À partir du 11 mai, possible date de déconfinement en France, « l’État devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public », a promis Emmanuel Macron dans son allocution du lundi 13 avril. « La stratégie gouvernementale a changé », commente Sophie, aka The French Radiologist sur Instagram. L’influenceuse santé est interne en radiologie à Orléans. Au début de cette crise sanitaire, le gouvernement a expliqué que les masques n’étaient pas nécessaires pour la population. La volte-face sur la question lui semble être une bonne nouvelle :
« C’est un effet de protection de masse, puisque personne ne contamine personne avec les masques. »
« Son usage pourra devenir systématique. Ce sera possible grâce à nos importations » et grâce à la mobilisation d’entreprises françaises, a poursuivi le président. Mais comme la pénurie est importante, certains – ou plutôt certaines ! – n’ont pas attendu pour se lancer dans le do it yourself. Pour les soignants, mais aussi pour soi, ces personnes ont confectionné leurs propres masques, avec les moyens du bord. « C’est une bonne idée, plus il y aura de personnes avec des masques, moins il y aura de malades. Mais ça ne remplace pas les gestes barrières », avertit Sophie. Nul besoin de qualification particulière. On vous fait passer la recette !
Masque do it yourself
Camille est tapissière d’ameublement. Des compétences en couture, elle en a. Comme du temps. Avec le confinement, ses activités sont en grande partie à l’arrêt. Sur les groupes Facebook qu’elle suit habituellement pour son travail, les messages et tutos pour créer son propre masque se multiplient. Chacun se file des tuyaux et s’entraide. C’est sa cousine, qui travaille dans la santé, mais pas à l’hôpital, qui finit de la convaincre avec ses quelques mots : « J’ai peur qu’on nous oublie. J’ai peur que nous ne soyons pas protégé ». Dès la deuxième semaine de confinement, elle se fait un masque, puis deux, puis dix, et va les proposer aux pharmacies autour de chez elle. Elle en fait maintenant pour des proches – et pour la rédac’ de StreetPress !
Ses tutos, elle les a trouvés sur le groupe Facebook Mask Attack. « Les patrons – les instructions – ont beaucoup changé depuis le début. J’aime bien que ça tâtonne, pour moi c’est un gage de sérieux. On attend le retour des soignants et on fait selon ce qu’ils disent », explique Camille. Elles sont sept à gérer ce groupe qui réunit 10.000 personnes, avec trois modératrices en plus. Depuis l’ouverture de la page le 18 mars, elles confectionnent bénévolement des masques – et maintenant des blouses – notamment pour le personnel soignant, mais aussi pour ceux qui en ont le plus besoin, avec les membres du groupe. Sur tout le territoire métropolitain. « On fait attention d’aller chercher les recommandations des professionnels de la santé et d’organismes qui produisent des masques homologués », insiste Sidonie Groignet, une des administratrices sûr-motivées. Le dernier patron, le plus abouti, reprend les recommandations du CHU de Grenoble.
« L’idée est que tout le monde puisse faire des masques. On utilise des mots simples et on est hyper pédagogues », assure la comédienne et styliste. Pour s’y mettre, rien de plus simple :
« Si tu sais faire un point avant et un point arrière – si non, on a le temps de regarder des tutos YouTube en ce moment, rien de plus simple – alors c’est bon. Une aiguille, du fil, du coton, de la bonne humeur et c’est parti ! »
Nul besoin de machine à coudre promet-elle. Des draps de récup’ sont parfaits. Et il suffit ensuite de suivre le tuto – dont on vous met le lien ici, disponible en rejoignant le groupe Mask Attack.
Recommandations
Il est déconseillé de se servir de pochettes plastiques pour réaliser son masque. « J’en ai vu », soupire Sidonie. Tout comme d’utiliser des soutien-gorges rembourrés. Ou du feutre. Ces matériaux ne permettent pas de respirer correctement et sont dangereux. Il vous faut un tissu 100% coton. D’abord, parce qu’il se lave à 60 degrés sans s’abîmer. Ensuite, parce que c’est le plus efficace, comme l’explique Sophie, The French Radiologist :
« C’est comme un filet de pêche. Le virus est minuscule, comme des petits poissons. Plus les mailles du tissu sont larges, plus le virus peut y passer. À défaut de masques chirurgicaux, dont les mailles sont très serrées, le coton est le plus efficace. »
Comment savoir si votre tissu est 100% coton ? « Placez-vous avec précaution au-dessus de votre évier. Avec une allumette, vous brûlez un morceau du tissu. Si elle se “réduit en cendres” c’est bien du coton. Si elle s’entortille sur elle-même, c’est que c’est du synthétique », explique un tuto de Mask Attack.
Dernière petite précision, le masque est une barrière utile, mais pas suffisante. Encore moins quand il est fait do it yourself. Certains masques chirurgicaux protègent du virus. Les masques en coton permettent de ne pas contaminer les gens que vous croisez. « Mais si tout le monde en porte, personne n’est contaminé », répète Sophie, qui insiste sur le fait de bien porter son masque : sur le nez et sur la bouche. Et lorsque vous le portez, il ne faut pas l’enlever ou le tripoter. Une fois que vous l’avez utilisé, il faut le laver à 60 degrés avant de le réutiliser !
Sidonie et l’équipe de Mask Attack manquent de couturières et de coton. Alors si vous avez, par exemple, des draps que vous pouvez donner, ils en feront des masques et des blouses pour les soignants ! Vous pouvez faire vos dons en les contactant sur Mask Attack
Encore un énorme merci à Camille, qui a fait des masques pour la rédaction de StreetPress, pour repartir en reportage !
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