Quelle est la situation de l’IVG en France presque 10 après la loi du 4 juillet 2001 ?
Il y a d’un coté la loi et de l’autre coté sa non application. On voit apparaitre une idéologie naissante qui culpabilise à nouveau les femmes. Mais les associations essaient de faire bouger les mentalités pour que les droits des femmes à décider de leur vie et de leur grossesse soit respectés.
Sur le terrain, comment les moyens ont évolué ?
Ils sont en régression et c’est officiel ! Dans son rapport, l’Inspection Général des Affaires Sociales (IGAS) reconnaît la diminution du nombre de centres, la difficulté à les faire fonctionner et les difficultés des femmes à accéder à leurs demandes.
Qu’attendez-vous de la part de M. Fillon auprès duquel vous avez posé un recours ?
Nous attendons forcément une réponse positive ! En sachant que si nous n’avons pas de réponses dans le courant du mois, nous passerons à une autre démarche sur le plan juridique.
Pourquoi avoir choisi d’interpeller le premier ministre et pas directement le ministre de la Santé, a priori plus concerné par le problème ?
Nous nous sommes déjà largement adressés à de multiples occasions au ministre de la Santé. Nous avons demandé un rendez vous à monsieur Bertrand dès sa nomination. Pour le moment, il ne nous a pas répondu. En sachant qu’il n’y a pas que le ministère de la Santé qui soit concerné puisque le ministère de l’Éducation Nationale l’est également. C’est pour cela que nous avons fait cet appel général au gouvernement.
L’éducation devait être au cœur de la loi: comment les jeunes perçoivent-ils aujourd’hui le droit à l’IVG ?
On a le sentiment qu’un certain nombre de jeunes ne se rendent pas compte de son importance. Ce droit n’incite pas à avorter, simplement il autorise les femmes à choisir, à un moment donné, d’interrompre leur grossesse si elles n’en veulent pas. Je crois qu’un certain nombre de jeunes femmes ne réalisent pas les difficultés auxquelles elles peuvent être confrontées tant qu’elles ne sont pas face à ce problème. Les jeunes pensent que ce droit est acquis et sont étonnés des difficultés qu’ils rencontrent dans l’application de ce droit.
Cette situation est-elle similaire chez nos voisins européens ?
C’est variable. Dans certains pays, l’avortement a toujours été interdit comme en Irlande ou à Malte. Dans d’autres comme en Pologne, c’était autorisé mais plus maintenant. Dans certains pays comme en Hollande, ça se passe dans de bonnes conditions. En Angleterre, le gouvernement a revoté sa loi pour l’IVG il n’y a pas très longtemps. C’est une loi progressiste à cent lieux de celle appliquée en France. L’Espagne vient de se doter d’une loi qui est en cours d’évaluation. Il y a beaucoup de pays où ça bouge mais dans d’autres comme en Italie, ça régresse.
La loi du 4 Juillet 2001
La loi apporte des aménagements aux conditions de recours à l’IVG. Par exemple pour les mineures, ellesupprime l’autorisation préalable des parents pour l’avortement. Elle fait entrer en vigueur l’allongement du délai de grossesse de 10 à 12 semaines permettant un recours plus long à l’IVG. Les médecins des villes peuvent dorénavant pratiquer l’IVG médicamenteuse dans leurs cabinets s’ils ont passé une convention avec un service hospitalier public. Les chefs de services de gynécologie-obstétrique sont tenus d’appliquer la loi et d’organiser la pratique de l’IVG. Enfin l’éducation nationale doit assumer « une information et une éducation à la sexualité dans les écoles à raison d’au moins trois mois annuelles par groupes d’âges homogènes ».
La loi a été considérée comme une avancée considérable pour la reconnaissance du droit des femmes à disposer de leurs corps,.
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