1 Le club des incorrigibles optimistes, un roman de Jean-Michel Guenassia
Ze Story : Paris, après-(seconde) guerre mondiale. Le jeune Michel se réfugie quotidiennement dans un bar, où il terrasse tous ses adversaires au baby. Un jour, il ose s’aventurer dans l’arrière-salle du bar, où de nombreux étrangers se sont réfugiés. Pour des raisons diverses, ils ont tous fui l’Est communiste. Dans cette salle, ils jouent aux échecs, boivent des litres, discutent avec Jean-Paul Sartre et Joseph Kessel. Michel devient leur confident, il les écoute raconter leur passé, leurs engueulades, leur vision du communisme. Jusqu’au jour où il apprend le secret qui les lie.
L’auteur : Jean-Michel Guenassia, un brin inconnu avant de publier ce roman – il avait juste écrit quelques scénarios et mis en scène quelques pièces de théâtre. Pour ce magnifique roman, il a reçu le prix Goncourt des lycéens en 2009.
A lire si : tu as envie de suivre sur 700 pages une chronique magistrale des années 60, du communisme, de l’adolescence, de la guerre d’Algérie, de Sartre, Kessel et de l’expatriation. Rien que ça.
Le club des incorrigibles optimistes, Albin Michel, 729 pages, 8,17 €
2 Barcelone Noir, un recueil de nouvelles
Ze Story : Barcelone Noir est un recueil de nouvelles qui te fait visiter la cité catalane côté darkside des Ramblas. Les histoires te baladent dans le quartier du Born avec une détective privée lesbienne qui doit fouiller le passé de deux amantes septuagénaires ou dans les bars clandestins du Raval où un journaliste aux cheveux gras est à la recherche d’un mercenaire serbe. En sommaire : une carte de Barcelone avec tous ses quartiers et la nouvelle qui lui correspond. Ouais, un peu comme le Lonely Planet.
Les auteurs : Parmi les 14 écrivains, on peut citer le journaliste David Barba – auteur de la biographie de l’acteur porno espagnol Nacho Vidal – ou le pape du roman noir catalan Andreu Martin.
A lire si : tu as fait Erasmus à Barcelone / Tu hésites à plaquer ton boulot pour devenir détective privé / Biutiful est ton film préféré des 3 dernières années.
Barcelone noir, Asphalte, 256 pages, 19,95 €
3 Fuck America, un roman d’Edgar Hilsenrath
Ze Story : L’histoire tordante et glauque d’un jeune Juif allemand rescapé de la Shoah qui débarque à New-York après-guerre. On y parle de bites, de putes et d’enculades. Jakob Bronsky a perdu “l’éclat de son âme” en même temps que 6 millions de Juifs étaient exterminés. Il ne se souvient plus comment il a survécu. Alors la nuit, dans une cafétéria des bas-fonds de New-York, il avale des crackers et écrit le récit invérifiable de sa vie dans le ghetto. Pour combler “le trou dans sa mémoire”. Et parce qu’il n’a pas 3 dollars en poche pour se payer une pute bas de gamme. Âmes sensibles et néo-nazis décérébrés s’abstenir.
L’auteur : Edgar Hilsenrath raconte magistralement le monde juif post-Shoah dans ce roman publié en 1980 et traduit en français en 2009. On avait déjà chroniqué son premier opus Le Nazi et le Barbier et on reste bluffé par la force de la plume du bonhomme.
A lire si : tu passes ton mois d’août à New-York ou à Berlin / ne manques jamais une édition du worst-of de la presse d’extrême-droite de StreetPress / n’es plus puceau.
Fuck America, Points, 281 pages, 7,20€.
4 Testament à l’anglaise, un roman de Jonathan Coe
Ze Story : celle de la famille Winshaw, une des plus puissantes d’Angleterre. Et celle, en parallèle, de Michael Owen, chargé d’écrire, sur ordre de la vieille tante folle, la chronique de cette illustre famille. Tour à tour, chapitre après chapitre, on pénètre dans l’esprit de tous les membres de la famille Winshaw, tous plus odieux les uns que les autres. Surtout, deux d’entre eux sont morts il y a déjà plusieurs années. Décédés naturellement ou assassinés ? Par une nuit d’orage, la folle vérité éclate. Et la vengeance va être terriblement délicieuse.
L’auteur : Jonathan Coe, écrivain anglais prolifique, à l’écriture ironique, absurde et acerbe. Son écriture est haletante, il varie les genres littéraires, sait nous emmener en quelques pages du rire aux larmes. Et si tu aimes Testament à l’anglaise, lis aussi, du même auteur (en priorité) La maison du sommeil et Bienvenue au club.
A lire si : tu fais un mémoire sur l’humour anglais / tu adores rire, pleurer et flipper dans le même roman / si tu cherches un bouquin avec une fin inattendue et impressionnante.
Testament à l’anglaise, Folio, 682 pages, 9,12 €
5 Frères de Brooklyn, un roman de Jason Starr
Ze Story : Aie ! La vie est dure pour Ryan, peintre en bâtiment de 24 ans. Son pote d’enfance, Jake – superstar de la MLS, la ligue de baseball américaine – est de retour à Brooklyn pour annoncer son mariage dans une ambiance über-bling-bling. Le pauvre Ryan, éjaculateur précoce qui vit chez ses parents, va devoir supporter le retour de son ex-meilleur ami qui s’amuse à lui renvoyer sa lose à la figure. Mais le plus enfoiré des deux n’est peut-être pas celui que vous croyez.
