général du SMC. « Même si ça demande beaucoup de temps. ». Il imagine un système où l’on afficherait clairement la nature trollesque des commentaires. A la Gawker . « Sinon, ça reste de la modération , du community management, des réactions de l’auteur même » liste-t-il. Sur le traitement automatique des trolls, il y a encore beaucoup à apprendre selon Nicolas Marronnier. « Ils ne font pas forcément la différence entre un commentaire injurieux mais qui ne contient pas de gros mots catégorisé par le logiciel, et un commentaire qui fait avancer le débat mais qui continent l’un de ces mots. ». Trolls vs internautes, l’histoire continue. Et pour longtemps. Car pour Nicolas Marronnier, si les internautes persistent à ne pas nourrir le troll, les trolls, eux, continuent à nourrir le “lol”.

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    Envie de faire un bisou à un troll ?

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    “On ne va pas donner des solutions pour les éradiquer mais pour vivre avec”

    “On est tous des trolls en puissance”

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