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    03/08/2012

    Le Marais, le 11ème, St-Germain des Prés…. Quels sont les quartiers favoris des street artists ?

    Street Art : balade dans Paris avec ces artistes qui customisent la ville

    Par Karen Latour

    «La rue, c'est le musée que l'on fréquente tous les jours !» sourit le colleur Combo. Un musée qu'on ne prend pas le temps d'apprécier. Alors sortez des sentiers battus et chassez les œuvres de street artists comme Léo&Pipo e


    Afficher Street Art à Paris sur une carte plus grande
    Attention, certains collages sont éphémères !

    Combo, colleur engagé, incruste des cartoons sur des images d’actu

    Tu as choisi de me donner rendez-vous rue Saint Denis. Pourquoi cette rue ? Je trouve cette rue symbolique car elle traverse à la fois le 2ème et le 10ème arrondissement. En fait, y’a une sorte de triangle des Bermudes entre le Marais, Beaubourg et Saint Denis. Le Marais, ghetto bourgeois mais libre ; Beaubourg, établissement culturel qui fonctionne énormément et Châtelet, avec tous les RER de banlieue et toutes ces populations qui se mélangent. Si on continue encore, on arrive à Saint Denis, la rue des prostitués et y’a un putain de changement qui s’opère !

    Il y aurait donc des quartiers où tu préfères poser ? Ça dépend de ce que j’ai envie de vivre. Quand j’ai un coup de mou, je colle le soir à Montmartre. J’aime bien marcher dans les rues pavées, ça fait un peu village et l’ambiance est plus calme. Toute ma série sur l’art, je l’ai d’ailleurs faite uniquement à Montmartre. Par contre, quand j’ai besoin de me confronter au regard des autres ou quand j’ai envie de vivre quelque chose de plus agité, je vais coller dans le Marais ou à Beaubourg – et plutôt l’après-midi.

    En revanche, je n’expose pas mon boulot dans des quartiers comme Barbès ou La Chapelle, la vie est déjà assez merdique, y’a pas besoin de pointer du doigt les injustices. Dans le centre de Paris, les gens ont tendance à oublier ces injustices.

    Comment choisis-tu un mur ? Il faut qu’il soit voyant pour que ça attrape le regard des passants. Plus c’est gros et plus le message est fort. Je m’inspire beaucoup de la pub, je vampirise les gros murs comme le fait la publicité.

    Sur quel mur rêves-tu d’apposer ta signature ? Est-ce que tu vois la façade du 36 quai des orfèvres ?J’aimerais bien le faire là-bas ! Je mettrais ma vraie photo et j’écrirais « attrapez-moi si vous pouvez ».

    Fred Le Chevalier, poète dessinateur, colle des personnages androgynes en noir et blanc

    Comment choisis-tu les murs où tu poses ? Quand j’ai commencé, je collais un peu au hasard. Erreur de débutant, je collais là où il y avait déjà des graffitis, des collages… J’avais l’impression de faire partie d’un ensemble plus vaste en faisant ça. Mais j’ai vite compris que ça ne marchait pas. Depuis, je colle que sur des murs moches, des murs vivants pour le dire plus positivement. Des murs qui ont déjà vécu. Tout simplement parce que mes collages ont moins de chance d’être arrachés. Moi j’aime la quantité, ça m’excite d’en faire beaucoup.

    Je me suis aussi attaché à des murs : j’en ai trois, quatre à Paris où je reviens régulièrement. J’ai remarqué que mes collages y restaient souvent, c’est une sorte de rendez-vous avec des personnes qui aiment mes dessins. J’aimerais garder les deux : le hasard du début et l’habitude de la suite.

    De qui t’inspires-tu ? Certains de mes modèles sont mes amis, c’est le cas pour mon collage sur l’homosexualité. Je pense que je vais en coller un où ils habitent ! J’aime bien faire ça, coller là où mes amis vivent ou travaillent.

