Entre François Grosdidier et Stéphanie Tantart, c’est une longue histoire où vie personnelle et vie professionnelle s’entremêlent. De 2011 à 2020, l’actuel maire ex-Les Républicains de Metz (57) (1) est sénateur. Il emploie, au moins durant une partie de ses deux mandats, Stéphanie Tantart, son épouse en qualité de collaboratrice parlementaire. En 2017, après l’affaire Fillon, une loi est votée interdisant l’emploi par un ministre député, sénateur ou élu local d’un membre de sa « famille proche ». Stéphanie Tantart ne quitte pourtant pas son job, révèle Mediapart en 2021. Le maire se défend en expliquant avoir divorcé en mars 2018. Rien d’illégal donc, si l’organe du Sénat chargé de la déontologie est averti de la situation. Sollicité, le service de presse du Sénat ne nous a pas répondu.
Toujours avec son ex
Leur idylle professionnelle ne s’arrête pas là. En 2020, François Grosdidier gagne la mairie de Metz. Et devinez qui l’aurait suivi à la ville ? Sa femme ou plutôt ex-femme, puisqu’ils sont divorcés depuis 2018. Le premier à découvrir le pot aux roses, c’est son rival local, le sénateur divers droite Jean-Louis Masson. Il déballe l’affaire à l’occasion d’une question au gouvernement, relevée par le Républicain lorrain. Le parlementaire attire l’attention du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur « un maire qui a divorcé et qui après le divorce embauche son ex-épouse en tant qu’employée de la mairie afin de ne pas être obligé de lui payer une pension alimentaire ». Le sénateur demande au ministre si « cette embauche est susceptible de caractériser une situation de prise illégale d’intérêt » ? Pour Darmanin, François Grosdidier n’est pas exempt de risques pénaux :
« Le fait pour un maire d’embaucher l’un de ses proches en qualité d’agent de la commune n’est pas exempt de risque pénal, et en particulier de la qualification de prise illégale d’intérêts, d’autant plus si l’élu en tire un avantage personnel. »
Le PNF saisi
La situation aiguise la curiosité de l’association AC Anti-Corruption. Cette dernière a, selon nos informations, déposé un signalement au parquet national financier (PNF) contre X pour « prise illégale d’intérêts » et « favoritisme ». L’association explique avoir été contactée par « un lanceur d’alerte, dont l’anonymat à ce stade sera gardé ». Pour l’association, « la saisine du PNF se justifie eu égard, d’une part, à l’importance nationale de la ville de Metz, d’autre part, au caractère répété des délits de cette nature autour de cet élu. »
En effet, comme l’ont notamment révélé Mediapart et le Républicain lorrain, le maire de Metz traîne plusieurs casseroles. François Grosdidier, a été condamné le 7 février dernier par le tribunal d’Épinal (88) à six mois de prison avec sursis et une amende de 10.000 euros pour avoir utilisé sa réserve parlementaire pour financer l’association Valeur Écologie dont il a été un temps le président. Il a interjeté appel.
Comme révélé par StreetPress par ailleurs, il est également dans le viseur de la justice pour l’affaire dite du « Courrier Messin », une publication officiellement indépendante mais toute à sa gloire et financée par des fonds publics.
Contactée, Stéphanie Tantart n’a pas répondu à nos questions mais son adresse mail professionnelle à la mairie de Metz a fonctionné. François Grosdidier n’a pas non plus répondu.
Enquête de Léo Le Calvez, illustration de Caroline Varon.
(1) Edit le 17/05 : François Grosdidier a quitté Les Républicains en décembre 2022.
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