Nader S. Ayache, 34 ans, est en doctorat en image numérique et réalité virtuelle à l’université Paris 8 et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis 2018. Dès qu’il entend une sirène de police, qu’il soit dans la rue ou dans le salon d’un ami, l’étudiant tunisien a le cœur qui se serre. La peur de voir toutes ses années de thèse et de liens tissés gâchées est toujours présente.
« Si je me fais arrêter, je me fais embarquer et probablement expulser. »
Nader est né en 1990, d’une mère coiffeuse et d’un père employé dans un hôtel. Il a grandi dans un quartier populaire de Tunisie. En 2016, lorsqu’il décide de se plonger dans la recherche et d’entamer un master 2, il prend la décision de s’installer en France. Le pays lui accorde alors un titre de séjour pour poursuivre ses études. Mais en 2018, tout s’écroule : son titre de séjour n’est pas prolongé. Du jour au lendemain, Nader se retrouve en situation irrégulière sur le territoire et peut être expulsé à tout moment.
« C’est très difficile de recevoir une OQTF. Déjà le fait de l’annoncer à sa famille, de le comprendre… moi ça m’a plongé dans la dépression durant trois ou quatre mois. »
Depuis, Nader vient à l’université « la boule au ventre » et vit dans la précarité. Il cherche un travail à côté de ses études mais les employeurs lui demandent un titre de séjour. Il n’a donc aucune source de revenus. Il enchaîne les interdits bancaires et ne peut pas se loger. Il traîne un cadi avec ses affaires et alterne entre le canapé de sa tante et la chambre de Mehdi, un ami qui lui prête son lit lorsqu’il va dormir chez sa copine ou qu’il est en déplacement. Quand il ne saute pas de repas par manque d’argent, Nader est obligé d’aller chercher des colis alimentaires à la fac.
Malgré cette situation, le cinéaste tunisien continue son travail. Il a réalisé plusieurs films, dont un réalisé en 2023, La Renaissance, et qui a été sélectionné aux César dans la catégorie des courts métrages documentaires.
« S’il n’y a pas ces petits moments de bonheur, d’extase, je pense que j’aurais sombré depuis longtemps. »
Nader a déposé un recours concernant le refus de renouvellement de son titre de séjour et l’audience aura lieu en janvier 2025.
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