    Léo, colleur de personnages grandeur nature avec Pipo

    Votre duo a-t-il des quartiers de prédilection ? On s’approprie toute la carte parisienne : on est aussi bien dans le 16e, le 17e, des arrondissements complètement abandonnés des artistes de rues, que dans le 19e. Notre objectif, c’était dix poses par arrondissement ! Mais si je devais en citer un, je dirais le 15e. C’est un quartier très peu exploité alors que c’est limite l’arrondissement le plus riche, ça pullule de murs pas exploités et on cherche toujours des murs où on est tout seul, des endroits dégagés.

    Vous travaillez beaucoup en banlieue, pourquoi ? Parce que personne ne le fait ! Comme on vient de la banlieue, ça nous semblait naturel de s’adresser aux banlieusards. On a commencé par la petite couronne et puis on a tourné comme ça, en escargot. Je crois qu’on a fait une soixantaine de villes. Certains artistes sont limités géographiquement. Nous, on ne voulait pas oublier cette population. Certaines de nos plus belles poses sont d’ailleurs en banlieue.

    Comment choisissez-vous les rues où vous posez ? On n’a pas toujours une idée de l’endroit où on va. Parfois on fait des trucs ciblés : si on a un boucher à coller, on le met à proximité d’une boucherie ; si on voyage, on va prendre des gens en rapport avec le pays où on est. Quand on peut, on adapte. Mais on aime surtout dénicher des endroits, se perdre dans la ville, aller le plus loin possible.

    Quel est le spot le plus original où vous avez posé ? Un en hauteur… Quand tu peux escalader un endroit et être à l’abri des mains, c’est assez sympa. On en avait fait un dans le 13ème, rue de la santé, en face de la prison et on avait mis une femme un peu sexy en hauteur, les gens de la prison pouvaient la voir. On avait dû escalader des poubelles !

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    Qui sont Léo et Pipo ?

    La trentaine, et 4 ans de collage derrière eux, après une collaboration musicale. Leur style, c’est de prendre des photos du début du siècle et de les agrandir en taille réelle. Ils s’inspirent des vieux films de famille, espérant que les passants ne verront pas que la photo mais toute l’histoire qui peut l’accompagner.

    Jony, colleur de raton-laveurs prêts à envahir la ville

    Quels sont les quartiers où tu préfères aller ? J’aime le Marais pour ce qu’il propose, mais j’aime pas le côté branché, le fait que l’on soit les uns sur les autres. Alors je ne colle pas là-bas ! Par contre, je suis fan du 13ème, j’aime bien le côté quartier dortoir en fait. Pour moi, le vrai Paris c’est celui des années 70, quand on s’est mis à construire parce qu’on s’est rendu compte qu’il n’y avait plus assez de place. Le Paris du centre, ce n’est pas celui pour vivre.

    Est-ce que tu colles au hasard ? Non, souvent, je repère à l’avance où je veux poser. Je suis avec tout mon attirail, c’est super lourd et encombrant. J’ai souvent un copain qui vient, il ne colle pas mais il prend des photos. Moi, je lui dis d’arrêter, pour ne pas qu’on se fasse remarquer ! Je stresse trop. Trois jours avant ma pose je me dis toujours « putain mais si je me fais gauler. »

    Ta passion première, c’est le dessin. Tu le poses ensuite ? Oui, avant d’aller dans la rue, je préfère avoir un bon dessin parce que tous les dessins ne font pas sens dans la rue… ça m’énerve les mecs qui oublient de travailler, d’avoir un discours et qui collent sans réfléchir.

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    Qui est Jony ?

    Jeune Mexicain ne parlant pas encore Français, débute dans la capitale. Passionné de dessin, son truc, c’est le raton-laveur qui vient envahir la ville. Sur la lune aux côtés d’Armstrong ou incrusté derrière des messages tels « We will be back », il décline l’animal masqué sous toutes les formes possibles.

