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    03/03/2010

    Moderne Moderne

    Critique : Miam Miam d'Édouard Baer, au Théâtre Marigny

    Par Benjamin Gans

    Dans Miam Miam, Edouard Baer campe Luigi, un petit chef minable. Sur scène, un flingage en règle du théâtre à la papa. Jusqu'au 20 mars, au Théâtre de Marigny (Paris).

    Quand la pièce débute, il est possible que votre sang se glace. Et vous vous demanderiez si vous ne vous êtes pas trompé de lieu et d’époque, si ce personnage qui ressemble à Edouard Baer n’est pas la réincarnation de Jean Lefebvre et la pièce, une comédie de boulevard éculée. Heureusement, Edouard Baer nous fait une blague et cette pièce dans la pièce, comme un miroir dans un tableau, nous révèle surtout ce que veut éviter l’auteur : le théâtre de papa, celui d’ Au théâtre ce soir des décors de Roger Hart et des costumes de Donald Cardwell… Non pas pour le moquer, au contraire, mais comme un fils rebelle, pour s’en affranchir.

    Un théâtre moderne

    Il y a dans le travail d’Edouard Baer un leitmotiv, qu’il soit sur scène, au cinéma ou ailleurs : tordre les idées reçues, ressasser les lieux communs et ironiser sur les clichés. Dans le travail qu’il nous propose avec Miam Miam, c’est un nouveau genre qu’il inaugure autour du même thème: et Miam Miam est une synthèse réussie entre le théâtre de boulevard dont il explose les codes, le théâtre de Tardieu dont il déroule l’absurdité et le cabaret pour son euphorie surprenante. De cette alchimie se dégage une impression trop rarement éprouvée au théâtre, celle de la modernité. Ce n’est pas encore l’éternité mais c’est déjà pas mal.

    Un Edouard Baer qui campe un petit chef minable

    Edouard Baer incarne Luigi le petit chef, minable disons-le, d’une troupe qui va d’échec en échec. Le soir où nous surprenons sa troupe, il n’y a qu’un seul spectateur dans la salle. Pour arrondir les fins de soirs, Luigi sous loue six mille euros, – sans scrupule et sans réduction – et en liquide s’il vous plaît, le théâtre à une modeste association de quartier qui s’est saignée au sens propre et figuré pour réunir la somme. Au même moment surgit un sombre et étrange personnage, à qui il est difficile de refuser quoi que ce soit, et qui loue ce même soir le théâtre qu’il veut faire transformer en restaurant. Luigi se retrouve alors dans un merdier indémerdable et la pièce commence avec une troupe improbable de comédiens ratés, d’une directrice de théâtre alcoolique, de techniciens négligents, de clients coincés et embarqués au hasard dans la rue et d’aliments qui parlent, entre autres…

    Et un temps qui vous est compté

    Ne pas y aller, ce serait faire une faute grave, genre faute professionnelle avec licenciement direct. Aussi, la question n’est plus de savoir si vous irez, mais quand vous irez et si vous trouverez des places. Car la pièce remporte un tel succès qu’elle se prolonge jusqu’au 20 mars. Encore trois petites semaines. Seulement. N’oubliez pas que ce bonheur est éphémère. Ce n’est pas comme un livre qu’on peut relire, ou un film qui se loue. Et si comme moi, vous souhaitez la revoir, pour la déguster encore une fois alors, le temps vous sera compté.

    Edouard Baer au Théâtre Marigny :


    Le taux de remplissage du public : 98%
    Le prénom de ma voisine de droite dans le public : Alicia
    Le prix à la minute : 22,5 centimes

    Miam Miam, d’Edouard Baer, avec Édouard BAER, Philippe Duquesne, Atmen Kélif, Diane Bonnot, Alka Balbir, Laura Sillanpaa, Christophe Meynet, Jean-Michel Lahmi, Patrick Boshart. Au Théâtre Marigny Prolongations jusqu’au 20 mars.

    Prix : 49 € / 42 € / 30 € / 15 € et promos web jusqu’au 13 mars : 37 € / 32 € / 22 €

    Source: Benjamin Gans | StreetPress

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