La plainte d’Ali a fait du bruit. Le 10 janvier, nous publions le témoignage de ce sans-papiers soudanais qui accuse la police de lui avoir fait subir une « véritable séance de torture » lors de sa tentative d’expulsion. Le jeune homme décrivait par le menu ces longues heures au cours desquelles les policiers l’auraient frappé. D’abord au centre de rétention administrative (CRA) de Oissel (76), puis à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle où il attendait l’avion chargé de le renvoyer à Khartoum :
« Je suis choqué du comportement particulièrement violent de la police aux frontières à l’aéroport. »
L’affaire du jeune homme avance. « Des investigations sont en cours », indique le procureur de Rouen, contacté par 76 Actu, dans un article publié jeudi 17 janvier. Ces dernières porteraient uniquement sur les violences qu’auraient commises les policiers du centre de rétention de Oissel. Son cas a ému d’autres retenus qui ont décidé de se lancer dans une « grève de la faim éphémère », le lendemain de la publication de l’article, rapportent nos confrères de 76 actu.
Grève de la faim dans plusieurs centres de rétention français
La plainte d’Ali vient mettre de l’eau sur le feu dans un contexte déjà tendu dans plusieurs centres de rétention administrative français. À Vincennes, au Mesnil-Amelot, à Sète ou à Oissel… plusieurs centaines de retenus ont entamé des grèves de la faim, au cours des semaines précédentes, pour dénoncer leurs conditions de rétention. « Pendant deux jours, c’était massif », se souvient un intervenant de la Cimade au CRA du Mesnil-Amelot (78) :
« Sur les 100 personnes du bâtiment 2, quasiment 70 refusaient de manger. »
Salah, 25 ans, a participé au mouvement dans la plus grande prison pour sans-papiers de France, posée au pied des pistes de l’aéroport Charles-de-Gaulle. « Pendant 4 jours, je n’ai pas mangé », raconte le jeune égyptien qui est sorti depuis quelques jours à peine :
« On a commencé à en parler entre nous. On voulait faire quelque chose. L’un des retenus avait un contact à Vincennes qui nous racontait ce qu’il se passait là-bas. »
« Le pic, ça a été du 3 au 8 janvier », poursuit l’ASSFAM, l’association qui intervient dans ce centre de rétention. Pour Salah, ces mouvements de grève spontanés sont un bon moyen de faire connaître la situation des personnes enfermées en CRA :
« Les gens, s’ils arrivent à faire ça, c’est parfait. Quand les policiers nous voyaient, ils sentaient qu’il se passait quelque chose. »
Les violences policières en ligne de mire
Manque de nourriture, de suivi médical, violences et brimades de la part des policiers… Les doléances des retenus sont nombreuses. Elles sont, en partie, relayées sur le site À bas les CRA, crée par des militants investis dans la défense des droits des sans-papiers. « Les centres de rétention ne sont pas des endroits adaptés au long séjour », ajoute-t-on du côté de l’ASSFAM. D’autant que la durée maximum d’enfermement est récemment passée de 45 à 90 jours :
« Il n’y a pas d’activité, les gens vivent en errance dans le centre en attendant leur avion. »
À Vincennes, comme au Mesnil-Amelot, nombre de retenus dénoncent également le comportement de la police. « Ils se plaignent surtout des mises à l’isolement, notamment sur décision médicale. Récemment un cas les a beaucoup choqués », explique ce même intervenant de la Cimade. À Vincennes, plusieurs plaintes pour des faits de violences policières ont été récemment transmises au bureau du procureur de la République. « Les policiers font des choses illégales », explique de son côté Salah :
« Ils emmenaient des gens par la force. Ils leur scotchaient les bras, les jambes, leur mettaient un casque sur la tête pour les expulser. J’avais peur qu’il m’arrive la même chose. »
Des accusations qui ne datent pas d’hier. En avril 2018, StreetPress rapportait le témoignage de 27 anciens retenus du centre de rétention du Mesnil-Amelot. Tous avaient porté plainte pour des faits de violences policières.
Image d’illustration en une
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