StreetPress assume ses engagements. Là où certains journaux revendiquent leur neutralité, nous, nous assumons défendre un point de vue. C’est pour nous une évidence : comment ne pas se sentir du côté de l’agressé face au raciste, à l’antisémite ou l’homophobe ? Comment renvoyer dos à dos les ouvrières de Vertbaudet en grève qui survivent avec un Smic, et leurs patrons qui n’acceptent même pas de s’asseoir à la table des négociations ?
StreetPress ce n’est pas seulement un regard sur le monde. Nous tentons, par nos enquêtes et nos reportages, de modestement peser sur les choses. Nous voulons faire bouger les lignes et contribuer à construire un monde un tout petit peu meilleur. C’est, à StreetPress, ce que nous appelons le journalisme d’impact.
Chaque année, juste avant de partir en vacances (StreetPress se met en pause au mois d’août) nous faisons le bilan (celui de l’an dernier, l’année d’avant, l’année encore avant).
Comment nos sujets ont fait bouger les lignes ?
#Police – L’année (scolaire) se termine sur un drame : la mort de Nahel, tué par un policier sous l’œil d’une caméra (1). Ce décès a déclenché un vent de révolte dans le pays. Une mobilisation, qui a vraisemblablement poussé la justice à ouvrir une enquête pour « homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique » et à placer l’auteur présumé des coups de feu en détention préventive.
Mais combien de Nahel – parce qu’ils n’ont pas été filmés – n’obtiendront jamais vérité et justice ? StreetPress se place aux côtés des victimes. D’abord en mettant en lumière le combat des familles pour obtenir vérité et justice. En février dernier, Inès Belgacem consacrait un documentaire co-produit par StreetPress et France TV Slash. Un film diffusé sur notre site, la plateforme France.tv, Guyane la 1ère, Guadeloupe la 1ère, Tipik (télévision publique belge) mais aussi projeté dans plusieurs cinémas à l’occasion de soirées d’échanges avec les familles de victimes.
StreetPress se place également aux côtés des victimes, en tentant de faire la lumière sur certaines affaires. Le 13 avril dernier, un véhicule de police percutait un scooter, envoyant les trois adolescents dessus à l’hôpital. Le pronostic vital de la conductrice est engagé. StreetPress et Mediapart publient quelques jours plus tard plusieurs témoignages qui vont remettre en cause les premières versions policières. De l’aveu même des trois policiers présents dans le véhicule, c’est cette « pression médiatique » qui va les pousser à avouer à l’IGPN qu’il y a bien eu « un contact ». En clair, ils ont projeté les trois ados en scooter sur un potelet en métal.
Ce n’est pas la première fois que des enquêtes de StreetPress, atterrissent sur le bureau d’un juge. En mars, nous publions une vidéo montrant un policier en poste au dépôt du tribunal de Paris frapper un homme tenu par plusieurs autres fonctionnaires. La justice a, sur la base de notre article, ouvert une enquête. En 2020 déjà, une grande enquête de StreetPress révélait le comportement déviant de policiers en poste dans ce service. Les faits dénoncés étaient graves (maltraitances, propos racistes…) et les victimes nombreuses (près de mille selon nos estimations). Cette année, enfin, Amar Benmohamed, le policier qui témoignait à visage découvert dans notre média après avoir tenté de tirer la sonnette d’alarme en interne a été reconnu comme lanceur d’alerte par la défenseur des droits puis par la justice.
Même année, autre affaire. C’est également en 2020 que StreetPress révélait l’existence de deux groupes facebook de forces de l’ordre réunissant respectivement, 8.000 et 9.000 membres. En 2023, deux policiers présents dans le premier groupe ont vu leur condamnation confirmée en appel. Ils écopent chacun de trois mois de prison avec sursis « injure publique à caractère racial ».
Sinon, petit plaisir, cette année, on a aussi mis Gérald Darmanin dans la sauce en révélant certains de ses mensonges. Des infos largement reprises dans la presse.
