StreetPress revendique un journalisme indépendant, qui fait bouger les lignes. À l’approche des vacances, à la manière d’une ONG, nous avons décidé de dresser le bilan de nos actions de l’année.
1. Des infos, de l’impact
Le 27 juillet, à partir du témoignage d’un lanceur d’alerte le brigadier-chef Amar Benmohamed et de nombreux documents, nous révélons un système de maltraitance et de racisme dans les cellules du tribunal de Paris. Sur la base de notre article, le parquet de Paris ouvre une enquête judiciaire. Jusque-là, comme le démontre le second volet de notre enquête, la hiérarchie policière et le cabinet du préfet avait empêché l’ouverture d’une telle enquête. Le défenseur des droits s’est également auto-saisi. Le (nouveau) ministre de l’intérieur Gérald Darmanin est, interpellé à l’assemblée nationale sur ces faits délictueux. Si dans un premier temps il laisse entendre que le lanceur d’alerte pourrait être sanctionné, il fait rapidement machine arrière face à la pression publique et médiatique : le hashtag #NousSoutenonsAmar est l’un des plus partagé sur Twitter (il est en TT) et l’information fait les gros titres de l’ensemble des médias français.
Un mois et demi plus tôt, StreetPress révélait consecutivement l’existence de deux groupes Facebook où plusieurs milliers de policiers s’échangent des messages à caractère raciste. Le ministre de l’Intérieur (Christophe Castaner) annonce saisir la justice. Deux enquêtes sont ouvertes par le parquet de Paris. Fait rare dans ce type d’affaires, Facebook annonce qu’il va collaborer avec la justice. Le jour de la publication du second article, dans un contexte de mobilisation sociale contre les violences policières, Christophe Castaner convoque une conférence de presse pour tenter d’éteindre la polémique. C’est à cette occasion qu’il annonce que les policiers ne pourront plus faire usage de la clef d’étranglement. Il fera machine arrière, sous la pression des syndicats policiers.
Autre thématique. Le 26 mars, alors que la France est confinée, StreetPress révèle que l’enseigne Franprix fait appel à des auto-entrepreneurs pour remplir ses rayons de supermarchés. Une pratique à la limite de la légalité qui n’offre pas la même protection à des salariés qui risquent d’être contaminés par le Covid-19. Notre enquête suscite une grand indignation populaire et trois jours plus tard, sur Streetpress, la direction prend l’engagement ferme de mettre fin à cette pratique.
Au mois de février nous publions une enquête dénonçant des violences policières commises contre des étrangers retenus au CRA de Vincennes. Après la publications de notre article plusieurs parlementaires feront usage de leur droit de visite pour venir contrôler la situation sur place.
Le 19 novembre nous publiions un article expliquant la censure du documentaire « Faut-il arrêter de manger les animaux ? » qui critique l’élevage intensif par l’agglomération de Château-Thierry. Il sera reprogrammé.
Le 10 septembre nous braquions nos projecteurs sur Abdoul Sallam Diallo, auteur pour le monde diplomatique, menacé d’expulsion vers la Guinée où il risquait la mort. Il finira par voir sa situation régularisée.
2. Des opés spéciales
#SurEcoute17 – Pendant le confinement StreetPress s’est associé aux médias rap Booska-P, Yard, l’écho des banlieues et Rapelite pour lancer l’opération Sur Écoute 17. Les lecteurs des différents médias victimes de violences policières étaient invités à envoyer leurs témoignages sous forme de note audio à un numéro dédié. Ils étaient ensuite vérifiés par notre journaliste et publié sur Instagram et sur les réseaux sociaux des différents médias. En audience cumulée ces récits ont été écouté près de trois millions de fois. C’est aussi deux de ces témoignages qui ont amorcé notre enquête sur la police d’Argenteuil. Violences multiples, menaces de mort et de viol, faux témoignages… Les faits révélés par cette enquête sont édifiants.
#MunicipalesByStreetPress – StreetPress a confié la couverture de la campagne des municipales à cinq jeunes issus de cinq villes de banlieues. Ils étaient rémunérés pour ce travail mais aussi accompagnés et formés. Objectif de ce projet en partenariat avec Google news lab, Mouv’ et Upday, porter un regard différent sur l’action politique et ouvrir le journalisme à plus de diversité.