L’auteur : Jason Starr, que StreetPress avait interviewé ici. Encensé par les parrains du roman noir US, il prend un malin plaisir à appuyer là où ça fait mal. Thèmes de prédilection : l’échec, la jalousie et le narcissisme.
A lire si : tu aimes l’univers testostéroné des sports US / Tu es misanthrope / Brooklyn et le hip-hop new-yorkais n’ont pas de secret pour toi.
Frères de Brooklyn, Rivages/Noir, 445 pages, 10,12 €
6 Microfictions, un recueil de nouvelles de Régis Jauffret
Ze Story : Alors en fait, pas vraiment d’histoire, puisqu’il s’agit d’une sorte de recueil de quelques 500 nouvelles ultra-courtes (2 pages chacune). Elles ont quand même en commun d’être des confessions de personnages dérangés, mais néanmoins attachants, comme par exemple ce type qui re-lit les faire-part de décès pour s’endormir paisiblement, cet époux aimant qui rêve secrètement de tuer sa femme ou ce politicien recommandant le bombardement systématique des quartiers touchés par le chômage.
L’auteur : Régis Jauffret, complètement barge et doté d’un intérêt particulier pour ce que l’être humain a de plus sordide. Plus récemment, il a par exemple réinventé la vie d’Edouard Stern, banquier de bonne famille retrouvé mort dans une combinaison de latex , et a trouvé judicieux d’écrire 800 pages sur la vie et l’oeuvre de Josef Fritzl, ce mec qui a séquestré et violé sa fille pendant 20 ans dans la cave de sa gentille maison (Claustria). Mais toujours avec une plume virtuose et très décontractée, même quand il s’agit de raconter les pires vices.
A lire si : tu veux pouvoir lire un truc intelligent, fin et marquant en moins de 5 minutes, entre deux baignades ou en attendant qu’on te serve une glace.
Microfictions, Gallimard, 1024 pages, 9,45 €
7 Tarnac, magasin général, une enquête de David Dufresne
Ze Story : En 2008, la ministre de la défense Michèle Alliot-Marie fait arrêter Julien Coupat et le groupe de Tarnac. Une affaire qui a fait pschiit et dans laquelle les renseignements généraux se sont comportés en baltringues. Dufresne déroule le fil au contact de tous les protagonistes, à coup d’entretiens au long cours, de rapports des RG et de correspondants anonymes. Un polar avec uniquement des vrais personnages dedans.
L’auteur : David Dufresne se met en scène sur le mode du gonzo-journaliste avec un ouvrage magistralement composé.
A lire si : tu es anarcho-autonome et que tu as l’impression d’entendre un bruit bizarre dans ton téléphone quand tu es en ligne / tu es un étudiant en journalisme un peu maso qui fantasme sur le gonzo-journalisme.
Tarnac, magasin général, Calmann-Lévy, 498 pages, 19 €
8 A l’irlandaise, de Joseph O’Connor
Ze Story : L’histoire commence dans un tribunal : un père assiste au procès de l’un des agresseurs de sa fille, aujourd’hui dans le coma. Sauf que l’agresseur en question prend la fuite et le père décide de tout faire pour le retrouver et le tuer de ses propres mains. La suite est une longue lettre adressée à sa fille. Il lui raconte la traque de cet homme, comment il l’a retrouvé, comment il l’a ramené chez lui, enfermé dans une volière, et quelle relation étrange il finit par nouer avec cet agresseur.
L’auteur : Irlandais, comme son nom l’indique (et frère de la chanteuse Sinéad O’Connor), ancien journaliste, son premier roman date de 1991 – celui-ci date de 1999.
A lire si : tu aimes les récits où les personnages, complexes, évoluent. Quand les personnages n’agissent pas forcément comme la morale ou la logique le voudraient. Et si tu rêves d’aller en Irlande.
A l’irlandaise, Robert Laffont, 595 pages, 10,50 €
9 Tokyo Express, un polar de SeichÅ Matsumoto
Ze Story : L’inspecteur Mihara doit résoudre l’énigme du double suicide d’une belle serveuse et d’un fonctionnaire tokyoïte. Pour cela, il avale des milliers de kilomètres à bord du réseau ferré japonais. Un polar ferroviaire avec une intrigue très soignée.
L’auteur : SeichÅ Matsumoto, le Georges Simenon japonais, qui dépeint l’atmosphère nihiliste de l’après-guerre, avec ses personnages corrompus et bien pire encore.
A lire si : tes parents sont contrôleurs à la SNCF ou si tu aimes les romans policiers bien cartésiens.
Tokyo Express, Picquier Poche, 190 pages, 6,74€
10 Purge, un roman de Soki Oksanen
Ze Story : Elle commence en 1992 quand la vieille Aliide, que les dizaines d’années passées sous le communisme ont rendu très méfiantes, découvre une jeune femme très affaiblie couchée dans son jardin. Cette jeune femme, elle va finir par s’en rendre compte, c’est la fille de sa nièce. Sauf qu’Aliide n’a plus vu ni sa nièce, ni sa sœur depuis les années 50, depuis que les communistes les aient emmenées dans des camps pour haute trahison. Aliide en a réchappé, pour des raisons difficilement avouables. Alors que faire de cette jeune femme si fragile qui débarque ? La sauver des proxénètes qui la traquent ou la leur livrer ?
L’auteur : Sofi Oksanen, visage et coupe de cheveux à la Björk/Harry Potter, a reçu de nombreux prix pour Purge – et le bouquin sera adapté au ciné dans l’année. Elle mêle dans ses romans et ses pièces de théâtre sa double-culture estonienne et finlandaise.
A lire si : la double-culture te fascine / si tu pars dans les pays baltes / si Hannah Arendt te manque (t’as le droit, hein).
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