#ExtrêmeDroite – Le combat contre l’extrême droite est un autre pilier de la ligne éditoriale de StreetPress. Depuis deux ans maintenant, nous publions Faf, la newsletter mensuelle de référence sur le sujet (vous pouvez vous abonner par ici). C’est dans ce cadre que nous avons enquêté, en vrac, sur le millionnaire qui finance les ultra-violents de l’Alvarium, le Gud, la pédocriminalité chez les catho-intégristes, l’Action Française, Zemmour et sa bande… Certains de nos articles ont, là encore, déclenché des procédures judiciaires. Ainsi en avril, StreetPress révélait que des militants d’extrême droite discutaient d’un projet d’attentat contre le chanteur Bilal Hassani. Il a décidé de porter plainte et l’enquête est toujours en cours. En mai dernier, nous avons aussi identifié des membres d’un groupe (néonazi) qui a agressé un attaché parlementaire de la France Insoumise.
Ce travail sur les fafs nous a valu pas mal de menaces de mort. Nous avons le 25 juillet à nouveau saisi la justice pour certaines d’entre elles. Ces articles nous ont aussi valu quelques procès. En 2023, un vidéaste (qui n’assumait plus son intérêt pour le négationniste Faurisson) et un néonazi violent (qui n’aime pas être qualifié de néonazi violent), nous ont trainé devant les tribunaux. Premier procès gagné, pour le second on attend encore le verdict.
On se passerait bien de ces désagréments. Les procès (même gagnés) coûtent cher et nous font perdre du temps. Quant aux menaces, ça n’est jamais très agréable. Heureusement on a parfois des bonnes nouvelles. En mai dernier, StreetPress racontait l’histoire de Ahamada Siby, viré brutalement par un patron fan de Zemmour. Notre article a attiré l’attention d’un autre restaurateur qui lui a offert un job
#Prison – Depuis quelques années, StreetPress tente de mettre en lumière ce qu’il se passe derrière les murs des prisons et des centres de rétention administrative de France. Car, paradoxe de notre démocratie, les lieux d’enfermement, gérés par les ministères de la Justice et de l’Intérieur, ont tout de zones de non droits. Nous avons révélé des violences commises par des fonctionnaires, comme ici. Mais aussi plusieurs décès « suspects » en prison et en Cra ou évitables. Il y aussi bien-sûr la question des conditions de détention, que nous documentons régulièrement (ici ou là, par exemple). Mais cette année, nous nous sommes penchés sur un autre sujet qui nous semble crucial : la prise en charge des troubles psychiatriques. À Nanterre des soignants tiraient la sonnette d’alarme. StreetPress les a rencontrés et a publié une longue enquête sur le sujet. Après ça, l’administration a annoncé plusieurs embauches dans ce service. Rien ne prouve que c’est directement lié à notre article, mais ça nous fait du bien de le penser !
#Rixes – Au printemps, StreetPress diffusait sur YouTube la suite de sa série Rixes, consacrée aux guerres de cités (dont l’un des épisodes d’ailleurs, se déroule derrière les barreaux). Cette nouvelle saison explore un peu plus les engrenages qui mènent à la violence, le rôle et parfois l’impuissance des acteurs sociaux… Rixes est peut-être le projet de StreetPress qui a l’impact le plus fort et le plus concret. Ses épisodes, en plus d’être disponibles sur YouTube (où ils cumulent plusieurs millions de vues) sont projetés chaque semaine par Adama Camara dans des MJC, des établissements scolaires et même des prisons. Le documentaire sert de support pédagogique, et permet d’ouvrir la discussion sur ce sujet sensible afin de de faire de la prévention.
#Corruption – Les médias laissent bien souvent les élus locaux magouiller tranquillement. La presse nationale juge que leurs lecteurs ne s’intéressent pas au clientélisme d’un élu mosellan inconnu au bataillon. Quant aux canards locaux, ils sont souvent très liés au pouvoir local en place, et privilégient trop souvent le compte rendu d’événements à l’investigation. À StreetPress, on tente modestement de pallier ce manque par des enquêtes au cœur des baronnies locales. Cette année, nous avons travaillé sur un détournement de fonds publics à Saint-Avold et un appel d’offres truqué à Forbach . Après la publication de nos enquêtes, la justice à également saisie sur ces deux dossiers.