    Method Graphic, graffeur écolo, nettoyeur de murs et fan du pochage inversé

    Tu parles souvent de « l’histoire des murs » de Paris. En quoi c’est important ? Un mur, c’est un bout d’histoire. La poussière est chargée de révolutions, de guerres… Les murs sont un stockage de souvenirs qui ne demandent qu’à parler et c’est à moi de les révéler. Je prends la poussière des murs, je l’enlève mais sans jamais détériorer le support, c’est important de respecter ça. Tracer la tête de Victor Hugo à côté de sa maison, ça a un sens pour moi. En fait, je fais de l’histoire avec de l’Histoire, c’est ça.

    Où voudrais-tu mettre un de tes pochoirs ? A l’Orangerie ! Je voulais mettre une des reines de France, je ne me rappelle plus de son nom. Je voulais la mettre sur une des deux tourelles tu sais… Maintenant que ça a été refait à neuf, c’est fini. Le drame !

    On s’est rejoint à Saint Germain des Prés pour une session de « fashion street art. » Pourquoi cet endroit ? L’endroit est stratégique : on est à St Germain des Près, lieu du luxe à la française, juste à côté de la boutique de JC de Castelbaljac. Je sais qu’il aime bien le street art donc je me suis dit que c’était le meilleur endroit pour décorer des plaques d’égout – avec des carreaux vichy, c’est la mode. Sur les poubelles je mets plutôt du Burberry ou du Vuitton. En fait, je fais du street art de haute couture ! J’aime bien dire « street art républicain. »

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    Qui est Method Graphic ?

    Joseph de son vrai prénom, 36 ans, fait du pochoir inversé : il dessine sur les murs en les lavant plutôt qu’en les taggant. Apparaissent ainsi des têtes blanches sur les murs noircis de la capitale. Il dessine souvent des personnages historiques comme Gainsbourg, Obama ou Victor Hugo. Depuis peu, il s’est lancé dans le « fashion street art », la customisation du mobilier urbain comme les poubelles ou les plaques d’égout.

    Thom Thom, découpeur au cutteur d’affiches pour laisser celles d’en-dessous s’exprimer

    Votre Paris est celui de la publicité. Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous attire dans les affiches publicitaires ? La pub s’est imposée à moi. J’ai commencé à l’époque de la bulle Internet, au début des années 2000. Les pubs pour Internet étaient assez choquantes et donc inspirantes. Mon but, c’est de faire quelque chose qui fait douter l’œil. Avec la crise, les sujets sont plus difficiles à trouver : on trouve que des tranches de jambons et des bouteilles de cidre ! C’est vraiment du discount donc il faut que je fasse avec… Puis là, c’est une question de saison aussi. L’été est une période où il y a peu d’affiches et elles ne sont renouvelées que toutes les trois semaines.

    Quels sont les spots où on peut vous voir ? J’ai deux/trois postes dont un rue de la fontaine au roi et un autre à l’angle de la rue st maure. Je bouge très peu pour deux raisons : d’abord c’est mieux de travailler sur les mêmes spots, chaque nouvelle couche permet de révéler le travail qui a déjà été fait en-dessous et puis j’ai besoin d’une grande échelle, je ne vais pas me trimballer avec dans le métro ! Du coup, je reste vraiment dans le 11ème, mais il faudrait que je me bouge le cul, c’est vrai.

    Vous évoluez également dans le métro. Dans le métro, je chasse la bonne affiche. Je reste sur une ligne et je note à chaque arrêt les affiches qui pourraient m’intéresser. Ensuite je les maroufle sur une toile et je les découpe. J’aime les formats imposants. Y’a cette idée de faire une composition qui peut être vue par plusieurs personnes en même temps.

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    Qui est Thom Thom ?

    Il a commencé son « travail de découpage au cutter d’affiches de publicité » il y a plus de 10 ans. Un de ses premiers spots est devenu le fameux « MUR » où de nombreux artistes urbains sont venus exposer leurs créations, rue Oberkampf. En découpant les affiches, il révèle celles du dessous et crée ainsi de nouvelles façons d’appréhender la publicité.

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