Lorsque les résultats du second tour sont tombés, Johan, 26 ans s’est directement dirigé vers la Bastille , accompagné d’un ami Brésilien et d’un Anglais. Ce Suédois résidant en France depuis presque trois ans tenait absolument à voir « comment le pays fêtait ça ». « C’est quand même à Bastille, un symbole pour tous les Européens ! » scande-t-il derrière le comptoir du Belushi’s, l’auberge de jeunesse où il travaille. Manque de bol, il a quitté la place quelques minutes avant l’arrivée du nouveau chef d’État. « C’est trop dommage, on croyait que c’était fini ! » On lui aurait menti ?
Nelson, Californien de 27 ans, qui travaille également à l’auberge de jeunesse, lui a emboîté le pas. Entre deux réservations de chambres, il raconte sa soirée du 6 mai, des étoiles plein les yeux : « C’était incroyable ! C’était la première fois que je voyais un aussi grand rassemblement, on ne voit jamais ça aux États-Unis ! »
De son côté, Charles a suivi le second tour de la présidentielle depuis Stockholm. Ce jeune de 23 ans originaire de Chicago, qui a travaillé à Toulon comme assistant de langues étrangères, s’était accordé un petite virée en Suède . De retour à Paris le 7 mai, il vient de retrouver son dortoir, des valises à bout de bras et sous les yeux. Et aussi avec quelques regrets. Avec son accent américain prononcé, il raconte sa soirée en rigolant : « J’ai mangé du… Comment on dit déjà… Vous savez, les animaux du Père Noël , vous connaissez ? On en mange là-bas, c’est délicieux ! » Entre deux bouchées, Charles n’oubliait pas ce qui se passait de l’autre côté. « J’ai suivi l’élection sur Internet . J’étais seul dans ma chambre à regarder les résultats », raconte-t-il, amusé.
[Saint Christopher’s Inn – C’est où ?]
Plutôt « petit Nicolas » ou « Flanby » ? « François Hollande , c’est la même chose que Barack Obama chez nous : le changement. » Partisan, Nelson ? Vous croyez ? Pas besoin de vous préciser pour qui il aurait voté. Le Californien va même jusqu’à comparer Nicolas Sarkozy à George Bush : « Mais uniquement en terme de popularité hein ! Pas pour le programme!»
A Toulon, Charles en a vu de toutes les couleurs. Ou pas. « Quand j’ai dit à mes amis que je travaillais là-bas, ils m’ont répondu que c’était très FN . Je n’ai pas encore vu les résultats, mais ils ont raison je crois ! » Effectivement, au premier tour des présidentielles,” Marine Le Pen”:http://www.streetpress.com/tag/marine-le-pen était deuxième, derrière l’UMP , avec 23,37 % des voix. Mais « les candidats conservateurs », très peu pour Charles, qui confie ne pas beaucoup aimer Sarkozy. La raison ? « Il est trop petit ! » Non, mais pour de vrai ? « J’ai l’impression qu’il est contre l’Union européenne , comme Marine Le Pen. » Ok Charles, si tu le dis. En tant que démocrate, lui aussi aurait choisi Hollande.
Johan, lui, hésite. Il aurait peut-être opté pour le Parti socialiste . Un paradoxe pour ce Suédois qui vote à droite dans son propre pays. Mais il reste très critique vis à vis de la gauche française : « Mélenchon est trop à gauche. Il sait qu’il ne va pas gagner alors il propose des idées extrêmes parce qu’il sait que, de toute façon, il ne pourra pas les appliquer ». Si c’est le candidat socialiste qui l’a séduit, c’est parce qu’il pense qu‘ « il faut du changement de temps en temps », mais aussi par rejet de Sarkozy. Il explique : « Il y a des amis à moi qui ne sont pas européens et qui ont des problèmes avec leur titre de séjour. Ils seraient partis si l’UMP avait gagné, parce qu’ils y auraient été contraints un jour ou l’autre. »
François Hollande , c’est la même chose que Barack Obama
Johan est serveur dans l’auberge de jeunesse
L’image qui les a marqués Pour Nelson, ce sera un mot : « passionné ». « Ici, les candidats sont passionnés par la politique. Chez moi, c’est juste des célébrités. » Vraiment ? Charles, lui, a adoré le clip de campagne d’Eva Joly , à l’inverse de celui de l’actuel président, qu’il trouvait trop « dramatique ». Pour Johan, l’image qu’il retient est beaucoup moins glorieuse, ce sont les résultats du premier tour : « Les 20 % de Marine Le Pen m’ont choqué ! » Le score du FN lui a laissé comme un goût amer, dont il préfère de pas se rappeler. En 2010, l’extrême-droite a fait son entrée au parlement suédois. « C’est une des raisons qui a fait que j’ai quitté le pays, car je n’aime pas ça », explique-t-il, avant de souffler : « Et maintenant il commence à y avoir la même chose en France… »
La France vue de l’étranger Nelson a beaucoup aimé suivre les élections. A ses yeux, les Américains ne participent pas assez à la politique, contrairement aux Français. « D’où je viens, personne ne vote, regrette le Californien. Puis il n’y a que deux partis, pas comme ici… »
Peu habitué à ce que la politique provoque de tels excès de joie, Johan a été surpris par l’euphorie des Français place de la Bastille. Face aux militants socialistes, il est resté pantois : « Les gens étaient tellement contents, ils étaient fous ! On ne voit jamais ça en Suède, on est beaucoup plus calmes. » Une attitude à l’image des partis suédois, selon lui : « La plupart sont au centre. »
Charles ne se remet décidément pas des clips de campagne, qu’il a adoré. « On n’a pas ça aux États-Unis ! » Ah bon ? Après toutes ces émotions, il s’apprête à faire un détour par Londres et le Moyen-Orient, avant de rejoindre Chicago pour la présidentielle américaine. Comme en 2008, il votera pour Obama.
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