Saloua et Yamina, respectivement 60 et 70 ans, font partie des 12 derniers habitants du quartier de la Renaude, au nord de Marseille (13), dans le 13e arrondissement. Saloua est née ici. C’est la plus ancienne locataire de la cité qui comptait autrefois 111 appartements. En 2022, plusieurs centaines d’habitants y logeaient encore. Les appartements devraient être bientôt détruits. Elle raconte à StreetPress : « Tous les parents s’occupaient des enfants des autres. Si on ne voulait pas manger du couscous, on allait manger du Yassa », et d’ajouter :
« On n’était pas riches, mais on était heureux. Aujourd’hui, ça ressemble à un cimetière. »
Yamina, elle, vit à la Renaude depuis 1968. Mais récemment, les galères s’enchaînent. Il y a à peine un an, un dégât des eaux important inonde son appartement. « Ça coulait partout, c’était les chutes du Niagara », décrit-elle. Le bailleur ne serait intervenu qu’un an après, quand la situation est devenue ingérable et catastrophique. Aujourd’hui, sur les murs de son salon, restent les moisissures et la peinture écaillée par l’humidité.
Saloua et Yamina accusent le bailleur social Habitat Marseille Provence (HMP) de laisser le bâtiment à l’abandon pour qu’elles acceptent les propositions de relogement qui leur ont été suggérées. Si elles les ont refusées jusque-là, c’est qu’on leur a proposé des logements trop éloignés de leur quartier ou des commerces. Saloua déclare : « J’ai 60 ans, comment je vais faire quand j’en aurais 80 ? » Puis termine :
« Mais plus le bailleur restera dans sa position, plus je resterai aussi dans ma position. »
Depuis 2023, la situation reste figée, mais la situation des derniers habitants se dégrade.
Dans Le Monde, Patrick Pappalardo, conseiller métropolitain LR, et Président d’HMP depuis septembre 2020, justifiait la décision en expliquant : « Nous étions dos au mur. Un point de deal s’était installé et avait fait fuir une partie de nos locataires, dont les appartements ont été ensuite squattés. » Il rappelait que la décision de démolition n’est pas unilatérale : « Elle a été prise conjointement à l’issue d’une réunion avec les services de la préfecture des Bouches-du-Rhône et ceux de la ville de Marseille en 2021. » Et précisait : « Il n’y avait pas d’autres solutions. La rénovation n’était pas envisageable, les bâtiments sont obsolètes. »
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