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    06/04/2010

    Les états généraux de la sécurité à l'école, les 7 et 8 avril

    Cyprien Feilhès, de l'UNI-lycée: «On aimerait que les lycéens puissent systématiquement être contrôlés à l'entrée des lycées»

    Par Maxime Jacquet

    Sur StreetPress, Cyprien Feilhès, porte-parole national de l'UNI-Lycée, propose d'interdire les regroupements devant le lycée "terrain privilégié pour des agressions en tout genre" et de renforcer les contrôles d'identité à l'entrée du lycée.

    Bonsoir Cyprien, dites-donc c’est la galère pour vous joindre…

    Excusez-moi de vous rappeler à une heure pareille mais mon avion a eu un petit peu de retard du coup je n’ai pas pu vous appeler avant, je viens de sortir, je suis dans le taxi là.

    Pas de problèmes. Alors, que proposez-vous contre les violences au lycée ?

    Déjà, la mise en place d’une carte du lycéen multi-services qui puisse regrouper la carte d’accès aux services de cantine, la carte d’accès à tous les services que donne aujourd’hui la carte nationale du lycéen, et un troisième service qui serait l’identification à l’entrée des établissements. On aimerait que les lycéens puissent systématiquement être contrôlés pour éviter les intrusions dans les établissements.

    D’autres propositions?

    Sanctionner plus sévèrement les blocages et les manifestations lycéennes, parce que c’est illégal, les lycéens n’ont pas le droit de grève. C’est l’occasion pour les lycéens de rester devant le lycée, de consommer des stupéfiants et de l’alcool : c’est un terrain privilégié pour des agressions en tout genre.

    Vous le savez peut-être déjà, mais le FN propose sensiblement la même chose que vous…

    Je suis sûr que j’arriverais à trouver des propositions qui se ressemblent avec celles du Parti Communiste. Simplement, on ne peut pas éviter qu’il y ait des propositions qui se recoupent un petit peu.

    Quel autre moyen d’action peuvent avoir les lycéens s’ils n’ont plus le droit de grève?

    Il y a tout ce qui est système de démocratie lycéenne. Dans chaque lycée il y a dix élus qui représentent les lycéens au niveau de l’administration. D’ailleurs, ils ont été consultés l’an dernier dans les 1200 lycées français. Puis ces élus de chaque lycée ont des représentants au niveau académique et national.

    Mais ils n’ont pas de véritable moyen de pression si ce n’est la grève…

    A un moment donné, l’ultime représentation, ce que j’ai envie de vous répondre, ben c’est eux… Ils votent ! Ils votent, aux présidentielles, pour quelqu’un qui choisira un Premier ministre, qui choisira un gouvernement.

    Les états généraux de la violence au lycée

    Annoncés par Luc Chatel suite aux agressions répétées qui ont eu lieu dans plusieurs établissements depuis quelques mois, les États Généraux de la violence au lycée se tiendront le 7 et 8 avril. L’idée est de rassembler de nombreux spécialistes de la question pour analyser les causes de ces violences, et y apporter des solutions. Les associations lycéennes y prendront part, comme l’UNI-lycée.

    « Les lycéens n’ont pas le droit de grève. C’est l’occasion pour les lycéens de rester devant le lycée, de consommer des stupéfiants et de l’alcool : c’est un terrain privilégié pour des agressions en tout genre »


    « Il y a un élève sur cent qui est victime chaque année d’une agression grave au lycée »


    Donc ce que vous proposez, c’est qu’on abaisse le droit de vote à quatorze ans ?

    Non, c’est pas ce que je propose. Faut pas être si simpliste, à se demander «comment les lycéens peuvent s’exprimer, sinon par la rue ?» C’est pas une solution, je veux dire.

    Vous êtes où au lycée ?

    Je suis en Terminale au lycée Pierre de Fermat à Toulouse

    Il y a des problèmes, justement à Pierre de Fermat ? Parce que je connais, c’est quand même pas hyper chaud comme lycée…

    Non non, effectivement, c’est pas le lycée où y a le plus de problèmes, mais justement, on peut s’inspirer de ce lycée pour trouver des solutions. Il y a un élève sur cent qui est victime chaque année d’une agression grave au lycée. Ça veut dire que sur 3 ans, il y a un élève par classe qui est victime d’une agression grave. Une agression grave, qu’on se comprenne, ça veut dire avec des armes blanches.

    Bien sûr, mais est-ce que ça vaut le coup d’imposer des fouilles, des contrôles des sacs, la présence policière pour des faits qui restent quand même très marginaux ?

    Je pense que si on posait la question à la prof qui s’est fait poignarder dans notre académie l’année dernière, elle jugerait que c’est nécessaire. Nous on n’a pas repris la proposition très médiatique de mettre des détecteurs de métaux à l’entrée des lycées. On la juge inefficace et bien trop contraignante pour les lycéens.

    J’ai vu dans votre papier que vous proposez des fouilles et des contrôles des sacs. C’est pas contraignant ça, selon vous ?

    On a proposé que les personnels administratifs et surveillants soient autorisés à fouiller les sacs des lycéens. Si on sait que quelqu’un a un couteau, une lacrymo, ou autre chose dans son sac, aujourd’hui on ne peut pas lui demander, on est obligé d’appeler les policiers pour lui faire ouvrir son sac. Donc effectivement, c’est très contraignant dans le sens que si on a un doute, ben c’est plus simple de vérifier sur place que d’appeler les policiers…

    Vous n’avez pas peur de vous rendre impopulaires auprès des lycéens avec de telles propositions?

    Vous pensez qu’on se rendrait impopulaires ? Tous les lycéens ne seront pas d’accord avec ça, mais y a quand même un lycéen sur trois qui vote pour nous pendant les élections lycéennes. On représente des gens, notre ligne est suivie, partagée par des lycéens, donc non, j’ai pas peur de me rendre impopulaire, j’ai pas peur de rendre l’UNI-lycée impopulaire parmi les lycéens.

    Cyprien Feilhès, La Vie

    9 juin 1992: Naissance a Toulouse

    Octobre-Novembre 2008: élu délégué de classe, conseiller académique à la vie lycéenne et représentant des lycéens de l’académie de Toulouse auprès du CNVL

    Décembre 2008: adhésion a l’UNI Lycée

    Février 2009: nomination comme responsable de section (Toulouse) de l’UNI Lycée.

    17 juillet 2009: nomination comme porte-parole national de l’UNI Lycée.

    Septembre 2009: publication de la ‘‘contribution pour un lycée rénové’‘ (document donnant la nouvelle ligne de l’UNI lycée sur l’évolution de l’éducation nationale)

    « J’ai pas peur de rendre l’UNI-lycée impopulaire parmi les lycéens »


    Source: Maxime Jacquet | StreetPress
    Photo de Une: Manifestation du lycée Paul Heroult le 03 avril 2008 | Mamottux

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