Ton album Le régal s’écoute comme on lit un livre de poésie, avec plusieurs aventures. Est ce que tu cherchais cette cohérence ?
Lisa Portelli : Pas vraiment. En général, je compose deux chansons en même temps – par exemple, l’une va être très blues et l’autre plutôt aérienne. Inconsciemment, sans que j’y réfléchisse. J’ai toujours peur de me répéter, j’aime les albums où je n’ai pas l’impression d’entendre la même chanson tout le temps. Au final, je crois que la cohérence de l’album vient du fait que tous les titres sont différents.
Comment est-ce que tu composes tes chansons ?
L.P : Tout dépend : « Les chiens dorment » (voir ci-contre), celle qui est beaucoup passée sur Inter, à la base, c’était du yaourt. C’était très étrange avec des ambiances super bizarres et, peu à peu, j’ai rajouté un texte en français. À cette époque-là, j’avais vraiment envie de partir d’une musique et d’écrire ensuite le texte. Je n’avais pas envie d’être dépendante du texte en français. Mais pour d’autres, par exemple L’échelle, le texte est venu avant la musique.
T’écris toute seule ?
Dans un premier temps, oui, j’ai écrit toute seule. Depuis, j’ai rencontré un auteur qui s’appelle Andoni Iturrioz, qui m’a aidé sur certains textes à approfondir des choses. Il a composé et écrit le titre Dans l’air, celui qui conclue l’album.
C’est chiant de rechanter les mêmes chansons à chaque concert ? Est-ce que tu penses que les chansons ont une vie et évoluent ?
Carrément ! Les chansons qui valent le coup, on ne le sait pas forcément tout de suite , c’est à force de les jouer qu’on s’en rend compte. Il y en a dont je ne me lasse jamais comme Les chiens dorment, L’échelle, Dans l’air… et d’autres dont je me lasse mais je ne te dirai pas lesquelles ! En tout cas, oui, les chansons ont clairement une évolution. Sur scène, elles sont beaucoup plus rock, y’a une énergie qui est vraiment là, que je n’avais pas avant d’enregistrer l’album parce que je ne tournais pas énormément.
La chanson Les chiens dorment, dont tu parles beaucoup, est très visuelle, on dirait une petite comptine, est-ce que tu réfléchis à l’aspect visuel de tes chansons ?
Oui, j’y pense. Je veux créer une atmosphère similaire à un film. Pour cette chanson, je pensais au moment où un enfant s’apprête à s’endormir, un moment si important et dépendant du contexte dans lequel il évolue, douloureux, violent ou autre. Cette chanson-là parle un peu de cette tristesse de l’enfance, de cette mélancolie.
Mais du coup quand tu fais un clip, tu donnes tes idées ou tu passes la main à quelqu’un d’autre ?
J’ai du mal avec les clips en fait, parce que pour moi une chanson, c’est comme un livre, ça doit faire vivre l’imaginaire des gens et dès qu’on fait un clip on fige vraiment les choses avec une image. Je n’ai pas fait de clip sur Les chiens dorment, tout ce qu’on me proposait ne me plaisait pas donc j’ai préféré ne pas en faire. Je ne conçois pas le clip comme un objet marketing mais il faudrait… J’espère qu’un jour, j’arriverais à mêler l’idée marketing avec l’idée artistique mais pour le moment, j’en suis pas là. Malheureusement, les clips qui passent à la télé ne sont pas des clips qui poussent à l’imaginaire du tout, et je ne rentre pas dans ces codes-là, donc je préfère ne pas le faire plutôt que de casser mon univers.
Les chiens dorment
Dans mes chansons, je veux créer une atmosphère similaire à un film.
> Son bar : des lieux « authentiques », pas de bars trop branchés comme La place verte où nous sommes en train de faire cette interview.
> L’endroit où elle compose : une chambre de 12m2 dans le 18e. Même si elle préfère la campagne pour déconnecter et se recentrer.
Est-ce que le milieu de la musique est tel que tu l’imaginais ?
Il y a des gens dans ce milieu qui sont totalement à côté de la plaque et qui ne sont pas là pour les bonnes raisons. Ils sont là pour quelque chose de superficiel et pour avoir le sentiment d’exister un peu plus. Ces gens-là ne m’intéressent pas trop même si parfois on est obligé de bosser avec eux. Je te dis peut-être trop de trucs, là ! Sinon, j’ai surtout remarqué que les artistes se protègent beaucoup. Même moi, je ne suis pas tout le temps accessible. Parfois avant des concerts, je peux être assez froide.
Les gens avec qui tu travailles sont-ils ceux de tes débuts ?
Mon équipe proche, c’est vraiment comme une famille. Laurence, ma manageuse, était avec moi au lycée ! Artistiquement, elle comprend tout ce que je veux, c’est vraiment agréable. Les musiciens c’est pareil, je les ai choisi, ce sont des gens qui ne sont pas là juste pour gagner de l’argent.
C’est facile de te contacter directement ?
Oui je réponds personnellement aux messages sur Facebook. J’y tiens ! Au début il est arrivé à ma manageuse de répondre à ma place, mais je lui ai demandé de ne plus jamais le faire. Je déteste qu’on signe à ma place, qu’on fasse les choses que je dois faire.
Qu’est ce que tu fais quand tu ne fais pas de la musique ?
Du dessin en dilettante, des aquarelles, des croquis, je dessine parfois mes amis dans les bars. Ça m’occupe et ça me fait du bien. J’ai plein de carnets où je fais des dessins.
Cool, on peut voir ?
Non, je n’ai pas mon carnet sur moi parce que j’ai pris mon petit sac ! Mais peut-être qu’un jour, je mettrais ça sur une pochette.
Quelle est la remarque la plus étrange que tu aies entendu ?
Une nana en Allemagne, elle m’a dit que je lui faisais penser à… France Gall et me demandait si elle avait eu une influence sur moi.
Et alors, elle a eu une influence ?
Non ! Mais j’ai trouvé ça très drôle.
“Une nana m’a dit que je lui faisais penser à France Gall”
div(border). Lisa en concert
Le prochain, c’est le 14 mai au Café de la danse, dans le 11e arrondissement de Paris. Le prix : 19€80.
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