Vous êtes plutôt consensuels dans vos chansons. Quelle est votre position sur ce qui se passe au Mali ?
Mariam : Notre message, c’est que la paix puisse revenir dans notre pays. On est très inquiets par ce qu’il s’y passe…
Amadou : Nous voulons un message d’unité. Le Mali, c’est un peuple ! Que l’on soit du Nord ou du Sud, on est tous les mêmes. Nous voulons que les uns et les autres essaient de construire la nation. Il y a beaucoup d’ethnies, mais l’essentiel est que nous ayons fait beaucoup de choses ensemble. On doit avancer, se considérer comme des frères. Finalement, on est tous maliens !
Youssou N’Dour, Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Amadou : Nous, on ne veut pas prendre position. On veut chanter pour unir les gens. Au fond, nous sommes tous les mêmes. On veut la paix, la démocratie, le multipartisme, que les gens puissent s’exprimer… Au Mali, beaucoup de gens vivent ensemble : ils sont au moins 30 ou 40 dans une même maison. Pour s’en sortir, il faut que les gens puissent cohabiter ensemble.
Vous seriez prêt à faire un featuring avec des touaregs pour défendre la paix ?
Mariam : Oui, pas de problème, on veut bien faire ça… Quand on rencontre les Tinariwen, on chante déjà ensemble !
Vous connaissez Bono et Obama. Selon vous, qui a le plus de pouvoirs pour ramener la paix au Mali ?
Ensemble : Ce sont les politiques qui ont le plus de pouvoir, les chanteurs ne font qu’émettre des idées !
Vous êtes connus pour vos chansons optimistes. Cette joie de vivre, c’est une manière d’avancer au quotidien ?
Amadou : C’est une manière d’avancer au quotidien parce que la réalité est ainsi faite. Il faut toujours avoir de l’espoir et de la joie. Cela permet de vivre très sainement, d’avoir le courage d’affronter les choses. Nous chantons pour inciter les gens à se donner la main !
Vous n’avez jamais composé de chansons tristes ? Quelles sont vos chansons tristes préférées ?
Mariam : On a écrit beaucoup de chansons tristes. Quand on était à l’institut des jeunes aveugles, j’ai composé pour sensibiliser les gens. À l’époque, les aveugles étaient marginalisés. Mais il ne faut pas culpabiliser les aveugles ! Ce n’est pas de leur faute, c’est juste le destin.
Amadou : À cette époque, ces chansons tristes faisaient pleurer toute la salle. Mais on a aussi parlé de « triste réalité », ça fait partie de la vie… Pendant que d’autres naissent, d’autres meurent. Pendant que d’autres rient, d’autres pleurent. Notre façon de faire passer ce message permet d’effacer un peu la tristesse. C’est pour cela que nous nous exprimons de manière simple et avec un peu d’ambiance pour faire danser les gens. On oublie le côté triste pour voir le côté joyeux de la chose. Une chanson triste ? Je dirais « Stayin’ alive » des Bee Gees. Ça nous a beaucoup marqué ! On l’a même repris pour « Taratata ».
Depuis « Dimanche à Bamako », vous avez multiplié les collaborations. À l’écoute de « Folila », on ressent cette volonté d’ouverture. Peut-on dire que vous êtes passés d’un répertoire plus traditionnel à des disques plus rock’n‘world ?
Amadou : Nous sommes toujours dans la continuité. On s’inscrit dans une ligne que l’on avait tracée depuis le départ. On avait des goûts variés, on écoutait déjà plusieurs genres de musique. De la pop, James Brown, Stevie Wonder, Led Zeppelin, Pink Floyd, AC/DC, mais aussi de la chanson française… On aime beaucoup « À nos actes manqués » de Jean-Jacques Goldman et « La corrida » de Francis Cabrel. Ce que nous faisons s’inscrit dans cette logique… On a fait des albums blues, rock, électro…
Vous ressentez le besoin d’être bien entourés pour composer ?
Mariam : Non, on le fait en solitaire ! Je compose pendant la nuit, quand je suis seule dans ma chambre.
Amadou : On crée d’abord, puis on enregistre. Avec ces collaborations, nous cherchons une coloration. Nous composons toujours avant d’inviter les gens. Après, ils peuvent ajouter des textes ou les traduire. On a toujours fait venir d’autres musiciens : des musiciens syriens, indiens, colombiens, cubains…
Il y a toujours beaucoup de messages d’amour dans vos chansons. Vous avez un secret pour délivrer ces messages, après plus de 30 ans de vie commune ?
Mariam : Le secret, c’est de s’écouter pour se comprendre.
Amadou : L’inspiration vient de la passion que l’on a l’un pour l’autre. On chante ces chansons d’amour pour nous-mêmes. Après, on veut pouvoir en faire profiter les autres !
Le premier extrait s’appelle « Oh Amadou ». Amadou, est-ce que vous vouliez vous la jouer solo pour une fois ?
Amadou : Oui, j’y ai mis mon nom… Mais pour parler de comment se passe la vie de tous les jours. Pour sensibiliser et donner de l’espoir aux gens. Les situations ne sont pas toujours voulues par les gens… À partir du moment où l’on est courageux, on peut modeler le monde à sa façon.
Comment avait réagi le public lors de votre tournée « Eclipse » ? (une série de concerts, entièrement dans le noir) Quelle était l’énergie ressentie ?
Mariam : Le public se concentre, comme nous ! Il est assis, écoute attentivement ce que l’on dit… et applaudit beaucoup.
Amadou : L’obscurité permet de se concentrer et d’avoir une autre perception de la musique. Ils comprennent mieux notre musique et notre histoire à la sortie du concert.
Where is le Mali ?
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Oh Amadou feat Bertrand Cantat
Le secret de l’amour, c’est de s’écouter pour se comprendre
Un dimanche à Bamako
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