Nous avons aussi révélé que Reims (51) expérimente discrètement une intelligence artificielle de Thalès pour surveiller ses habitants. L’article a fait l’objet d’intenses débats au sein du conseil municipal et le maire (Horizon) de la commune a fini par confirmer en séance nos informations. Cette année, StreetPress a également consacré deux longs dossiers à des barons locaux. Metz (57) est le fief de François Grosdidier. L’ex-LR est mis en cause dans plusieurs affaires : il est accusé d’avoir favorisé l’embauche de son ex-femme à la mairie et de financer (sur fonds publics) un canard tout à sa gloire. On a aussi documenté les liens étroits et étranges que l’élu entretient avec la monarchie marocaine et un drôle de gus proche des services secrets.
Nous nous sommes également intéressés au nouveau maire de Saint-Denis (93), Mathieu Hanotin. Aux dernières municipales, le socialiste a ravi la plus grande ville du 93 au PCF. Mais pour en faire quoi ? Au programme : politique sécuritaire, privatisation et gentrification.
#Social – Chaque semaine, des gens en galère nous contactent pour évoquer leurs difficultés. Le journaliste ne peut pas régler les problèmes. Il n’en a pas les moyens et ce n’est pas son job. Mais parfois braquer les projecteurs sur une situation peut faire bouger les choses. C’est pour ça qu’on a créé le format vidéo : « La vraie vie de ».
Espérons que les compagnons de la communauté Emmaüs de la Halte Saint-Jean, dans le Nord, trouveront une issue favorable à leur situation. Fin juin, StreetPress révélait des accusations de traite des êtres humains d’une extrême gravité. La justice travaille sur le dossier, et suite à la publication de notre article, Emmaüs a annoncé l’ouverture d’une enquête interne confiée à un cabinet indépendant. Les compagnons se sont mis en grève et pour eux le combat continue. Nous vous en reparlerons à la rentrée.
#Discriminations – Cette année, d’autres enquêtes de StreetPress ont eu un impact concret. Fin janvier, StreetPress révélait les propos racistes proférés sur WhatsApp par une cheffe de service de La Banque Postale, à l’encontre de ses agents d’origine maghrébine. Après la publication de l’article, l’entreprise a enfin décidé de prendre des sanctions.
#Environnement – En janvier également, StreetPress révélait que RTE, filiale d’EDF, avait déversé plus de 30.000 litres d’huile toxique dans la nature entre Romainville et Villemomble (93). Sur la base de nos révélations, une plainte a été déposé par l’association AC Anti-Corruption.
#Partenariats – Ce bilan ne serait pas complet sans revenir sur deux gros projets, montés avec des médias partenaires.
La carte des hooligans en France, réalisée avec l’Equipe. Le journal sportif qui connaissait notre expertise du sujet nous a sollicités pour monter ce projet. Nous avons ensemble mené l’enquête, le quotidien en a fait sa une, StreetPress a proposé une déclinaison vidéo du sujet et nous avons tous les deux publié une carte interactive.
Les #DrahiLeaks. Nos amis du média indépendant en ligne Reflets.info nous ont sollicités, ainsi que Blast, pour éplucher avec eux des centaines de milliers de documents internes au groupe Altice. Nous avons publié en deux « runs » (ici et là), une quinzaine d’enquête, comportant des révélations majeurs. Au menu, rémunérations délirantes, évasion fiscale et parasitage des entreprises. Ça a été un très grand succès puisque chaque série à dépassé le million de lectures. On prépare la suite et d’autres (très) gros projets dont on vous reparlera à la rentrée.
À LIRE AUSSI (parce que c’est des supers sujets) :
- Près de 40 Algériens victimes d’une arnaque aux titres de séjour
- La grande histoire de la casquette CGT à strass
- Comment la France a accordé la nationalité au tortionnaire Mario Sandoval
#Ensemble – Tous ces sujets sont le fruit d’un travail collectif : celui de l’ensemble de l’équipe de StreetPress mais aussi de nombreux journalistes, photographes et illustrateurs indépendants. Il n’aurait pas été possible sans l’aide de Valentine Rebérioux notre super avocate, des équipes de Révo, Upian et Octopus qui maquettent, développent et hébergent notre site, de Médianes qui nous accompagne dans le financement participatif, de Sogecompta notre cabinet comptable (on est content que chacun soit payé en temps et en heure !).
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(1) Le policier mis en examen est présumé innocent.
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