Bâtiment moderne sans âme, couloirs obscurs où s’égrainent des bruits de pas feutrés, dés les premières images, Rubicon joue la carte de l’austérité et de l’ambiance pesante. La série conspirationniste nous projette dans un think thank secret newyorkais qui tire les ficelles du monde politique. Le personnage principal, Will Travers (James Badge Bale, vu dans la série de Spielberg, The Pacific) est un analyste dont les compétences sont reconnues par ses pairs. Suite à la mort de son boss dans un accident de train, il découvre les plans d’un complot mondial.
Les thrillers 70’s américains en modèles
Rubicon laisse de côté la construction contemporaine des séries d’agents secrets comme Alias pour puiser son inspiration dans la veine des films américains du Nouvel Hollywood des 70’s tels « Les trois jours du Condor » (Sidney Pollack, 1975) ou « Les hommes du président) » (Alan J. Pakula, 1976). Une idée qui n’a rien de nouveau puisque 24h Chrono utilisait ce même ressort scénaristique de la paranoïa des USA face à l’ennemi extérieur. Mais au lieu de l’électriser jusqu’à l’overdose comme la série de Jack Bauer, Rubicon choisit le chemin de l’introspection pour raconter cette pathologie propre à l’Amérique.
Le 11 septembre, trauma collant à la peau de l’Amérique
Point de départ d’un monde sans repères, l’attaque du World Trade Center en 2001 a envoyé les USA dans les cordes, et Will Travers, le personnage principal, est marqué au fer rouge par cette tragédie. Là où Mad Men représente le parangon d’une Amérique sûre d’elle, face à la menace perceptible du communisme, le réalisateur de Rubicon, Jason Horwitch, sème les graines de la tension permanente d’un ennemi imprévisible. Cette ambiance de stress imprègne les personnages et nous rappelle que le monde marche à l’aveugle dans la pénombre, loin du paradis imaginé par nos parents et nos grands parents.
Une saison, mais pas deux
Lors de sa diffusion, Rubicon n’a réuni qu’un million de téléspectateurs, forçant pour la première fois AMC à ne pas reconduire une série pour une seconde saison. En leurs temps, Mad Men et Breaking Bad, deux séries fantastiques, avaient eu le temps de s’installer tranquillement avant de rencontrer leurs publics. Mais le succès de The Walking Dead, la série de zombies d’AMC qui cartonne avec ses 5 millions de téléspectateurs en moyenne, a sûrement pesé lourd dans la balance. La chaîne américaine a donc choisi l’appât des recettes publicitaires, laissant sur le bord de la route sa série d’espionnage de qualité. Une réaction décevante de la part de la part d’AMC, connue ces dernières années pour ses prises de risques artistiques.
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