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    16/03/2010

    Critique bouquin: Lily et Braine, de Christian Gailly

    Par StreetPress

    Christian Gailly a raccroché sa trompette en même temps qu'il prenait la plume. Bien lui en a pris, surtout que le jazz ne quitte jamais ses lignes. Son dernier roman Lily et Braine est dramatique comme du Chet Baker.

    Un dénouement que l’on sait déjà tragique

    Il ne faut pas nécessairement être fou de musique pour entendre la mélodie dramatique de Lily et Braine. Elle ressemble à un ciel orageux dont on attend que les coups de tonnerre éclatent. Le livre se lit avec une boule au ventre, on craint avec crispation un dénouement que l’on sait déjà tragique.

    Une histoire presque banale

    L’histoire est pourtant presque banale: Un homme succombe aux regards langoureux d’une belle femme, aux appels de la liberté, et au succès dans le club de jazz de son quartier. On se doute que son épouse et ses enfants auront perdu d’avance.

    C’est l’histoire presque banale d’un homme qui aime plusieurs femmes et qui par lâcheté n’en quitte, ni en aime aucune complètement. Un homme auquel les événements échappent et qui laisse son épouse mettre un point final à l’histoire.

    Le mot important est « presque ». Car le jazz sublime la banalité de l’histoire et porte l’écriture, directe mais floue. Jazz triste, jazz de fête, jazz langoureux, jazz jazz jazz.

    Le livre est assez court. On l’imagine volontiers écrit sur une partition dans un club enfumé. Un roman coup de poing sous fond de jazz sulfureux: voilà comment on pourrait résumer le dernier Christian Gailly. Trop court mais si juste.

    L’histoire:

    France, lieu inconnu, idem pour la date. On dirait les années 1960, mais en fait on n’en sait rien. Braine revient d’une guerre inconnue, dévasté, blessé, muet. Il tente de revivre, aidé par sa femme, Lily et son beau-père qui l’embauche au garage familial. Du haut d’une dépanneuse il reprend le chemin d’une vie normale. Une vie simple d’homme marié, père d’un petit Louis et maître d’une chienne, Lucie.

    Puis, comme certains rencontrent le diable à un carrefour auquel ils vendent leur âme pour du blues, Braine rencontre Rose Braxton, une blonde en jaune, une américaine sans accent, une vamp de film hollywoodien. Et là, la vie de Braine change du tout au jazz.

    Lily et Braine de Christian Gailly, Les éditions de Minuit

    La citation: « Vous exagérez, je crois, dit Rose Braxton, la musique n’est pas si dangereuse. »
    Où lire Lily et Braine ? Dans un fauteuil club en cuir, une bibliothèque à la lumière feutrée ou à la table d’un café à peine ensoleillé.
    A qui l’offrir ? A un novice en matière de jazz.
    A qui ne pas l’offrir ? A une très belle femme ou une femme enceinte, ça lui donnerait des idées
    Quand le lire ? En hiver, un jour où même la pluie ne déprime pas.
    On est allé jusqu’à…: Rater son arrêt de métro.
    Temps pris pour arriver à la page 188: 2 aller-retour Le Raincy-Montrouge (RER+métro+bus)
    Prix par page: 0,08 centimes

    Source: Aurélie Achache / StreetPress

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