« Vous êtes allocataire du RSA, vous recherchez un emploi ? Et si vous participiez au service public en devenant policière ou policier municipal(e) ? » C’est l’accroche du mail reçu lundi 3 juillet 2023 par les Parisiens allocataires du revenu de solidarité active (RSA).
Dans le courriel que StreetPress s’est procuré, le service d’insertion sociale et professionnelle de la mairie de Paris invite ses habitants parmi les plus précaires à une réunion d’information sur le métier de policier municipal dans un centre social du 12e arrondissement trois jours plus tard.
À la clef, un job consistant à sécuriser l’espace public, lutter « contre toutes les formes d’incivilités » et à assister « les publics vulnérables et fragilisés ». Le tout rémunéré environ 2.100 euros brut par mois en début de carrière, contre les 607,75 euros mensuels du RSA. La ville de Paris s’engage aussi à prendre en charge les 180 euros que coûte la préparation aux concours.
Contactée par StreetPress, la mairie de Paris explique que l’opération fait partie de son dispositif « Ville employeuse » qui consiste à promouvoir des métiers « en tension » : ceux pour lesquels elle peine à recruter. Près de 50 allocataires curieux se seraient rendus à la présentation du 6 juillet 2023 pour découvrir le métier de brigadier. D’autres réunions doivent avoir lieu sur les métiers d’agent technique des crèches, d’agent technique des espaces verts et d’éboueur, assure la municipalité.
La carotte des Jeux olympiques
Antoine (1), 26 ans, allocataire du RSA, s’est rendu à cette réunion. Pour leur vendre le job, les policiers municipaux leur auraient parlé en long et en large des besoins pour les Jeux olympiques de Paris 2024. « En gros, ils nous ont dit qu’ils recherchaient 200 agents pour nettoyer les rues avant l’arrivée des touristes. Le directeur faisait aussi une fixette sur les tables des terrasses qui empiètent sur le trottoir », se souvient le Francilien. Selon lui, des allocataires se seraient renseignés sur les armes dont ils disposeraient. Les policiers auraient répondu qu’ils n’auraient pas d’armes à feu mais des gilets pare-balles, des matraques et des gazeuses.
« Il ne faudrait pas qu’ils soient déployés en vitesse en tant que stagiaires pour faire du nombre pendant les JO, sans l’encadrement nécessaire », s’inquiète une source au sein des forces de l’ordre auprès de StreetPress.
Argument de vente ou véritable projet ? À StreetPress, la mairie de Paris a d’abord confirmé que les agents « devraient être déployés au printemps 2024 avant les Jeux olympiques et paralympiques 2024 ». Mais la com’ a ensuite rétropédalé face aux réalités du calendrier. Les allocataires du RSA intéressés doivent passer des épreuves – deux écrites, deux sportives et une orale – entre janvier 2024 et juin 2024. Ces nouvelles recrues devraient avoir leurs résultats d’admission en septembre 2024 et être déployées au début de l’année 2025, après leur formation de six mois, détaille la municipalité. Les nouvelles recrues ne seront donc pas déployées pendant les Jeux
La mumu de Paname
La police municipale de Paris est née il y a moins de deux ans. La capitale française avait la particularité de ne pas en être dotée depuis l’année 1800. Après s’y être longtemps opposée, la maire socialiste Anne Hidalgo l’a finalement inaugurée en octobre 2021.
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Aujourd’hui, la nouvelle institution compte 1.089 agents. Elle est « la première police municipale de France » a fièrement déroulé l’adjoint à la sécurité Nicolas Nordman en juin dernier dans le journal 20 minutes. L’élu en pleine campagne de recrutement indique viser les 2.000 policiers municipaux pour les Jeux olympiques 2024. Et les 3.000 pour la fin du mandat de la socialiste Anne Hidalgo, en 2026.
(1) Le prénom a été modifié.
Illusatrion de Une de Wikimedia Commons. Policière municipale en sécurisation lors de la Pride de Toulouse en 2014, par Pablo Tupin-Noriega. Certains droits réservés
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