Agnès – 25 ans – Assistante commerciale
J’ai suivi les événements de très près, et j’ai été frappée d’une grande stupéfaction, car la mobilisation des tunisiens paraissait improbable, mais ils l’ont fait ! Le sentiment de révolte était bien présent pourtant et cette tournure était sans doute inévitable, sauf qu’un enchainement aussi rapide me laisse bouche bée. (…) La Tunisie est le pays arabe le plus ouvert à l’Occident. Mes cousines sur place, mènent un mode de vie occidental et ce qui faisait défaut sous le régime de Ben Ali, c’était la liberté, notamment la liberté d’expression. Un ras-le-bol général flottait dans l’atmosphère, ressenti également par la « bourgeoisie » qui se voyait victime des caprices de Leila Trabelsi, l’épouse de l’ex-président. Par exemple, le lycée Pasteur d’enseignement français, a dû mettre la clé sous la porte car il concurrençait une école dirigée par Mme Ben Ali. (…) Les propos tenus par l’ex-ministre des affaires étrangères sont totalement déplacés à l’égard du peuple tunisien. C’est pourquoi selon moi, cette démission, se justifie. Quant aux relations franco-tunisiennes, j’espère qu’elles resteront amicales, car la France a toujours été un pays de référence pour les tunisiens.
Les relations franco-tunisiennes, j’espère qu’elles resteront amicales
Wassim – 28 ans – Informaticien
Une barrière psychologique emprisonnait les esprits, et la propagande des médias tunisiens détenus par Ben Ali veillait à ce que cela ne change pas. Mais la diffusion des moyens de communication, comme internet dont le réseau social Facebook qui a joué un rôle de détonateur pour organiser les rassemblements puis les vidéos tournées à partir de téléphones portables ne pouvaient être censurés. Le peuple pouvait s’informer, il était conscient. Deux journalistes français ont également publié en 2009 un livre sur le clan Trabelsi, intitulé La régente de Carthage. Il fut révélateur du malaise tunisien, en France. En plus, beaucoup d’étudiants tunisiens poursuivent leurs études à l’étranger. Ils ont été le moteur de la Révolution (…)
La Tunisie a besoin à mon avis, de recourir à la table rase. Une nouvelle démocratie devrait s’instaurer, qui représente la majorité mais qui tient aussi compte des minorités. La future constitution devrait s’adapter aux spécificités de la Tunisie en considérant l’importance de la religion, en l’occurrence, l’Islam. Mais l’influence française en Tunisie est indéniable, et cela s’explique par le passage d’Habib Bourguiba, premier président tunisien formé avocat en France. Je suis confiant pour l’avenir de la Tunisie, car le peuple est conscient.
Le peuple tunisien est conscient
Mounir – 30 ans – Directeur d’une entreprise
J’éprouve un sentiment de joie suivi d’un peu d’appréhension car une rupture aussi radicale laisse souvent des séquelles. Je redoute une transition douloureuse, même si la présence de l’Occident me rassure. Les tunisiens s’étaient familiarisés avec cette étiquette de ceux qui ne revendiquent rien, mais l’immolation du jeune homme est pour moi, la goutte qui a fait déborder le vase. La corruption et la répression ne pouvaient durer. La France et la Tunisie, entretiendront selon moi des liens étroits. D’ailleurs, la démission de MAM me paraît un peu sévère, puisque la carrière politique n’est pas à l’abri d’une erreur humaine.
La présence de l’Occident me rassure
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