3. Un documentaire événement.
Au mois d’avril, StreetPress mettait en ligne le documentaire Bâtiment 7, consacré à cette citée qui a vu grandir plusieurs rappeurs à succès. Un film qui, grâce aux témoignages de ces artistes et d’habitants, raconte la vie dans cette cité construite autour d’une dalle et qui va être détruite. Le film a aujourd’hui dépassé le million de vues (l’audience que fait M6 sur certains primes times). Pas mal pour un documentaire indépendant, sans commentaire !
Au total, en un an, notre chaîne Youtube cumule 19 millions de vues. Nous avons bénéficié du soutien du CNC Talents pour développer d’autres projets de documentaires.
4. C’était sur StreetPress avant d’être repris ailleurs
À la manière d’un inventaire à la Prévert, voici une liste (non exhaustive) des sujets publiés par StreetPress ensuite repris, refaits où partagés par d’autres médias.
À Mayotte les autorités falsifient volontairement l’âge de mineurs isolés. La sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio n’aime pas les musulmans. Dans l’Ariège, un club de foot amateur victime de racisme s’auto-dissout. Sur Instagram les comptes ficha publient des photos volées de mineures dénudés. Sur Curious Cat, des centaines de filles menacées de viol et de torture. Le Mouvement de l’immigration et des banlieues, matrice politique du comité Adama. L’histoire de Wissam El-Yamni, tué par la police. À Château-Rouge les règles du confinement ne sont pas les mêmes qu’ailleurs. Ils sont Belges (ici) ou Allemand (là) et ils se sont retrouvés en centre de rétention, menacés d’expulsion parce qu’ils ont manifesté contre Macron. Ces McDonalds qui n’ont jamais fermé pendant la pandémie. À Mayotte, un bébé décède après avoir inhalé des gaz lacrymogènes. Le gouvernement veut aller encore plus loin vers l’état d’urgence permanent (un document explique presque tout). Un député LREM fait campagne dans une église. Comment les rappeurs gagnent leur vie. LCI censure des caricature de Macron et Marion Maréchal Le Pen. 440 Gilets jaunes en prison. À l’université de Cergy, une drôle de fiche pour détecter la radicalisation. Une conférence sur la laïcité à l’université censurée. Un pompier blessé en manif suspendu puis sanctionné pour avoir insulté Macron. Les hooligans néonazis qui reviennent dans les stades. À la Santé, les détenus ont faim…
5. Des procès
Cette année StreetPress s’est retrouvé sur le banc des accusés à deux reprises :
Pour avoir révélé les liens étroits qui rattachent des traducteurs assermentés à une dictature. Au risque de mettre en danger les vies des familles de réfugiés politiques.
Pour avoir, dans une enquête, mis en lumière les méthodes à la limite de la légalité de la société Akeo, dont François Fillon s’était fait le VRP.
Grâce à notre avocate talentueuse Valentine Rebérioux (et un peu à la rigueur de notre travail) nous avons gagné ces deux procès.
Merci !
On en profite pour remercier tout ceux qui œuvrent dans l’ombre pour nous aider : Valentine, notre avocate. Thomas et toute l’équipe d’Upian qui gèrent le design de Streetpress. Marceau et la team Revo en charge du développement. Thibault de Octopuce qui s’occupe de nos serveurs. Paul et Jean-Christophe de l’Agence Sans Tête qui mettent en place nos campagnes de soutien. Sans vous, il n’y aurait pas Streetpress. Merci.
6. Un média sauvé par ses lecteurs
En septembre dernier, StreetPress était au bord de la banqueroute. Mais grâce à vous, lecteurs, nous avons pu être sauvé. Depuis un an, 2.437 supporters ont par leurs dons ponctuels ou réguliers permis à Streetpress.com de récolter 88.550 euros. Cette somme représente un peu moins de 15% de nos dépenses annuelles. Il nous en faudra au moins autant l’an prochain pour continuer. Merci à tous. À l’année prochaine avec du (plus) lourd encore.
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