« J’ai participé à la manifestation, c’était ma première, et je venais d’être démobilisé d’Algérie, raconte André, 74 ans. Ce qui s’est passé m’a définitivement convaincu de m’engager dans les syndicats. » Ce qui s’est passé? Neuf morts, des centaines de blessés, et des fonctionnaires de police jamais jugés. Le 8 février 1962, il y a cinquante ans jour pour jour, le drame du métro Charonne venait d’avoir lieu.
Thibault, Laurent et Delanoë La veille, des militants de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) ont fait exploser une dizaine de bombes en métropole, dont une au domicile du ministre de la Culture : André Malraux. A Paris les anti-Algérie française dont les communistes se réunissent le lendemain en signe de protestation. La manifestation réunit 60.000 personnes selon L’Humanité. La police de Maurice Papon et du général de Gaulle sévit.
Aujourd’hui, la CGT, le Parti Communiste et la Mairie de Paris commémorent le triste anniversaire de cette manifestation qui a fini dans le sang. Sur la place du 8 février 1962, à midi, près de 300 citoyens se sont réunis pour écouter Pierre Laurent secrétaire national du PCF, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT et Bertrand Delanoë, maire de Paris. Dans le froid, ils assistent religieusement à cette cérémonie annuelle « qui aujourd’hui à un goût particulier », précise Bertrand Hamache, responsable CGT à la RATP.
J’ai participé à la manifestation, c’était ma première, et je venais d’être démobilisé d’Algérie
Chanson de Charonne A 12h30, un cortège se forme. Direction le Père-Lachaise, où sont enterrées les victimes de l’OAS qui a sévi en 1961-1962. De 300, les manifestants sont désormais 700 à remonter le boulevard Voltaire. Une voiture à l’avant passe la chanson de Charonne à la place du traditionnel Motivés de Zebda. Bernard Thibault et Pierre Laurent sont en tête de cortège. La marche est silencieuse, mais pas muette. Deux femmes ne s’accordent pas sur l’action du général de Gaulle à cette période. L’une le défend, l’autre non. Tout en rappelant les événements qui ont eu lieu quatre mois avant, le 17 octobre 1961, où plus de 200 Algériens auraient été jetés à la Seine par les agents de la préfecture de Police, sous autorité du président de la République.
Au Père-Lachaise Dans ce défilé, des pancartes à l’effigie des neuf victimes flottent au-dessus des bonnets. Peu de jeunes. Mais ça ne désespère pas Nicolas Dutent, membre du Parti Communiste de 26 ans:
« Beaucoup travaillent, mais ils sont présents dans les autres cortèges. C’est important qu’il y ait du monde aujourd’hui, ça permet de mieux préparer l’avenir ».
Arrivés au cimetière du Père-Lachaise, les manifestants se suivent le long des allées recouvertes de neige. Après un parcours de 20 minutes, les voilà, défilant silencieusement devant cette stèle qui condamne les criminels français.
C’est important qu’il y ait du monde aujourd’hui, ça permet de mieux préparer l’avenir
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